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Chaque semaine, Francis Pisani, à San Francisco, épluche la presse américaine

N’aliénez pas les consommateursParmi les chroniqueurs technologiques les plus en vue de la grande presse américaine, certains prennent position dans la bataille qui déchire Hollywood et…

N’aliénez pas les consommateurs

Parmi les chroniqueurs technologiques les plus en vue de la grande presse américaine, certains prennent position dans la bataille qui déchire Hollywood et la Silicon Valley. Au cour du débat, la demande, formulée par les magnats du cinéma, d’une loi qui obligerait les fabricants à équiper les ordinateurs et autres appareils capables de reproduire de la musique ou des images d’un dispositif interdisant la diffusion d’une ?”uvre sans l’autorisation du producteur. Le 12 mars, c’est Patrick Goldstein, du Los Angeles Times, qui s’en est pris à ses voisins de Beverly Hills. “Votre campagne de lobbying auprès des élus a permis d’attirer l’attention sur votre problème, dit-il. C’est une bonne chose. Mais n’imitez pas les industriels du disque. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient, mais il n’y a pas de technologie dont un étudiant de Stanford ne puisse venir à bout en un week-end. Et leurs attaques juridi- ques ont en outre dressé contre eux les médias et les consommateurs. Les nouvelles technologies font peur au premier abord, mais elles offrent le plus souvent de nouvelles opportunités commerciales qui sont à portée de la main de celui qui fait l’effort voulu.”LOS ANGELES TIMES, quotidien, 12/03/02 ” A Music Lesson on Piracy for Hollywood “

www.latimes.com

Le modèle “shareware”

Rob Pegoraro du Washington Post propose aux tycoons de la musique et du cinéma de s’inspirer de l’histoire et des expériences du shareware en informatique. Son idée est de permettre aux usagers d’essayer un programme avant de l’acheter. Bien sûr, la tentation est forte, ensuite, de ne pas envoyer de chèque. Mais des solutions technologiques pour rendre la vie infernale aux mauvais payeurs existent. “Elles ne rendent pas la piraterie impossible mais elles la ralentissent”, écrit le journaliste. Il y a des leçons à tirer de l’expérience des développeurs et petites entreprises, qui ont recours au logiciel contributif pour financer leurs activités. La première est que le modèle survit. Cela est dû à plusieurs facteurs, parmi lesquels on retiendra la relation à l’utilisateur, traité comme un client et non comme un criminel (souvent en pratiquant des prix très bas). Ces développeurs tentent aussi de rendre l’achat très simple : “Plus il est facile d’acheter votre produit, moins il y a de piraterie”, dit l’un d’eux.THE WASHINGTON POST, quotidien, 17/03/02 ” From the Shareware Industry, Lessons on Keeping Downloaders Honest “

www.washingtonpost.com

L’avenir de la musique : le choix

Kevin Kelly, gourou de la cyberculture, ancien des temps héroïques de la revue Wired, offre la vision la plus profonde du problème des producteurs de films et de disques, en le situant dans un contexte historique. “L’invention du piano, il y a trois cents ans, dit-il, a fait du clavier le centre de la musique occidentale. Puis l’électricité a permis la reproduction des ?”uvres et l’amplification des instruments. Ces technologies ont transformé la musique alors que les consommateurs se sont mis, pour l’essentiel, à écouter des copies, élément principal de la culture de masse.” La digitalisation entraîne une accélération du phénomène. En 10 mois, 70 millions de copies de Morpheus, programme d’échange de musique en ligne ont été téléchargées. Mais ceux qui croient que l’attrait pour Napster et ses successeurs tient à leur gratuité se trompent. Ce qui intéresse les amateurs c’est de jouer avec les morceaux qu’ils téléchargent, de les mixer, de composer leurs arrangements. Un peu comme l’appareil photo bon marché a transformé la photographie en moyen d’expression populaire. “Le futur de la musique est simple : plus de choix”, écrit Kelly.THE NEW YORK TIMES, quotidien,17/03/02 ” Where Music Will Be Coming From “

www.nytimes.com

Ne punissez pas les consommateurs

Même le Wall Street Journal semble adopter la cause de ceux qui téléchargent films et morceaux de musique sur la toile. “Attention, dit Thomas Weber, un chroniqueur vedette du journal, à ces messieurs de Hollywood, vous risquez de vous faire “napsteriser”. Et vous ne pourrez vous en prendre quà vous-mêmes. Au lieu de vous battre pour imposer des technologies qui ne seront jamais totalement fiables, vous devriez chercher à savoir ce que les consommateurs veulent et le leur offrir.” Pour cela, Hollywood devra renoncer à ses rêves de contrôle total sur le contenu. Une bonne stratégie implique plus de carottes et moins de bâtons. On ne peut pas punir les consommateurs longtemps. Le plus dur étant de réviser sans cesse les “business models” auxquels on est habitué.THE WALL STREET JOURNAL, quotidien, 18/03/02 ” Hollywood Should Use Technology To Creatively Solve License Fight “

www.wsj.com

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La rédaction