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Changeons enfin d’état d’esprit, restons confiants

Depuis deux ans, nombre d’économistes et de statisticiens dans le monde cherchent à savoir ce que représente concrètement la nouvelle économie. Pour ce faire, la méthode…

Depuis deux ans, nombre d’économistes et de statisticiens dans le monde cherchent à savoir ce que représente concrètement la nouvelle économie. Pour ce faire, la méthode a priori la plus adéquate consiste à rechercher la part de la richesse générée par cette économie dans l’ensemble de la valeur ajoutée créée par un État, c’est-à-dire son produit intérieur brut. Selon les calculs les plus répandus, cette part va de 20 % aux États-Unis à 9 % en Europe et 7 % en France. D’autres estimations font état de pourcentages beaucoup plus élevés. Des simulations menées par les économistes de la Réserve fédérale américaine avançaient qu’en 2005, 50 % du PIB américain serait directement ou indirectement lié aux nouvelles technologies de l’information et de la communication [NTIC].Histoire de rappeler que, si la Bourse lui tourne actuellement le dos, la nouvelle économie est bien en train de devenir l’économie. Simplement, nous vivons actuellement dans une phase de ” fertilisation “. Après sa période de boom économique et boursier, la révolution des NTIC connaît désormais sa phase de maturité ou encore de retour au réalisme. Celle-ci se traduit, notamment, par l’échec des projets insuffisamment innovants, mais ne remet aucunement en cause la réussite des autres. Ainsi, bien de constructeurs automobiles, des compagnies d’aviation ou des groupes pharmaceutiques ont disparu au cours du siècle dernier, quand d’autres ont réussi à s’imposer, ces secteurs restant des sources de richesses, d’emplois et de profits.La nouvelle économie est loin d’avoir disparu, voire même d’être en danger. D’ailleurs, au-delà de son poids dans le PIB ou dans la capitalisation boursière de tel ou tel pays, cette révolution est avant tout psychologique. Son carburant réside dans la confiance. C’est grâce à elle que le cycle américain dure depuis onze ans et que la récession a dernièrement été évitée outre-Atlantique. Réciproquement, si 2001 a été si ” mauvais”, c’est que cet état d’esprit favorable a été amoindri dès l’automne 2000 par la hausse des cours du pétrole, le cafouillage des présidentielles américaines et quelques profit warnings [alertes sur bénéfices, ndlr] qui ont rapidement fait tache d’huile. Dans ce cadre, seul un retour de la confiance sortira l’économie mondiale de sa récente léthargie.

Double paradoxe hexagonal

S’il y a un enseignement à tirer de la nouvelle économie américaine, c’est bien celui-là : sans confiance élevée, il ne peut y avoir de croissance forte. Hélas, alors que l’optimisme est une seconde nature outre-Atlantique, il est souvent rejeté en Europe. C’est, en partie, pourquoi, si la révolution internet a apporté environ 7 ans de croissance forte aux États-Unis, elle semble se tarir sur le Vieux Continent, après seulement 2 ans d’existence. L’évolution récente des indices de confiance des ménages et des industriels en France montre d’ailleurs que ce pessimisme chronique est amplement exagéré. Ainsi, alors que les ménages se sont montrés de moins en moins confiants depuis 6 mois, leurs dépenses de consommation sont restées soutenues.De même, les perspectives de production des industriels interrogés par l’Insee n’ont cessé de chuter depuis la fin 2000, mais la production industrielle française a continué de croître : elle est la seule de tous les grands pays développés à afficher un glissement annuel encore positif. Ce double paradoxe reflète la situation économique de l’Hexagone. D’un côté, un climat international difficile, les craintes de perte de pouvoir d’achat, l’annonce de plans de licenciements inquiètent. En revanche, la demande intérieure ?” en particulier la consommation ?” reste soutenue. Les entreprises n’ont d’autre choix que produire davantage. Nous disposons par conséquent de motifs objectifs pour rester confiants et assurer, par là même, le prolongement du cercle vertueux de croissance que nous connaissons depuis trois ans. Il nous reste simplement à changer d’état d’esprit. C’est par là que passera la réussite de la nouvelle économie.
*responsable des études économiques de Natexis Banques Populaires

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Marc Touati*