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C’est dans les vieux chaudrons…

Ils étaient chaleureux et enthousiastes. Sur leurs cartes de visite, il était écrit ” founder “. Ils se reconnaissaient entre eux. Beaucoup sont tombés. Pour ceux…

Ils étaient chaleureux et enthousiastes. Sur leurs cartes de visite, il était écrit ” founder “. Ils se reconnaissaient entre eux. Beaucoup sont tombés. Pour ceux qui restent, la prudence est de mise : les recettes publicitaires ne décollent pas, le commerce électronique non plus. Les clients n’ont pas pris le relais des investisseurs pour financer ceux des sites qui ne sont pas morts. L’ambiance est glaciale…C’est que le temps des gestionnaires va vite arriver. Froids et calculateurs, ayant pour objectif de rentabiliser les opérations, ils vont devoir utiliser les recettes mises en ?”uvre au quotidien dans tous les secteurs de l’industrie ” traditionnelle “.Pour cela, cinq axes de progrès :

1. Éviter, à tout prix, la guerre des prix. À court terme, dans un marché encore en croissance lente, gagner un client de plus ne justifie pas d’y perdre de l’argent, car cet argent ne sera jamais retrouvé. Il n’est pas démontré, en effet, que le marché actuel soit fortement ” price-sensitive ” ni sur l’offre, ni sur les ” à-côtés ” (coût de livraison…). Si le client est prêt à payer le juste prix, pourquoi se battre entre four- nisseurs, au risque de détruire la rentabilité à long terme ?2. Consolider au plus vite. La loi des économies d’échelle s’applique sur une grande partie des coûts opératoires (infrastructure, logistique, front office). Or, presque tous les e-secteurs sont aujourd’hui encore trop fragmentés et il est urgent d’en repenser la ” politique industrielle “. Ces mouvements doivent se faire entre sites ” en bonne santé “, à travers le partage et la mise en ” joint venture ” de pans entiers de l’organisation, tout en gardant des e-enseignes. Pourquoi ne pas utiliser le concept de GIE ?3. Gérer comme une usine. Chaque euro compte. Il faut maintenant utiliser les bonnes vieilles méthodes de gestion, en place dans toutes les usines : plan qualité, axes de progrès, arbres de valeur, roadmaps… et mettre en place les démarches de type ” progrès continu “. Pourquoi ne pas importer ces techniques au c?”ur du management des e-entreprises ?4. Exploiter au maximum les contributions de tous les actifs ” gratuits “. Parier sur les clicks and mortars c’est simplement illustrer le bon vieux mécanisme des subventions croisées. Vont gagner ceux qui sauront assembler rapidement un éco-système beaucoup plus large que ceux observés aujourd’hui et semblable à ceux mis en place dans les secteurs informatiques. Pourquoi ne pas utiliser ce modèle de web business ?5. Explorer de nouvelles approches pour la croissance. La première génération de sites, les ” en ligne “, a calqué son positionnement sur l’économie traditionnelle : les ” libraires en ligne “, les ” banques en ligne “, les ” commerçants en ligne “, etc. La prochaine génération de sites sera fondée sur un marketing plus sophistiqué et visera des segments de clients homogènes, avec un bouquet d’offre cohérent, visant à satisfaire la sphère propre à chacun d’entre nous. Pourquoi ne pas commencer tout de suite à assembler ces bouquets ?
Le management de la nouvelle économie est une cuisine qui reste à créer ! Et si internet en apportera les ingrédients, le XXIe siècle, lui, fournira ses vieux chaudrons.

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Christophe Bédier, directeur associé de McKinsey & Company