Passer au contenu

Ces petits numéros d’appel qui peuvent rapporter gros

Courts, faciles à retenir, ouvrant sur des services vocaux surtaxés… Editeurs et opérateurs en salivent d’avance. Les numéros audiotel à quatre chiffres seront lancés dès le mois d’avril.

Retenez bien ces numéros de téléphone abrégés : 32 14, 32 15 ou 32 55. D’ici avril, vous en entendrez parler partout. Pourtant, derrière ces quatre chiffres se cachent des serveurs vocaux bien classiques, accessibles depuis un mobile ou un poste classique, comme on en trouve plein sur l’Audiotel, à la différence près qu’ils sont plus courts (10 chiffres pour l’Audiotel) et donc plus faciles à retenir.Résultat : depuis trois mois, l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) est submergée de réservations pour cette denrée rare. Principaux demandeurs, les éditeurs de services soucieux d’y implanter des portails vocaux surtaxés (0,34 euro/minute) et d’y générer des centaines de milliers d’euros de bénéfices chaque mois.

Kmobile tire le premier

Première à se lancer, avec un service opérationnel : la start-up Kmobile déjà éditrice de Kiwee.com. Jean-Baptiste Rudelle, son fondateur et CEO, se targue d’avoir “un taux de mémorisation de numéro trois fois supérieur aux autres numéros du marché”.Ouvert depuis quelques semaines, le 32 15 est un portail de services généraliste. On y trouve les résultats des loteries nationales, de courses de chevaux, comme du chat en direct ou des sonneries pour téléphones mobiles. Kmobile prévoit de lourds investissements en marketing ?” jusqu’à 10 millions d’euros ?” pour faire connaître son kiosque. Mais le jeu en vaudrait la chandelle : d’après ses estimations, le 32 15 pourrait générer jusqu’à 4 millions d’euros par mois de chiffre d’affaires, soit 1,5 million d’euros nets.Pour s’imposer, Kiwee devra lutter contre celui qui promet d’être son concurrent direct, la société toulousaine 123 Multimédia, experte en services Audiotel et Minitel, dont le kiosque vocal (32 55) aura une thématique jeune : jeux, sonneries, logos, infos musique (NRJ serait un partenaire naturel) et communautés virtuelles. Olivier Saldana, responsable des relations opérateurs de la société, assure aussi que son numéro est “le plus facile à mémoriser”.

Prosodie investit la météo et le PMU

En face de ces deux acteurs, centrés sur des thématiques très larges, on trouvera aussi deux portails de niche édités par le groupe Prosodie. L’un (32 01), déjà ouvert, est dédié à l’environnement : de la météo à la pollution de l’air, en passant par les indices d’UV. Il est géré par Météo Consult, filiale de Prosodie.Depuis la semaine dernière, de nombreuses publicités ont fleuri dans les gares pour vanter le service. Le second (36 01) sera édité par Geny Courses, autre entité de Prosodie, deuxième fournisseur d’informations hippiques français après le PMU, et contiendra des pronostics et les résultats des courses ainsi qu’un forum interactif. Lancement prévu à la mi-avril.Enfin, face à tous ces éditeurs, on trouve bien sûr des opérateurs télécoms. Chez Bouygues Telecom, on a décidé de concurrencer directement ces acteurs en lançant à la fin du mois d’avril un portail destiné aux jeunes sur le 32 14. Peu disert sur ses objectifs, l’opérateur précise cependant trois axes majeurs : “Des jeux, de l’information et des “goodies” [microprogrammes à télécharger, ndlr].”

Combien ça coute ?

Chez France Télécom, qui a réservé nombre de numéros en 32 XX, l’objectif est de fournir un service aux éditeurs Audiotel hébergés par l’opérateur historique. Ainsi, après le 32 20 (portail vocal gratuit de redirection vers les numéros verts des marques, 20 entreprises présentes pour l’instant), les 32 40 (numéros Azur) et les 32 60/32 70 (numéros Indigo) devraient ouvrir prochainement.Un portail vers tous les numéros Audiotel surtaxés, le 32 23 (à prononcer 3-2-2-3) devrait être lancé en septembre. C’est donc une stratégie de pur service à ses clients ?” et non d’éditeur ?” qu’a engagée France Télécom. Quant à SFR, Jean-Marc Tassetto, DGA de l’opérateur mobile, il affiche “la même démarche d’ouverture sur le kiosque vocal que sur le kiosque SMS”.Seul problème de taille à régler : la tarification. Pour l’instant facturés à la minute, certains kiosques souhaiteraient une taxe fixe, pour chaque appel. “Le mieux serait de pouvoir facturer les services d’information à la minute et les services ponctuels à taux fixe”, précise Jean-Marc Tassetto, qui se dit aussi favorable à l’adoption dune numérotation à cinq chiffres ?” au lieu de quatre ?” pour ces kiosques vocaux, le premier chiffre indiquant la tarification, comme pour le kiosque SMS…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Alain Steinmann