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Cegetel sort renforcé de la tourmente

La crise actuelle des valeurs Internet et télécoms marque le retour aux fondamentaux. Sauf pour Cegetel, qui ne peut que se féliciter de ne s’en être jamais écarté, ainsi que le rappelait Philippe Germond, son p.-d.g., lors de la récente conférence du journal Les Échos.

L’époque de l’argent facile et des valorisations totalement artificielles est aujourd’hui révolue, a expliqué Philippe Germond, p.-d.g. du groupe Cegetel. Les anticipations irrationnelles ont laissé la place aux indicateurs traditionnels de l’efficacité économique et de la bonne gestion, comme le PCF, l’Ebitda, l’Ebit et les dettes.Ce retour aux fondamentaux a redistribué les cartes. Dans les mobiles, le retour à des critères pertinents de valorisation s’est ainsi traduit par une diminution très sensible du niveau de subvention des terminaux et des coûts d’acquisition, et donc, mécaniquement dans un cercle vertueux, par une baisse du taux de churn et par une hausse des marges d’exploitation.Au final, ce rééquilibrage a conduit à un assainissement général. En ce qui nous concerne, il est clairement positif. Au premier trimestre 2001, l’Ebitda de SFR a ainsi presque triplé par rapport à la même période de l’an dernier, alors que son chiffre d’affaires ne s’est accru que d’un peu plus de 25 %.Ce rééquilibrage est également positif pour les clients. Car ce qui compte pour eux, ce n’est pas de changer de mobile tous les ans, mais qu’on leur propose un vrai service après-vente, qu’on reconnaisse leur fidélité et qu’on améliore la couverture et la qualité du réseau.Pour simplifier, je dirai que je préfère être aujourd’hui à ma place de patron de Cegetel qu’à celle de patron de KPN. Nous avons été, nous Vivendi, durement critiqués l’an dernier pour la timidité de nos développements télécoms en Europe. La dimension locale et franco-française de Cegetel a été perçue comme un handicap rédhibitoire pour l’avenir. Mais aujourd’hui, je constate qu’en 2000 l’ensemble Cegetel a multiplié par 2,5 son Ebitda, qui a atteint 1,3 milliard d’euros, crédit fournisseur compris, alors que KPN affiche au même moment un endettement de 23 milliards d’euros.Au moment où d’autres doivent concentrer leur énergie sur les cessions d’actifs, nous pouvons nous engager à fond sur nos deux projets industriels majeurs, liés tous deux à l’arrivée du haut débit : l’UMTS et l’ADSL.Et pourquoi n’avions-nous pas été retenus, il y a un an, pour les licences de boucles locales radio ? Eh bien, c’est tout simplement parce que, fidèles à nos fondamentaux, nous étions restés sérieux. Nous n’avions pas surpromis. Il me semble que, depuis, les faits nous ont donné raison.Pour autant, nous n’en tirons aucune satisfaction particulière. Nous demandons, en revanche, qu’on ne fasse pas payer aux consommateurs et aux opérateurs, qui veulent continuer à investir sur le marché français, le prix de la fuite en avant de certains sur les marchés internationaux. C’est pourtant un peu, me semble-t-il, ce qui se passe aujourd’hui avec le parcours d’obstacles du dégroupage.Pour reprendre la métaphore de Michel Bon comparant France Télécom à un éléphant, aujourd’hui, l’éléphant a pris le maquis et bafoue toutes les règles et, pour l’instant, sans réelles conséquences. Mais qu’on ne s’abuse pas : les querelles du dégroupage ne sont que de simples querelles de boutiquiers. Elles recouvrent des enjeux de société et des enjeux industriels considérables, qui imposent des réponses appropriées.Mais le retour aux fondamentaux, c’est aussi la redécouverte de certaines vérités premières. Je veux parler, notamment, de l’ampleur du défi technologique que nous devons relever pour faire de nos réseaux et de nos terminaux des outils à tout faire, pour passer, en d’autres termes, de l’ère du monoproduit téléphonique et de la tarification à la durée à celle du produit multiusage et des tarifications variables suivant l’usage, au débit pour la data et à la durée pour la voix.Je ne jette pas la pierre aux industriels. Avec le Réseau Santé Social, nous nous étions nous-mêmes déjà heurtés à la difficulté d’intégrer sur des réseaux sécurisés des applications fonctionnant avec l’ensemble des terminaux informatiques et des logiciels du marché. Il nous a fallu un an et demi pour y arriver, mais nous y sommes arrivés. Il en sera de même pour le GPRS et l’UMTS.Il faudra donc s’habituer à plus de franchise sur les rythmes d’intégration des nouvelles technologies. Mais de grâce, surtout pas de catastrophisme déplacé. Les terminaux GPRS ont mis du temps à arriver, mais le service sera bel et bien généralisé au début de l’année prochaine. L’UMTS sera lui aussi en retard par rapport au calendrier initial. Mais ce report n’aura pas de conséquences industrielles.Il n’aura de conséquences financières qu’en raison du paiement par anticipation d’une partie du prix de la licence. Les débuts de la télévision couleur avaient eux aussi été retardés d’un an par rapport aux prévisions initiales et cela n’a pas modifié le sens de l’histoire. Ce qui compte avant tout, c’est la croissance des usages, et fort heureusement pour nous, elle continue d’être réelle.A l’international, non plus, nous n’avons jamais pratiqué la fuite en avant. Ce qui nous ouvrira peut-être demain des opportunités pour nous renforcer dans des conditions raisonnables. Nous avons déjà élargi très sensiblement notre périmètre d’activité en axant nos investissements sur des opérateurs d’ores et déjà rentables comme Maroc Télécom ou assurés d’un retour rapide sur investissement comme au Kenya, par exemple.Notre stratégie télécoms a toujours obéi à des principes de saine gestion. Elle s’intègre également dans la stratégie globale d’un groupe, Vivendi Universal, qui est aujourd’hui le numéro deux mondial de la communication. C’est une stratégie résolument ouverte sur le nouvel univers de diffusion et de transmission de la culture, du divertissement, de l’éducation, qui est en train de se bâtir à partir du web.Dans cet univers, les télécoms ne sont pas à côté, mais bien au c?”ur des enjeux du groupe. Car demain, la diffusion ne sera plus unidimensionnelle. Elle intégrera l’utilisateur lui-même, qui se construira et transmettra à d’autres son propre programme. Elle devra être la plus simple et la plus économique possible pour toucher le plus grand nombre.La maîtrise, même géographiquement limitée, du métier d’opérateur, est incontestablement un atout pour Vivendi Universal. C’est un atout pour les deux plates-formes de diffusion sur Internet que nous avons commencé de construire : Vizzavi, notre grand portail européen, et Duet, notre plate-forme musicale commune avec Sony.Et nous n’en sommes qu’au début. Car demain, après la musique, les jeux, l’éducation, c’est le cinéma et le spectacle sportif qui seront concernés. Le blues, nous l’avons dans nos catalogues, pas dans nos têtes (www.cegetel.fr) (www.vivendi.com).

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Jean-Claude Streicher