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Cegetel ouvre une brèche dans le monopole de France Télécom

Le principal opérateur privé français annonce une offre de téléphonie locale. Il concurrence ainsi le monopole que France Télécom exerce de fait. En parallèle, Cegetel lance sa première offre ADSL, exclusivement destinée aux professionnels.

Cegetel va commercialiser, à compter du 1er mai, une nouvelle offre de communication téléphonique pour tenter d’ébrécher le dernier bastion de France Télécom : les communications locales.Dans un premier temps, Cegetel aura recours à un préfixe à quatre chiffres (3695 en plus des dix chiffres du numéro). Cette manipulation permettra de rediriger automatiquement l’appel vers le réseau de Cegetel, afin qu’il ne soit pas considéré comme un appel local automatiquement pris en charge par le réseau de France Télécom.Dans ce cas de figure, la ligne téléphonique conduisant au domicile de l’abonné est toujours gérée par France Télécom. Les utilisateurs de ce service continueront donc à payer leur abonnement à l’opérateur historique. La manipulation, qui peut sembler fastidieuse, disparaîtra néanmoins à la fin de l’année grâce à la suppression programmée des tris d’appels locaux. Comme pour les appels longue distance, le 7 remplacera alors l’utilisation du préfixe, et simplifiera le service.

Des tarifs avantageux après la troisième minute

Si l’initiative de Cegetel est fortement symbolique, elle n’en sera pas pour autant révolutionnaire en termes de prix. Cegetel proposera ainsi un tarif unique de 11 centimes par minute plus 80 centimes pour la première minute, contre 22 centimes en heure pleine, 12 centimes en heure creuse, et 60 centimes la première minute du côté de France Télécom.En comparaison avec les heures pleines de France Télécom, le service de Cegetel commencera à être avantageux après la troisième minute. En heures creuses, il faudra que la communication dure plus de 21 minutes pour commencer à grappiller quelques centimes sur sa facture ! Et cela, tout en composant un préfixe supplémentaire…Conscient du faible intérêt financier de cette offre, le directeur général de la branche des activités fixes de Cegetel, Olivier Huart, concède que “l’objectif du groupe est moins d’acquérir de nouveaux abonnés que de travailler sur la base de clients existants en rodant nos offres avant le dégroupage de la boucle locale. Cela nous permet d’accoutumer et de fidéliser nos propres clients “, ajoute-t-il.Cegetel revendique ainsi un parc de 1,6 million de lignes fixes chez les particuliers, pour un total de 2,5 millions de lignes. Concrètement, ” Cegetel fera de très petites marges avec ce service “, déclare Olivier Huart (source Reuters), sans pour autant donner de précisions.

Le haut débit réservé aux entreprises

Dans le même temps, Cegetel annonce le lancement de ses premières offres ADSL. Réservées aux entreprises, elles sont déjà disponibles à Paris et dans ses départements limitrophes (92, 93, 94), et seront généralisées aux agglomérations de plus de 50 000 habitants durant l’été 2001.En attendant de pouvoir commercialiser des offres sur son propre réseau (Télécom Développement), Cegetel se contentera des offres TurboDSL de France Télécom. Cependant, l’opérateur privé se donne comme objectif de présenter une offre ADSL dégroupée au dernier trimestre de cette année, dès la mise en ?”uvre effective du dégroupage.Pour son lancement, Cegetel propose une gamme de 5 offres d’accès, allant de 180 Ko à 1,6 Mo, pour un forfait mensuel allant, respectivement, de 2 490 francs ht à 9 400 francs ht.” Notre gamme vise principalement les petites et moyennes entreprises, déclare Olivier Huart. Mais elle nous permettra aussi de mieux répondre aux attentes de nos clients actuels. Entre 40 % et 50 % de nos clients, qui louent des lignes spécialisées, devraient migrer vers des offres ADSL, qui sont de 30 % à 50 % moins cher. “Ainsi, si Cegetel risque de voir son chiffre d’affaires pâtir de ce nouveau service, l’opérateur se dit au final gagnant grâce à des marges plus importantes.En optant pour une technologie haut débit“sûre et solide “, selon les termes d’Olivier Huart, Cegetel fait fi de l’accès par la boucle locale radio. Après avoir échoué dans l’obtention d’une licence nationale, l’opérateur dément fermement les rumeurs d’investissement dans une des deux sociétés détentrices de licences nationales (Fortel et FirstMark France).” Nous misons tout sur le dégroupage “, insiste Olivier Huart. Mais avant cela, les opérateurs alternatifs ont encore quelques litiges à régler avec France Télécom, sous l’égide de l’Autorité de régulation des rélécommunications (lire encadré).

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Frantz Grenier