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Ce Mobile World Congress vous a déçu ? C’est normal, et c’est tant mieux

Amputé de sa star, le salon de Barcelone a moins passionné que les années précédentes. Mais pour de bonnes raisons.

Sans Galaxy S8, Samsung a passé son tour au rayon des annonces de smartphones. Pour assurer le spectacle, Huawei et LG ont dégainé leurs nouveautés. Du côté du P10 comme du G6, aucune idée révolutionnaire, mis à part des options permettant de s’amuser en photo. Pourtant, le G6 est plus convaincant que le G5 et le P10 est encore plus enthousiasmant que le P9. La raison est plutôt simple: dans les deux cas, les fabricants n’ont pas pris de gros risques. Ils ont consolidé leur offre, en montrant leur savoir-faire.

Une évolution plus durable

Dans les deux cas, il y a une leçon à tirer. Chez Huawei, la nouveauté la plus intéressante est aussi la plus discrète: le bouton principal fait désormais office de bouton retour, en jouant sur les niveaux de pression. Un système simple – déjà utilisé par Meizu – mais qui va vous faire gagner quelques secondes chaque jour. Il est d’ailleurs également utilisé par Moto.
Ce pourrait en tout cas être une source d’inspiration potentielle pour Apple, qui se refuse à sacrifier la symétrie parfaite pour une fonction qui manque pourtant à son interface.

Chez LG, on lance la saison des écrans géants. Là encore, l’évolution est loin d’être une révolution. Mais à long-terme, cette optimisation pourrait profiter à l’utilisateur davantage qu’une fonctionnalité inédite. Samsung devrait suivre le même chemin et pourrait faire de ce format la nouvelle référence. Pour l’effet «waouh», on repassera. Mais les deux sud-coréens pourraient faire évoluer notre rapport au smartphone.

Comment continuer à progresser?

Il faut dire que tous les domaines ont été saturés par les progrès, peut-être au point de mettre les fabricants devant un mur. La qualité d’affichage? Les écrans sont en Full HD, 2K, voire 4K. On les imagine mal pousser l’absurdité jusqu’à mettre de la 8K dans un écran de 5,5 pouces – excepté pour un usage en réalité virtuelle. La puissance? N’importe quel (bon) appareil à plus de 250 euros fait tourner n’importe quelle application avec fluidité. L’autonomie? En 10 ans, personne n’a pu nous promettre une endurance de plus de deux jours. Les progrès en la matière sont si lents que la situation devrait perdurer un long moment.

Désormais, deux éléments permettent de se démarquer: le design et la photo. Du côté du design, les goûts sont cycliques. On fait aimer le métal, puis le verre, puis le métal. En photo, on a su stopper cette course aux mégapixels, aussi absurde que celle à la définition d’écran. Aujourd’hui, seule la qualité d’image en basses lumières sépare les bons smartphones des excellents smartphones.

Un travail plus ingrat

Pour vendre de nouveaux appareils, les marques cherchent des alternatives. Elles rendent leurs produits étanches. Elles font disparaître le bouton physique. Elles investissent dans la recharge rapide. Elles font progresser leurs interfaces logicielles. Elles intègrent des assistants virtuels. Elles nous offrent des ralentis à 960 images par seconde. Elles intègrent un scanner d’iris. Parfois, leur vient l’envie de supprimer une prise jack.

Avec de telles idées, on peut bien compatir avec les équipes marketing chargées de créer l’événement. Plus ingrat que celui des premières années, le travail que font Samsung, LG, Sony, Huawei et consorts est peut-être celui qui paiera le plus. Chaque année, certains se noient dans des innovations inutiles. Mais les plus pertinentes restent et inspirent les autres.

Le bon smartphone pour tous

En nous baladant dans les allées du Mobile World Congress, nous avons fait escale chez Archos. Le fabricant nous a présenté un appareil à 130 euros, équipé d’un double capteur photo, d’un connecteur USB Type-C et d’un capteur d’empreintes digitales. Dans une gamme de prix légèrement supérieure, Wiko propose des composants de la même nature. En montant encore en gamme, d’autres comme OnePlus, Honor ou Xiaomi permettent de s’offrir l’excellence à 400 euros.

La «stagnation» des acteurs historiques permet aux «petits» de s’approprier ces améliorations et de les démocratiser. Pour le moment, les quelques marques qui dominent le marché sont assez fortes pour convaincre les plus exigeants de mettre le prix. Mais ce Mobile World Congress sans grande passion ne doit pas faire oublier que grâce à ces itérations, le prix moyen d’un bon smartphone est en train de chuter.

Pour faire parler de soi, il est plus facile de jouer la fibre nostalgique en présentant un ersatz de vieux téléphone, aussi mythique soit-il. Une foule de badauds s’empresseront de vouloir le toucher, oubliant qu’il se trouve dans les rayons de leur hypermarché depuis quinze ans.

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Raphaël GRABLY