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Ce Lilliputien de la gravure qui tient tête aux géants

Dans la Mayenne, le presseur de disques MPO défend son indépendance face aux producteurs EMI, VU et autres Warner. Atouts majeurs : innovation et proximité.

Averton. Au c?”ur de la Mayenne. Au bout d’une longue allée bordée d’arbres, le domaine de la famille de Poix se distingue du paysage. C’est là que se cache une des usines de pressage de disques les plus modernes qui soit, le site principal du groupe MPO. Une entreprise passée, en 50 ans, des disques vinyle à la compilation personnalisable en ligne. Malgré près de 165 millions d’euros de chiffre d’affaires et 3 000 salariés, MPO reste avant tout une histoire de famille.Une histoire qui débute en 1957, quand Monique et Pierre de Poix décident de se lancer dans la production de disques vinyle. Ils installent le premier site des Moulages plastiques de l’Ouest (MPO) dans la cour de la propriété familiale. Des disques souples, 16 puis 33 tours, sortent alors de leur usine. Après le noir vinyle, la cassette audio arrive sur le marché et MPO s’en empare. À la fin des années 1970, des quatre salariés des débuts, l’effectif passe à 250 et, chaque jour, 200 000 disques et 115 000 cassettes audio sortent de l’usine de la famille de Poix.La deuxième naissance de l’entreprise se produit au milieu des années 1980, à l’arrivée de la seconde génération. Les parents prennent ?” un peu ?” de recul et laissent la direction à leurs deux fils, Loïc et Serge. C’est l’époque des CD. Loïc de Poix cherche à obtenir une licence d’un grand groupe. Mais les majors renâclent à partager leur technologie. Qu’à cela ne tienne : l’équipe décide de créer ses propres machines. “C’était un réel pari : pour cela, nous avons investi près de deux fois le chiffre d’affaires de l’entreprise”, relate Loïc de Poix. Et le pdg de témoigner de son admiration pour le banquier qui, à l’époque, leur a fait confiance pour lancer le projet. En décembre 1984, les premiers CD sortent et le succès est immédiat. Du coup, le groupe s’émancipe de l’Hexagone et ouvre une usine à Drumondville, au Canada. Viennent ensuite les filiales espagnole (Madrid, 1990), américaine (Miami), asiatique (Bangkok) et irlandaise… Toujours à la pointe de l’innovation, le groupe se lance dans le Laser Disc et dans le Mini Disc enregistré puis enregistrable. Une belle technologie, mais qui ne connaîtra pas le succès du CD. Suivent le DVD et, bientôt, le DVD enregistrable. Une ligne dédiée à ce dernier support sera mise en route en mai, la capacité de production annuelle du groupe atteignant désormais les 500 millions de disques.

Réactivité record

Jusqu’à présent, le capital est resté aux mains des fondateurs. Le premier presseur indépendant français joue à David contre Goliath, en tenant tête aux grands de l’édition, les Bertelsmann, Warner, EMI, Vivendi Universal… qui contrôlent aussi la production. Et ça marche. “Choisir un presseur français nous évite des transits de marchandises et la structure familiale de MPO rend la société très réactive”, explique François Baillorge, responsable achats chez l’éditeur de jeux Ubisoft. L’équipe dirigeante, resserrée, est prompte à la décision, au changement. Et la petite taille n’empêche pas la modernité : les usines du groupe, où qu’elles soient, n’ont rien à envier aux géants : “Un fait qui rassure : nous pouvons leur confier nos réalisations au plus près de nos clients, partout dans le monde”, confirme François Baillorge.Pour accélérer encore ses processus d’innovation, la société a créé en 2000 un centre de recherche commun avec le Laboratoire d’électronique, de technologie et d’instrumentation de Grenoble (Léti, émanation du Commissariat à l’énergie atomique). MPO et le Léti travaillaient déjà ensemble de façon ponctuelle. “Nous commençons à avoir un portefeuille de brevets consistant”, confie Jean Huet, responsable du développement des procédés.Pour mieux se faire connaître, l’équipe a choisi de développer sa marque propre. En 1996, ses premiers CD enregistrables sont vendus sous la marque Hi-Space. Une marque dont les produits vont rapidement se différencier : après le Carbon CD, imitation vinyle qui a l’avantage de stopper les rayons lumineux, le Gold, recouvert d’or. Et, dans l’usine, des CD de couleurs sont prêts à atteindre et à égayer un marché relativement morne en ce qui concerne le design.Alors que huit machines continuent de tourner pour produire des disques vinyle, l’équipe n’a pas raté le virage d’internet. En mai 2000, MPO rachète les activités B to B de WMI, l’ancien éditeur de Musique-pro.com puis crée une filiale internet, MPO Online. Elle propose des compilations personnalisables en ligne qu’elle peut expédier à domicile. Un service que TF1.fr ou Alapage nont pas hésité à afficher sur leur site.

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Agathe Remoué