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CD protégés : les associations préparent la riposte

Face à la prolifération des CD protégés contre la copie, les associations de défense des consommateurs s’inquiètent. Elles regrettent le manque de transparence des majors et dénoncent une entrave au droit à la copie privée.

Michel Jonasz, Axelle Red, Liane Foly, Björk, Urban Peace… La liste des CD-Audio protégés contre la copie s’allonge. Toute l’industrie du disque a désormais recours au système anticopie développé par la société israélienne Midbar, récemment rachetée par l’américain Macrovision.” Dés l’année prochaine, près de 100 % de notre production seront protégés contre la copie “, annonce Antoine Lamarche, directeur des nouveaux médias d’EMI-Virgin. L’éditeur a été précédé il y a plusieurs mois par Sony et BMG. Et le numéro un du secteur, Universal Music, leur emboîte le pas avec plusieurs CD protégés, dont la dernière compilation de Björk (Greatest hits).Pour les majors, cette campagne est légitime : “C’est une première étape dans notre lutte contre la diffusion illégale de la musique “, clame Antoine Lamarche.

Une entorse au devoir d’information des consommateurs

Malheureusement, ces dispositifs pénalisent également les utilisateurs honnêtes. Alertées par leurs adhérents, les associations de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) et UFC-Que Choisir commencent à s’en inquiéter.” La plupart des maisons de disques ne remplissent pas correctement leur devoir d’information vis-à-vis des consommateurs. Le texte figurant sur les disques et mentionnant le système de protection est à peine lisible. Quant au logo
[conçu par l’IFPI, NDLR] sensé le symboliser, il est incompréhensible “, s’indigne Frédérique Pfrunder, de l’association CLCV.Elle regrette également que les majors n’informent pas clairement les clients sur les restrictions d’usage impliquées par les systèmes de protection : impossibilité d’effectuer une copie du disque, de constituer un juke-box musical sur le disque dur d’un micro-ordinateur, de créer des compilations sur CD, de charger des morceaux de musique dans un baladeur MP3…

Le droit à la copie privée remis en cause

Autre motif d’insatisfaction : les éditeurs continuent à exploiter le dispositif anticopie de Midbar dans sa version CDS200.0.4, dont on sait qu’elle est défaillante. Ainsi, les consommateurs auront la désagréable surprise de constater que leur disque est illisible sur Mac, voire sur le lecteur laser de leur autoradio (appareils de série montés par Renault et Peugeot).La CLCV n’exclut pas une action en justice afin de rappeler les maisons d’édition à leur devoir d’information. “Les consommateurs doivent pouvoir choisir les disques qu’ils achètent en toute connaissance de cause, surtout lorsqu’on les prive de leur droit à la copie privée “, remarque Frédérique Pfrunder.Car c’est bien le fond du problème. Pour les associations de défense du consommateur, les systèmes de protection constituent une restriction au droit à la copie privée, pour lequel à été mis en place une taxe sur les supports vierges (cassettes, CD, certains disques durs).Pour l’instant, les majors se retranchent derrière le fait que la copie des CD-Audio reste possible sur des supports classiques (cassette, Mini Disc). Mais pour combien de temps ? Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, ne vient-il pas de refuser aux éditeurs de jeux le bénéfice de la rémunération au titre de la copie privée, au motif que leurs logiciels sont protégées contre la copie ?

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Stéphane Long