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Catherine Gabay (Medef) :

‘ L’Etat doit lancer un signal fort en nommant, par exemple, un ministre des technologies ‘

La directrice des nouvelles technologies du Medef enjoint les entreprises à renforcer leur niveau d’usage et d’équipement informatique, seul à même d’augmenter la productivité. ‘ Le temps
presse ‘,
insiste-elle.Décision Informatique. Diplômée de Supelec, master en télécommunications, 3e cycle de commerce international. Comment la technicienne que vous êtes est-elle devenue directrice des nouvelles technologies au
Medef ?



Catherine Gabay. Il est vrai que je suis plutôt une technicienne de formation. J’ai commencé à travailler en 1988, pour le compte de l’industrie de l’armement, chez Aérospatiale notamment. Dans le jargon, j’étais une
‘ missilière ‘ spécialisée dans le traitement du signal. Puis, j’ai rejoint France Télécom en tant que chef de projet de la division réseaux. Ce n’est qu’en 1997 que j’ai commencé à travailler à la
direction des relations extérieures de France Télécom. J’ai alors planché sur des aspects réglementaires, pour pouvoir lancer des offres compatibles avec l’ouverture du marché des télécoms. Ces expériences différentes ont intéressé le Medef, qui m’a
fait une proposition en 2001. Contrairement aux idées reçues, le Medef compte 95 % de PME parmi ses 750 000 entreprises adhérentes. Quel regard portez-vous sur leur niveau d’équipement informatique ?


Concrètement, je constate un retard en taux d’équipement par rapport à nos voisins européens ou aux États-Unis. 38 % des entreprises françaises proposent des services en ligne à leurs fournisseurs, contre 65 % en l’Allemagne.
Le chiffre est de 3 % pour le suivi de commandes. Et l’écart se creuse plus qu’il ne se comble, car la mondialisation accélère la tendance. Il est donc urgent de corriger cette situation si nous voulons disposer d’un tissu industriel
performant.Comment expliquez-vous ce retard ?


Les raisons sont multiples. Elles sont tout d’abord culturelles. Les États-Unis ont prouvé que les technologies étaient synonymes de performance économique, alors que les entrepreneurs français en doutent. Par ailleurs, l’investissement
s’avère lourd et la conduite de projets est difficile pour des sociétés dont l’informatique n’est pas le métier. Pour toutes ces raisons, les entreprises françaises ont tendance à développer un penchant technophobe.Avez-vous identifié des recettes susceptibles de sortir les entreprises de l’ornière ?


Certainement. Il est tout d’abord important que l’État lance un signal fort dans leur direction, en nommant, par exemple, un ministre des technologies, comme c’est le cas en Italie. L’État peut également faciliter l’acquisition de
logiciels en favorisant leur amortissement. Enfin, il est important de développer l’assistance à la maîtrise d’ouvrage. Après tout, les chefs d’entreprise, qui plus est dans les PME, ne sont pas informaticiens. N’est-il pas paradoxal d’appeler de vos v?”ux l’aide de l’État, alors que vous représentez un syndicat patronal ?


Pas du tout. Car la part de l’État serait minime par rapport à celle des entreprises. Parallèlement, le Medef encourage en effet l’équipement par filière et par région. Nous soutenons, par exemple, les initiatives privées d’équipement
par filières, eBAT, pour le bâtiment, Acamas, côté mécanique, ou encore Alfa, pour le secteur automobile.Quelle serait, pour vous, l’entreprise idéale ?


Tout simplement une entreprise qui vit en réseau, qui est dotée d’outils d’échange d’informations et qui donc se développe également à l’international.

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Francisco Villacampa