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Capital-risque : retour aux sources

La presse se fait régulièrement l’écho de doléances d’entrepreneurs jugeant les financiers trop influencés par les modes. On leur reproche de brûler aujourd’hui ce qu’ils ont…

La presse se fait régulièrement l’écho de doléances d’entrepreneurs jugeant les financiers trop influencés par les modes. On leur reproche de brûler aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier.Il est vrai que les entrepreneurs ont un talent quasi instinctif pour ” vendre ” leur projet. Lorsque leur force de persuasion rencontre la crainte des investisseurs de rater la prochaine révolution, elle peut, en effet, conduire ces derniers à une politique de diversification abusive. La pression du temps et de l’argent explique aussi en partie les comportements erratiques qui sont reprochés aux professionnels du capital-risque.Le fait de lever de plus en plus d’argent – qui doit être réinvesti de plus en plus rapidement – fausse les repères et ajoute à la confusion entre mode et tendance de fond. Même la pratique du co-investissement, en principe gage d’une étude commune entre gens de métier, a des effets pervers : elle induit des comportements de suiveurs, qui consistent à se fier à l’avis d’un leader.Enfin, n’oublions pas qu’investir à contre-cycle revient à prendre un risque personnel non négligeable pour un gestionnaire de fonds. En réaction aux excès passés, le mot d’ordre du moment pour fuir la tyrannie de la mode est ” retour aux fondamentaux “. Tous les investisseurs connaissent ces quelques règles de base, credo du capital-risque. Ils savent qu’un bon investissement est avant tout un bon projet, construit sur des bases saines. A commencer par un gros marché : investir dans une niche revient à plafonner le potentiel d’un projet, donc sa rentabilité.Ils recherchent des marchés en croissance, solvables, et peu concentrés pour éviter de dépendre d’un nombre réduit d’acteurs. La nouvelle offre doit être unique, industrialisable, et constituer une barrière à l’entrée. C’est sans doute la raison pour laquelle les modèles de services ont du mal à les séduire. Les investisseurs souhaitent aussi que cette offre résolve un problème pour le client ; les améliorations à la marge ne les intéressent pas. Quant aux modèles de revenus, la plupart sont connus ; l’exotisme paie peu en la matière. . .Ils reconnaissent aussi qu’il faut prévoir d’investir suffisamment d’argent pour permettre au projet de franchir des étapes significatives de son développement et tolérer quelques erreurs. Avoir des gros besoins et lever beaucoup d’argent n’est pas un critère à leurs yeux. Faire beaucoup avec ce qui est disponible en est un. Autant il est facile d’enfoncer ces portes ouvertes et de rappeler ces règles, autant leur application est loin d’être évidente. Pour cela, concentrons-nous sur ce que l’on connaît, quitte à passer à côté des ” bonnes affaires “. . . Formons notre propre jugement, indépendamment des études de marché rassurantes. Et surtout, lorsque nous nous engageons, n’ayons pas peur de le faire vraiment. Investissons alors de l’argent et du temps de manière significative. Limitons la diversification. Une personne ne peut pas de façon réaliste apporter de la valeur sur plus de quelques participations en même temps. En outre, la performance globale d’un fonds dépend souvent d’un nombre réduit de projets phares : autant leur donner un certain poids dans le portefeuille.Dans le contexte financier actuel, quelque peu mouvementé, cette tendance vers le retour aux fondamentaux représente sans doute une chance à saisir pour les investisseurs. A moins que certains osent déjà y voir la nouvelle mode du moment ?

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PhG