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CAC 40 : que reste-t-il de nos 7000 points ?

Le retour en grâce de la Bourse et de la nouvelle économie devrait avoir lieu en avril-mai, avec la confirmtion que l’économie américaine n’est pas en récession.

Il y a à peine sept mois, le CAC 40 flirtait avec les 7 000 points ? Mais, depuis, l’indice phare de la place de Paris a perdu plus de 25 %. En fait, le plus ennuyeux ne réside pas tant dans l’ampleur de cette chute que dans sa déconnexion avec la réalité économique française.
En effet, depuis septembre dernier, les statistiques publiées dans notre doux pays n’ont cessé de confirmer que notre croissance avait bien changé de niveau structurel, passant de 1,5 % au début des années 1990 à près de 3 % aujourd’hui. Comment expliquer une telle déconnexion entre nos fondamentaux économiques et nos évolutions boursières ? S’il est toujours facile de trouver des réponses ex post, il peut être utile d’observer que ces dernières portent en leur sein le germe du rebond.Certes, l’une d’entre elles est structurelle et, par là-même, ne devrait pas s’estomper de sitôt. Il s’agit de la part occupée par l’étranger dans les échanges quotidiens effectués sur le CAC 40, en l’occurrence 70 % (dont l’essentiel provient du monde anglo-saxon). Pour y remédier, il faudrait doter la France d’institutions financières puissantes ayant un horizon de placement suffisamment long : des fonds de pension, seuls capables de rendre notre marché boursier moins dépendant des soubresauts du Nasdaq. Un peu moins structurelle, la seconde explication de l’actuelle atonie du CAC 40 réside dans la frilosité des investisseurs et analystes à l’égard de la nouvelle économie en France. Cette attitude est pour le moins surprenante. En effet, il y a encore deux ans, la perspective du rachat d’un groupe étranger de la nouvelle économie par un groupe similaire français paraissait impensable. Aujourd’hui, il s’agit d’une réalité, mais les acteurs boursiers font grise mine. Or, une chose est sûre : seuls les groupes et entreprises qui n’investissent pas, et ne font pas de pari sur l’avenir, sont certains d’échouer. À l’inverse, sanctionner une société solide, qui prend d’ores et déjà de l’avance dans les technologies de demain, n’est pas rationnel et ne peut être durable.Plus globalement, la récente désaffection pour les placements boursiers, notamment dans les secteurs de la nouvelle économie, s’explique aussi par les craintes de récession développées outre-Atlantique : les fonds de pension américains sont inquiets, donc ils ferment les robinets. Cependant, à présent que la Réserve fédérale s’est engagée dans un cycle de fort assouplissement monétaire, que le budget de l’État américain redevient expansionniste et que, in fine, les risques de hard landing s’éloignent, ces mêmes robinets vont progressivement se rouvrir. Et ce d’autant que, pour dynamiser le rendement des portefeuilles, il n’y a guère de placements alternatifs aux investissements boursiers.En conclusion, nous vivons actuellement une vague de pessimisme boursier, après la flambée de la fin 1999 et du début 2000. Selon nous, cette phase est la réciproque de celle qui prévalait il y a un an. À l’époque, la plupart des investisseurs boursiers étaient prêts à acheter tout, à n’importe quel prix. Aujourd’hui, ils ne pensent qu’à vendre. Ainsi, un rééquilibrage devrait rapidement s’observer. Ce retour en grâce de la Bourse et de la nouvelle économie devrait avoir lieu en avril-mai, avec la confirmation statistique que l’économie américaine n’est pas en récession, et que les nouvelles technologies restent un moteur phare de la croissance américaine et, ce faisant, de celle des autres pays développés. Il faut donc s’armer de patience et vivre l’actuelle tempête avec sérénité. La perspective des 7 000 points n’est que différée dans le temps et constitue toujours un objectif valable à l’horizon dun an.

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Marc Touati, Chef économiste de Natexis Banques Populaires