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Câblage hauts débits : l’UTP subit l’assaut de l’alien crosstalk

La normalisation s’intéresse à un nouveau paramètre définissant l’influence des perturbations induites sur un câble par des câbles voisins, dans un même chemin de câbles : l’alien crosstalk. Un mauvais coup pour les performances des câbles non blindés (UTP).

Dans toute transmission, le rapport signal sur bruit est un critère fondamental. Dans un système de câblage, le seul bruit mesuré est la diaphonie générée par chaque paire torsadée du câble : Next (Near end crosstalk) ou Fext (Far end crosstalk). Il s’agit d’un bruit interne au câble. Aucun bruit externe (dû à l’environnement) ne rentre dans la validation d’un système de câblage. Cependant, lorsque des câbles sont adjacents dans un chemin de câbles ou un panneau de brassage, les émissions provenant d’un câble peuvent affecter les paires d’un autre câble. L’alien crosstalk est le paramètre qui tient compte de cette contamination externe. Contrairement au Next, il n’est pas prédictible, et dépend de l’organisation des câbles dans le chemin, et du type de câble employé et de signaux véhiculés.Ce type de perturbation devient de plus en plus préoccupant. Les récentes solutions de défenses de serveurs, basées sur une forte concentration de serveurs interconnectés sur de courtes distances (25 m) et utilisant des protocoles rapides avec une charge permanente, risquent, par exemple, de ne pouvoir atteindre leur rendement maximal à cause d’un mauvais choix de câblage. Et pourtant, les normes seront respectées…

Des résultats sans appel

Une équipe d’IBM ACS, sous la conduite de Jean-Yves Clément et de Patrick Marty, en liaison avec les laboratoires d’IBM La Gaude, a mené une campagne de mesures en laboratoire afin de démontrer l’influence de l’alien crosstalk sur les performances d’un système de câblage non blindé UTP (Unshielded twisted pair).Ces mesures ne peuvent aujourd’hui être effectuées sur une installation existante, du fait de la complexité de l’appareillage nécessaire. En revanche, en laboratoire, un analyseur de réseau peut facilement effectuer une mesure de Next ou d’alien crosstalk. Pour simuler le phénomène sur plusieurs câbles, la solution ?” plus représentative de la réalité et plus simple à mettre en ?”uvre qu’un système utilisant plusieurs générateurs synchronisés ?” est d’injecter un signal incident sur une paire d’un câble lové en plusieurs boucles qui représente la “pollution” de plusieurs câbles adjacents au câble victime.Les mesures comparatives ont été effectuées avec des câbles non blindés UTP de catégorie 6 et avec des câbles blindés SFTP (Shielded foil twisted pair) de même catégorie. Les gabarits appliqués sont ceux de la classe E “permanent link” jusqu’à 200 MHz, ainsi que celui de la catégorie 5E à 100 MHz (Gigabit Ethernet).Les résultats sont sans appel. Si le Next d’un câble UT de catégorie 6, seul, offre une confortable marge par rapport aux différents gabarits, le comportement se dégrade avec 20 m de câbles adjacents : l’alien crosstalk existe bien, et il est deux fois plus perturbateur que le Next ! Avec trois câbles adjacents, l’influence de l’alien crosstalk des deux câbles adjacents sur le câble victime est en dehors du gabarit de la classe E. Avec 4 x 20 m, l’influence des câbles adjacents affecte considérablement le câble victime : le gabarit de la catégorie 5E n’est même plus respecté ! Dans les mêmes conditions, l’alien crosstalk de câbles SFTP ou blindés est inexistant.

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Pierre Dessert