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BT va en justice réclamer la paternité des liens hypertextes

Lundi 11 février débutera le procès engagé par British Telecom contre le fournisseur d’accès américain Prodigy. L’opérateur anglais l’accuse de violer son brevet sur les liens hypertextes.

La société British Telecom (BT) a entamé une procédure judiciaire, devant une cour fédérale américaine, pour tenter de se voir reconnaître la propriété industrielle de ce qui constitue la base du Web, le lien hypertexte.Les audiences préliminaires commenceront, le lundi 11 février, dans le district de White Plains, dans l’Etat de New York, où a été fondé en 1984 la société Prodigy. Premier fournisseur d’accès Internet, Prodigy est désormais détenu par SBC Communications, le deuxième opérateur téléphonique local américain, et compte 3,6 millions de clients.L’opérateur historique britannique accuse Prodigy de violer un brevet sur le lien hypertexte qu’il aurait inventé longtemps avant que n’existe l’Internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Pour BT, ce procès est un test dont le dénouement dira si ce brevet peut se révéler lucratif.En cas de succès, BT a l’intention de poursuivre d’autres fournisseurs d’accès à Internet aux Etats-Unis, la seule juridiction soumise au brevet.” Nous pensons que nous avons le devoir de protéger notre propriété intellectuelle, et nous espérons que les entreprises paieront des royalties en fonction des revenus qu’elles ont pu engranger grâce à l’usage de cette propriété intellectuelle “, a déclaré un porte-parole de BT.Cette affaire décidera au final, s’il est possible que chaque clic sur le Web soit taxé par une seule entreprise, ce qui en fait un des conflits sur les brevets les plus surveillés de l’histoire. Aucun responsable des deux parties, ni BT ni SBC, ne commentera le litige. “ Nous ne faisons pas de commentaires sur une affaire en cours “, a déclaré un porte-parole de SBC pour Prodigy Communications.Depuis que la controverse est devenue publique en 2000, BT a été sous le feu des attaques des programmeurs de logiciels, des développeurs de sites Web et du milieu des affaires de la ” nouvelle économie “, des communautés traditionnellement opposées aux brevets technologiques de toute sorte.Des critiques font valoir que la notion de lien hypertexte a été inventée bien avant la version de BT dans les années 70 et a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 1989.Certains rappellent que le scientifique Ted Nelson employait déjà le terme ” hypertexte ” en 1963 et l’utilisait dans un livre en 1965. Une vidéo hébergée par le site web de l’université de Stanford confirme leur propos. La séquence montre, en effet, une démonstration de chercheurs en informatique de l’université de Stanford en 1968. Les experts estiment que c’est le premier exemple de lien hypertexte. Si cela était avéré, BT pourrait être débouté.Dans le film, Douglas Engelbart, le père de la souris et figure emblématique de la Silicon Valley, démontre comment en cliquant sur certains mots dans un programme informatique, une nouvelle page de texte apparaît. Engelbart revendique en effet la paternité de l’invention du système de liens hypertextes dans les années 60, connu sous le nom de NLS (oN-Line System).L’ordinateur de ce scientifique a été le second à être connecté à l’Arpanet, projet financé par le département américain de la Défense, l’ancêtre de l’Internet. Tandis que le débat sur le brevet fait grand bruit en dehors du tribunal, dans le milieu technologique, beaucoup de gens s’accordent à dire quen allant en justice pour exiger de se voir reconnaître la propriété de la navigation sur le web, BT fait un gros pari en terme de relations publiques.

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La rédaction avec Reuters