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Bruno Patino (DG du Monde Interactif) : ” lemonde.fr se recentre sur son métier “

Le 22 janvier, toutlemonde.fr a changé de maquette et de nom. Rebaptisé lemonde.fr., le site affirme une plus grande proximité avec son grand frère papier, le Monde. Bruno Patino, directeur général du Monde Interactif, filiale du Monde (et détenue à 34 % par Lagardère), explique les raisons de cette manoeuvre.


01net. : toutlemonde.fr n’a même pas un an. Vous changez de nom pour lemonde.fr et vous transformez radicalement la maquette. Pourquoi ?
Bruno Patino : C’est une évolution stratégique importante. L’an dernier, de nombreux journaux en ligne sont entrés dans une logique de portail. Le Monde n’a pas fait exception à la règle. C’est la raison pour laquelle Le Monde a lancé le portail toutlemonde.fr en avril 2000. Pour être menée à bien, une telle stratégie doit être soutenue par des moyens colossaux. Elle impose également une diversification des métiers qui peut provoquer un éparpillement des forces.Le nouveau site posait d’autre part un problème de cohérence de marques. Aussi, à mon arrivée en juillet dernier, nous avons entamé une réflexion de fond sur la vocation du Monde sur Internet. Le nouveau site en est le fruit.La nouvelle formule de votre site ressemble beaucoup plus au quotidien papier. Pourquoi ? Parce que nous nous recentrons sur notre c?”ur de métier, l’information. Avec toutlemonde.fr, l’internaute se perdait dans les méandres des chaînes thématiques. Sur lemonde.fr, il peut accéder en deux clics à l’information qu’il recherche.Avec la nouvelle maquette, on a le sentiment que vous effectuez un retour en arrière. lemonde.fr, n’est-il pas tout simplement le quotidien papier mis en ligne ? Certainement pas ! Notre maquette se veut avant tout éditoriale. Elle s’appuie sur une marque forte, celle du groupe Le Monde. Stratégiquement, c’est capital : pourquoi essayer à tout prix de créer une nouvelle marque alors que la notoriété du Monde peut nous servir sur Internet ?Mais en quoi les deux publications seront-elles différentes ? Le site repose sur un principe d’actualisation permanente, ce qui ne peut être le cas avec l’édition papier. Nous réaliserons sur le Web trois éditions par jour : une le matin, une le midi, et une le soir. Le quotidien papier n’a qu’une édition. lemonde.fr pourra d’autre part se servir de la richesse éditoriale du Monde pour donner de vrais repères aux lecteurs. Nous mettrons en ligne des dossiers de fond par exemple.Le contenu du monde.fr sera-t-il uniquement nourri par la rédaction du Monde ? Non. Nous avons une rédaction indépendante dans le XIXe arrondissement de Paris et j’ai embauché vingt-cinq nouvelles personnes depuis mon arrivée. Nous sommes près de soixante aujourd’hui. Jamais Le Monde Interactif n’aura eu autant de journalistes et autant de contenu propre. Nous allons d’autre part lancer deux chaînes de services dans les trente jours à venir : une chaîne emploi en partenariat avec Cadremploi, et une chaîne immobilier avec Explorimmo. Nous avons enfin l’intention de lancer une chaîne sur l’univers du livre ainsi qu’une autre sur l’éducation.N’avez-vous cependant pas peur que l’édition en ligne entre en concurrence avec le papier ?Non, au départ, on se demandait si ça n’était pas un peu risqué. Mais je ne crois pas que l’édition en ligne puisse cannibaliser l’édition papier. Les deux médias sont complémentaires. Avec le Monde en ligne, nous donnerons à nos lecteurs l’habitude du savoir-faire du groupe. Ce type de support génère d’autre part son propre mode de consommation : d’après nos études, un lecteur papier passe à peu près 33 minutes sur lemonde.fr. Aux Etats-Unis, un lecteur Web reste de 6 à 7 minutes sur le site d’un journal. Cela n’a donc rien à voir. Quel a été le montant de l’investissement pour ce projet et quels sont vos objectifs pour 2001 ? Nous ne divulguons pas le montant de nos investissements1 et nous calculons essentiellement nos objectifs en fonction de nos concurrents directs : liberation.fr et lesechos.fr. Aujourd’hui, lemonde.fr comptabilise 2,4 millions de visites uniques par mois et près de 13 millions de pages vues, selon l’institut Cybermétrie. Libération a 200 000 visiteurs de moins que nous, alors que Les Echos comptent 3,2 millions de visiteurs par mois. Nous aurons atteint nos objectifs si nous réduisons l’écart avec Les Echos, et si Libération reste toujours derrière.1 – Selon le magazine Stratégies, le montant de linvestissement se serait élevé à 25 millions de francs.

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Mélusine Harlé