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Bruno Hareng : plus besoin de solfège, il fait chanter les partitions

Pour épargner aux chanteurs de sa chorale le fastidieux travail de déchiffrage des notes, ce ténor met à leur service des fichiers audio.

A Grenoble, les partitions de la chorale Maluraine s’empoussièrent. Démotivation ? Bien au contraire ! Pour préparer la 9e symphonie de Beethoven ou le Roi David de Honegger, les chanteurs ont désormais accès sur Internet à des fichiers numériques pour apprendre la musique “à l’oreille“. “Chacun doit pouvoir s’exercer à cet instrument de musique simple, et qu’il pratique depuis toujours : sa voix “, explique Bruno Hareng, 35 ans, l’initiateur de cette nouvelle méthode de travail. Ce ténor, chef de produit marketing PC de profession, souffrait, en effet, comme la plupart des autres choristes, de ne pas connaître le solfège. Un handicap qui l’empêchait de déchiffrer les partitions…“Quand j’ai intégré la chorale, il y a sept ans, le chef d’orchestre jouait les notes au piano pour que nous les apprenions, se souvient-il. Et nous ânonnions. Cette belle cacophonie pouvait durer plusieurs mois !” A partir de 1998, Bruno Hareng décide donc de mettre son PC à contribution pour transcrire les partitions papier sous forme de fichiers son Midi. Un standard qui permet de reproduire la quinzaine de caractéristiques que revêt chaque note. “Comme le la de la tonalité du téléphone, le résultat n’est certes pas joli, admet le mélomane. Mais il est juste en hauteur et en durée.” Sa méthode : à l’aide d’un scanner, il numérise la partition, puis applique le logiciel de reconnaissance de notes SharpEye, un shareware. Il transfère ensuite le résultat dans l’éditeur de fichiers Midi NoteWorthy Composer, où sont corrigées les notes mal identifiées. Il adapte alors ce fichier à chaque voix (soprano, alto, ténor ou basse), en ajustant les niveaux sonores, et ajoute, en fond, l’accompagnement instrumental. Il diffuse enfin l’ensemble de ces fichiers sur le site de la chorale ( maluraine.free.fr). Les choristes équipés d’un PC peuvent ainsi s’entraîner seuls chez eux, travailler le rythme, l’harmonie, et apprendre à reconnaître les départs “à l’oreille“. Pour ceux qui ne disposent pas d’un ordinateur, Bruno Hareng convertit encore les fichiers Midi en fichiers audio de type WAV avec le freeware TiMidity. Ce qui lui permet de les graver sur CD. Ainsi, lorsque tous se retrouvent en répétition, le morceau est suffisamment dégrossi. La chorale peut alors entamer beaucoup plus tôt “un vrai travail musical sur les nuances ou sur la prosodie, qui définit la manière de dire le texte en accentuant ou en contractant certaines syllabes “. Un vrai gain en temps et en qualité. Depuis qu’ils utilisent ces fichiers, les choristes chantent deux fois plus longtemps en concert. La fille aînée de Bruno, elle, âgée de sept ans, commence le solfège. Ainsi, elle n’aura pas besoin des fichiers Midi de papa.

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Perrine Vennetier