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Bouygues Telecom, le troisième larron de l’UMTS

Un an après son refus de s’investir dans l’UMTS pour des raisons financières, le troisième opérateur français change d’avis. Il se lance finalement dans la 3G et signe un accord avec le japonais NTT DoCoMo pour utiliser ses licences i-mode sur GSM et GPRS.

“Depuis le début, notre développement dans le téléphone a été bâti sur une politique de démocratisation du mobile, en offrant des prix abordables. Toutes les études que nous avons menées sont formelles. Les clients sont d’accord pour avoir des services, mais ne veulent pas payer un prix excessif. L’UMTS, avec ses coûts de licence et de développement, ne permet pas une telle politique.”

Des prix divisés par huit

En expliquant sa position, le 31 janvier 2001, Martin Bouygues n’excluait pas une autre approche, si les prix des licences baissaient.C’est pourquoi, le 16 mai prochain, le troisième opérateur mobile déposera sa candidature à une licence UMTS, les prix ayant été divisés par huit pour atteindre 619 millions d’euros ?” l’État se réservant une redevance de 1 % sur les revenus générés par le trafic UMTS. Pour financer ces investissements dans la 3G, Bouygues augmentera son capital grâce à un apport de près de 800 millions d’euros de la part de ses actionnaires. L’opération, en infrastructures, coûterait 4 milliards d’euros, un montant très faible au regard des 12 milliards généralement évoqués par les analystes (mais qui intègrent souvent les dépenses de facturation déjà réalisées par Bouygues).Remarquons également que Bouygues vient de racheter la part que détenait Telecom Italia dans son propre capital. Pour ne pas affoler ses actionnaires, la firme prévient qu’elle lancera un emprunt obligataire à sept ans portant sur 750 millions d’euros. Par ailleurs, elle rappelle discrètement qu’elle remboursera le crédit syndiqué de 1997 (2,3 milliards d’euros) entre 2002 et 2006. Martin Bouygues est connu pour être un patron très économe…Au-delà de ces investissements dans la 3G, l’opérateur vient de signer un accord de transfert de technologies avec NTT DoCoMo pour développer l’i-mode sur son réseau déjà existant en GSM-GPRS. Il compte sur les récentes applications de l’i-mode pour développer de nouveaux services payants, sorte d’évolution des offres de services SMS déjà disponibles. Le succès du système au Japon repose sur le principe du kiosque, qui est déjà utilisé pour le Minitel. L’opérateur reverse à chaque site de services partenaire des royalties au prorata des heures de communication générées par sa présence.

L’i-mode en France, début 2003

Keichi Tachikawa, le p.-d.g. de NTT DoCoMo, précise que la France sera le quatrième pays en Europe à adopter l’i-mode : “L’i-mode a déjà été mis en place avec succès par E-Plus en Allemagne au mois de février, et a été lancé le 18 avril par KPN Mobile aux Pays-Bas. Il le sera prochainement en Belgique.” L’arrivée de l’i-mode en France, qui devrait se situer au début de l’année prochaine, permettra à Bouygues d’introduire une palette de nouveaux téléphones et de PDA communicants avec, en particulier, des applications ludiques et de géolocalisation. En attendant, l’ART reste toujours avec une quatrième licence UMTS sur les bras, à moins d’une surprise de dernière minute. Réponse le 16 mai.

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Henri Bessières et Thierry Outrebon