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Bouygues parie sur l’i-mode

Seul opérateur français licencié i-mode, Bouygues Telecom lancera son premier bouquet de services le 15 novembre.Il risque de pâtir de cette exclusivité.

Pour entrer dans la course aux services mobiles multimédias, accélérée par l’arrivée du GPRS, Bouygues Telecom a choisi une arme prête à l’emploi : l’i-mode. Lancé par NTT DoCoMo en 1999, l’i-mode regroupe à la fois une technologie d’Internet mobile et un modèle économique, qui constitue – avec l’image positive qu’il dégage – l’un de ses meilleurs atouts : il fonctionne sur des structures de type kiosque, maintenues par un opérateur mobile, qui centralise la gestion des abonnements, assure la facturation et reverse aux fournisseurs de contenu connectés une partie des revenus.

Un seul terminal compatible

L’i-mode n’en reste pas moins une marque déposée par l’opérateur nippon, qui revend des licences à prix d’or, mais fournit en retour une plate-forme quasiment clés en main. Sept mois ont suffi à Bouygues Telecom – licencié exclusif en France – pour la mettre en oeuvre et constituer un portail fédérant une cinquantaine de fournisseurs de contenu (Météo France, l’AFP, Les Échos, Le Monde, Guide Michelin, etc.). En tant qu’éditeurs de sites i-mode officiels, ils récupéreront 86 % des revenus générés par leurs services payants, tandis que Bouygues Telecom assurera la facturation et l’assistance clientèle de premier niveau. Outre ce bouquet de contenus, l’opérateur fournira à ses abonnés i-mode un service d’e-mails ([email protected]), limité à 1 000 caractères par message et sans pièces jointes dans un premier temps, et des outils de personnalisation (logos, sonneries…). L’abonnement i-mode sera facturé 3 e ht par mois (en plus du forfait de téléphonie mobile), auquel il faut rajouter le ou les abonnements aux contenus payants (entre 0 et 3 e ht par mois suivant l’éditeur), plus quelques centimes par kilo-octet transféré. Un seul terminal compatible, le NEC n21i, est proposé pour environ 100 e ht ; le Toshiba TS21i suivra bientôt.

Pas de contraintes de développement

Pour rejoindre le portail i-mode de Bouygues, il faut montrer patte blanche (pertinence du contenu, pérennité, etc.). Sans exploiter véritablement la marque et le logo, toute entreprise peut néanmoins concevoir un site i-mode indépendant, auquel les abonnés de Bouygues accéderont en saisissant son URL. Le hic, c’est que l’éditeur ne bénéficiera pas du fameux modèle économique, puisqu’il devra gérer lui-même la facturation des services qu’il souhaite monnayer… Aucun système de paiement mobile spécifique à l’i-mode n’est d’ailleurs proposé pour le moment, et le navigateur du NEC n21i ne gère pas HTTPS. Le paiement par audiotel ou sur la version web du site reste donc actuellement la meilleure solution.Le développement de contenu i-mode apparaît, quant à lui, comme une simple formalité, grâce au format utilisé (une déclinaison de cHTML), très proche de HTML 4. Un travail qui peut être facilité par des outils de développement et de publication multicanaux, comme Wokup ! Server ou M-Publisher de Zandan. “Une banque membre du portail de Bouygues Telecom a pu développer son service i-mode en deux jours, se félicite Guy-Marc Blanchard, vice-président Europe de Wokup ! C’est l’intégration au portail, et notamment la normalisation des formats d’identification, qui constitue l’étape la plus complexe.” Bouygues Telecom fournira bientôt un outil de développement rapide aux éditeurs ainsi qu’aux entreprises qui souhaitent concevoir des applications i-mode pour leur usage interne. Plus qu’un choix, il s’agit pour Bouygues d’un véritable pari. La nature ” propriétaire ” de l’i-mode l’isole sur le marché, de même que ses futurs abonnés, qui n’auront que peu de terminaux à disposition (le NEC n21i n’est même pas compatible WAP 2).

Le WAP reste un vrai standard

L’opérateur est lui-même victime de ce cloisonnement : ses MMS ne sont pas acceptés par l’i-mode. “Mais l’i-mode nous permet de contrôler les services de bout en bout, en couvrant toute la chaîne de valeurs, y compris les terminaux. Nous collaborons d’ailleurs avec l’allemand E-Plus pour les agréer et faire poids auprès des constructeurs. Les terminaux WAP sont nettement moins contrôlés”, argue Cédric Nicolas, responsable i-mode de Bouygues Telecom. La comparaison entre le WAP et l’i-mode est effectivement inévitable. Bien que le WAP souffre d’une image exécrable, il reste, pour sa part, un vrai standard (NTT DoCoMo fait même partie du WAP Forum). Sa version 2.0 corrige ses défauts ” technologiques ” et en fait un réel concurrent de la composante technologique d’i-mode. Comme la majorité des opérateurs européens, parmi lesquels on trouve Vodaphone, Orange et SFR continuent de l’exploiter pour leurs services mobiles, notamment leurs applications professionnelles, mais en évitant de prononcer son nom (lire encadré)… “L’un des atouts de l’i-mode est de bénéficier d’une bonne image, uniquement marquée par le succès de NTT DoCoMo”

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Julie de Meslon