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Bonjour tristesse

D’accord, je ne suis pas un commentateur politique. Mais ce coup-là, faut que ça sorte. Pour une fois, je ne suis pas énervé du tout, ni…

D’accord, je ne suis pas un commentateur politique. Mais ce coup-là, faut que ça sorte. Pour une fois, je ne suis pas énervé du tout, ni déprimé non plus. Non, non. Je suis simplement triste. Comme un jour de pluie. “La pluie nous rend triste parce qu’elle nous rappelle le temps où nous étions poissons”, dit si bien Ramon Gomez de la Serna. C’est exactement ce que je suis : un poisson gras et mou qui contemple béat le vide du spectacle public. Oui, c’est affligeant de voir le degré zéro de cette campagne présidentielle, passée volontairement à côté du moindre débat. C’est la rançon de la mainmise des soi-disant pros de la com’ sur les politiques : ne dites que des phrases choc mais ne choquez personne, promettez vaguement mais fermement. Au début, c’était plutôt drôle de voir nos principaux candidats se plier à cet exercice de minimalisme intellectuel et de maximalisme d’image : rien dans la tête, tout dans le visage. Puis, rapidement, on s’est fatigué de ces gros yeux ronds, de ces sourcils froncés, de ces zygomatiques bloqués en position arrière, et on s’est intéressé à autre chose. Et, comme par hasard, ce sont les candidats les moins aidés par les gourous de la communication qui ont fait un carton dans les sondages. Marrant, non ! Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que le monde de la high-tech fasse lui aussi partie des oubliés : pas un seul chiffrage précis sur la façon dont on va financer les promesses unanimes de généralisation de l’équipement informatique et d’internet, de grande formation aux technologies et de démocratisation du haut débit. Juste quelques milliards d’euros qu’on vous passe tranquillement sous silence. Rien de précis sur l’avenir de Bull et de France Telecom, rien sur le rôle de la France dans cet univers techno en plein doute. Rien non plus sur les éternelles difficultés d’entreprendre dans un morne Hexagone qui continue de garder ses distances entre le politique et léconomique. Je sens que je vous ai motivé : allez, votez bien !

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La rédaction