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Bobby Chao, président et fondateur de Dragon Ventures : “La Silicon Valley restera le centre du monde high-tech”

Arrivé dans la Silicon Valley il y a 27 ans, le capital-risqueur Bobby Chao est l’un des observateurs privilégiés des transformations engendrées par l’afflux d’ingénieurs chinois,…

Arrivé dans la Silicon Valley il y a 27 ans, le capital-risqueur Bobby Chao est l’un des observateurs privilégiés des transformations engendrées par l’afflux d’ingénieurs chinois, indiens et sud-coréens.On dit souvent que cette influence croissante de l’Asie pourrait faire perdre sa suprématie à la Silicon Valley, et l’on cite en exemple le secteur des outils de conception des puces (EDA, Electronic Design Automation). Qu’en pensez-vous ?Pour moi c’est une blague, en tout cas une peur infondée. La Silicon Valley restera la Silicon Valley. Géographiquement, cette région est au confluent des marchés européens et asiatiques, et elle continue de concentrer à la fois les talents et l’argent. C’est une configuration unique qui ne peut être reproduite, à court terme du moins, ni en Chine ni en Inde malgré ce que voudraient faire croire les géants indiens du logiciel. De toute façon, personne n’a intérêt à ce que la Silicon Valley perde de son influence, et surtout pas les nouveaux marchés asiatiques.Jusqu’ici, l’essentiel de la propriété intellectuelle en informatique et en électronique provenait des États-Unis. Cela va-t-il changer ?Oui et non. Oui, car les nouveaux marchés asiatiques, par leurs tailles et leurs spécificités, conduisent les ingénieurs à élaborer de nouvelles méthodes, à explorer d’autres directions. Et cela se passe partout dans le monde, aussi bien en Chine qu’au Texas ou en Europe. Mais les idées continuent de se concrétiser ici, dans la Silicon Valley. C’est vrai aussi bien pour la nouvelle génération d’outils de conception de puces, les experts mettant au point les méthodes de fabrication, ou les nouveaux algorithmes de communication. Si vous y regardez de plus près, vous verrez qu’à Bangalore, en Inde, les ingénieurs se limitent à la conception de modules, et pour les plus avancés de système sur puces.Mais tout cela n’est-il pas qu’une question de temps ?Je ne le crois pas. À la fin des années quatre-vingt, lorsque la première génération d’ingénieurs taïwanais quittait en masse la Silicon Valley pour aller fonder les grands fabricants en sous-traitance que nous connaissons aujourd’hui, nous avions essayé de monter une équipe de recherche et développement à Taïwan. Après trois ans d’efforts, tout ce que nous avons gagné c’est de renforcer notre centre de recherche et développement, ici, dans la vallée, avec des ingénieurs que nous avions fait venir à grand frais et formés de bout en bout. Ce n’est pas très rentable, même pour Microsoft. De ce que je sais, les ingénieurs chinois qu’embauche à tour de bras la firme de Bill Gates lui coûtent bien plus cher que prévu. En prenant en compte les frais de formation et de déplacement, c’est plus de 70 % du coût d’un ingénieur américain, alors que le salaire moyen d’un ingénieur en Chine ne représente pas beaucoup plusd’un dixième de celui de son homologue dans la Silicon Valley.

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Paul Philippon-Dollet