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Bluetooth : éclosion pour le printemps ?

Plusieurs annonces de produits ont relancé l’espoir de voir se généraliser Bluetooth, norme de liaisons radio sur courtes distances, au moins pour des appareils mobiles, deux autres techniques le concurrençant sérieusement en informatique. Les applications semblent s’orienter vers des solutions vraiment originales.

Attendues depuis longtemps, les liaisons sans fil à courte distance au standard Bluetooth semblent enfin sortir de l’ombre. Depuis 1998, les entreprises réunies dans un SIG (Special Interest Group) comptant aujourd’hui près de deux mille membres, défendent si ardemment leur bébé qu’elles en ont peut-être fait un peu trop.Selon leurs pronostics, Bluetooth aurait déjà dû devenir le premier standard d’interface sans fil, capable de faire communiquer entre eux ordinateurs de bureau, portables, téléphones fixes, mobiles et périphériques en attendant de s’installer dans les chaînes hi-fi ou les téléviseurs.Pourtant, malgré plusieurs annonces au dernier Comdex, Bluetooth n’a pas décollé en 2000. En France, ce retard s’explique puisque la bande de fréquences de Bluetooth (2,45 GHz), dite ISM (Industrial, Scientific and Medical), n’a été officiellement libérée par les militaires que le 1er janvier dernier. Mais, dans la plupart des autres pays, elle l’était déjà depuis longtemps.Les produits, eux, restent rares : le site du HomeRF et Wi-Fi (Wireless Fidelity, alias norme 802.11b). Utilisant la même bande ISM, ces deux systèmes offrent des débits plus importants, respectivement de 1,6 Mbits/s et 11 Mbits/s, contre 1 Mbits/s pour la version 1.0 de Bluetooth. Peut-on pour autant parler d’échec et reléguer Bluetooth dans les poubelles de l’histoire des techniques ? Assurément non. HomeRF s’est bien développé outre-Atlantique mais uniquement pour les réseaux locaux domestiques. D’un coût élevé, Wi-Fi, qui ne peut pas transporter la voix, intéresse plutôt les entreprises, où l’on s’en sert pour raccorder des portables au réseau interne. Côté Bluetooth, un frémissement dans les annonces de produits semble se manifester depuis plusieurs mois.

Un peu moins de fils dans les mobiles

Promoteur initial de cette technologie, le suédois Ericsson vend en France depuis décembre 2000 des oreillettes sans fil associées à un boîtier Bluetooth que l’on fixe sous le mobile (quel qu’il soit, sauf le R380). Si ce dernier contient un modem, ce boîtier pourra aussi servir à relier le mobile à un PC portable pour une connexion Internet. D’après la filiale française, malgré le prix élevé de l’ensemble (2 600 francs), les ventes seraient “cinq fois supérieures aux prévisions”. Mais comme Ericsson ne donne aucun chiffre, cette information reste toute relative. Au deuxième trimestre devrait apparaître un téléphone GPRS doté d’une connexion Bluetooth intégrée, le R520m, une déclinaison du R520.Son concurrent Nokia (qui fait lui aussi partie des cinq fondateurs du SIG Bluetooth) a déjà présenté un module, prochainement distribué en France, pour relier un mobile 6210 à un ordinateur portable. Ce dernier devra bien sûr lui aussi disposer d’une interface Bluetooth. Pour l’instant, aucun modèle n’en intègre, même si des constructeurs en parlent, comme Compaq et IBM. Il faut donc recourir à la PC-Card de Toshiba (environ 1700 francs), le premier périphérique à la norme Bluetooth à avoir vu le jour en novembre dernier en France. Quant à Palm, également membre du SIG, il devrait assez vite annoncer, au moins en option, une interface Bluetooth pour connecter différents périphériques. Et, en août prochain, la société allemande Elsa commercialisera un modem RTC et un adaptateur RNIS à relier au port USB.

Des applications originales

En informatique, la concurrence avec Wi-Fi et HomeRF semble rude pour Bluetooth, d’autant que la version 2.0, très attendue et qui devrait élever son débit jusqu’à celui de Wi-Fi, est encore dans les limbes. La plupart des industriels misent d’ailleurs sur au moins deux chevaux, comme Intel qui s’intéresse à Bluetooth et à Wi-Fi, ou Silicon Wave (fabricant de composants, spécialiste de Bluetooth) qui s’associe à Intersil (producteur de matériels Wi-Fi), pour concevoir une carte répondant aux deux normes.Bluetooth risque bien d’être cantonné à la communication entre appareils mobiles, téléphones cellulaires, PDA ou autres objets du quotidien, ce qui est déjà beaucoup. Les mobiles pourraient l’utiliser plus efficacement que dans les applications actuelles d’Ericsson et de Nokia : un circuit amplificateur suffirait pour transformer le téléphone en un talkie-walkie d’une portée de cent mètres, ce qui permettrait à deux personnes de se parler gratuitement. Histoire de retrouver son conjoint ou sa progéniture dans le dédale d’un supermarché. Dans une automobile, des liaisons radio élimineraient beaucoup de câbles et permettraient une communication entre le véhicule et l’extérieur, par exemple pour le paiement aux péages d’autoroute ou dans les stations-service.Autre application tout assi originale : au mois d’avril prochain devrait apparaître une montre pour enfants. Associée à France Télécom, la start-up Xélia, qui a déjà créé une montre pour enfants de 3 à 5 ans (sans aiguille mais avec des dessins indiquant la période de la journée), veut y intégrer Bluetooth pour la rendre communicante. L’enfant pourrait ainsi appeler ses parents en appuyant sur le cadran de la montre qui émettrait un message vers le récepteur d’un adulte. A terme, la montre pourrait, à la maison, déclencher des appareils électriques, comme une télévision.

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Jean-Luc Goudet