Passer au contenu

Bilan E3 : le jeu des chaises musicales

Retour sur les tendances des trois jours de l’E3 2010 qui ont fait bouger le jeu vidéo. Une édition où chacun a pris le rôle d’un autre…

Nintendo se prend pour Sony, en devenant leader technologique, avec sa 3DS qui défriche la trois-dimensions sans lunettes et affiche une puissance jamais vue dans une console portable. Microsoft fait du Nintendo, en se tournant vers les casual gamers, avec son Natal, devenu Kinect, qui propose pour l’instant un line-up de jeux très « familiaux », pour le moins. Du coup, glissement logique, Sony reprend le flambeau hardcore, abandonné par Microsoft. L’E3 2010 a été un étonnant jeu de chaises musicales.

La crise est passée par là ?

Une édition charnière, marquée par une certaine retenue générale, autant liée à la crise qu’au retour à des valeurs puritaines chez l’Oncle Sam. Les hôtesses de stand étaient chaudement habillées par rapport aux années précédentes, les goodies rares, les vedettes sportives et du showbiz peu nombreuses. Le dispendieux et le clinquant, appelé « bling-bling » sous certaines latitudes, n’avaient pas droit de cité, les éditeurs préférant mettre leur argent dans de très nombreuses bornes de démo et dans des écrans LCD titanesques.

Activision, roi dépensier

L’important n’était plus l’image de marque de l’entreprise mais la mise en avant de ses produits. Seul le roi de ce petit monde, Activision, avec sa soirée spectacle, où des stars de la musique comme Eminem, Usher ou David Guetta se succédaient sur scène pour promouvoir les DJ et Guitar Hero (une bagatelle estimée à plus de 6 millions de dollars, se murmure-t-il), a ignoré cette tendance, bien qu’il soit intéressant de noter que l’éditeur n’avait pas de stand sur le salon, au profit de petites salles verrouillées comme Fort Knox.

Un esprit sain dans un corps sain

Les chaises musicales, c’est avant tout un jeu de mouvement, la grande tendance de l’année. Discret (l’accéléromètre de la 3DS), tape-à-l’œil (le clignotant Move) ou invisible (Kinect), la cinétique est au cœur du débat. Le joueur avachi sur son canapé est une espèce en voie de disparition, la chasse aux calories est ouverte. Tout le marché est d’accord : le jeu vidéo doit sortir, de force si besoin, du cadre de simple divertissement pour devenir un loisir de bien-être corporel. Et tant pis si la tête ne suit pas ! De beaux graphismes, si possible en 3D, feront le reste…

Pourquoi toute cette agitation ?

Un remue-ménage finalement pas si surprenant, si l’on regarde les motivations profondes des trois constructeurs. Nintendo a clairement Apple (l’un des grands absents du salon) dans sa ligne de mire : l’iPod, l’iPhone et l’iPad lui piquent de la clientèle. La 3DS, avec sa technologie unique, fera certainement revenir les brebis égarées tout en assurant une nouvelle suprématie dans le jeu nomade. Pour Sony, il s’agit avant tout de faire vivre un écosystème 3D, composé de téléviseurs, de caméras, de consoles et de périphériques divers.

La PlayStation continue donc son rôle de cheval de Troie, préparant l’invasion de votre salon par l’image 3D, une tendance en pleine forme depuis Avatar. Quant à Microsoft, il lui fallait un second souffle pour attirer de nouveaux consommateurs, le marché hardcore arrivant à saturation. Un jeu de chaises musicales, donc, mais avec assez de chaises pour tout le monde…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Alexandre Maïakovski