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Bfinance flambe mais ignore la Bourse

La plateforme financière n’envisage pas d’en appeler aux marchés, malgré ses perspectives : son chiffre d’affaires devrait avoisiner les 10 millions d’euros.

 Gérer une levée de fonds, c’est déjà très mobilisateur. Préparer une introduction, ce serait encore plus lourd, sans compter les obligations de “reporting” financier, dont s’acquittent les sociétés cotées. Comme la conjoncture boursière est exécrable, et que nos investisseurs ont les moyens d’attendre, j’irai en Bourse le plus tard possible “, confie Marc Mayor, PDG fondateur de Bfinance.La place de marché financière, lancée en février 2000 en France, a pourtant quelques atouts pour séduire les marchés : business model attrayant, place de leader sur un secteur en très forte croissance, résultats prometteurs. Depuis son site, Bfinance diffuse deux types de services auprès de la communauté des directions financières : de l’information professionnelle et de la gestion d’actifs, autour d’une plateforme d’appels d’offres répondant aux besoins de financement et de placement. Les deux branches, éditoriale et transactionnelle, contribuent également au chiffre d’affaires, même si la seconde, rémunérée en commissions sur les transactions, va devenir prépondérante.

Pas de concurrence

Dernier gros contrat, JCDecaux a confié à Bfinance le placement du milliard d’euros récolté lors de son entrée en Bourse. Le site a permis à l’afficheur de consulter simultanément une quarantaine de banques gestionnaires. Il a conclu la transaction après une consultation de quatre jours. Gain de temps, mise en concurrence de fournisseurs sur un terrain opaque par tradition, sous-traitance du volet administratif, l’utilité d’une place de marché apparaît ici lumineuse. La place encaisse une commission, qui va d’un point de base (1 % d’1 %) pour une opération basique à 0,5 % pour les cas plus sophistiqués. Curieusement, cette idée brillante n’a guère suscité de vocations. Si Bfinance a levé sans mal 44 millions d’euros (288,6 millions de francs, auprès de Seat PG, Carlyle et Netspartners), la concurrence tarde à se manifester.” Des sites existent en Europe, mais ils sont spécialisés. Et le marché américain, qui fait la part belle aux émissions boursières, est moitié moindre. Bien sûr, nous aurons des concurrents, mais nous leur adressons un signal très clair : nous avons deux ans et cinquante millions d’euros d’investissement d’avance “, précise Marc Mayor. Pour l’heure, la société évolue à peu près seule en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, soit les deux tiers de l’Europe de la finance d’entreprise, un marché évalué à 7 500 milliards d’euros en volume, les commissions elles-mêmes pesant 421 milliards .” C’est le genre de dossier que l’on placerait en Bourse les yeux fermés, même si le risque est réel “, note un habitué des introductions. Le risque ? Échouer à pousser les grandes entreprises, puis les PME, à bouleverser leur train-train financier. Premier élément de réponse : la société ” double son chiffre tous les trimestres au rythme actuel “, selon son PDG. Elle devrait réaliser 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2001, et entre 8 et 10 millions d’euros en 2002, à l’heure des premiers bénéfices.

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Jean-Michel Cédro