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Bernard Bourigeaud, PDG d’Atos Origin : ” Les profit warning ne sont pas inévitables “

Bernard Bourigeaud se livre au délicat exercice de la prospective. Au menu pour le groupe qu’il dirige : une croissance soutenue, y compris au moyen de…

Bernard Bourigeaud se livre au délicat exercice de la prospective. Au menu pour le groupe qu’il dirige : une croissance soutenue, y compris au moyen de nouvelles acquisitions.Il donne aussi son sentiment sur le dossier Bull.Comment se présente l’année qui s’ouvre ? Je pense qu’elle va être plus difficile que 2001.Qui n’était déjà pas fameuse…Le sentiment général est à la prudence. Je parle ici de l’environnement économique mondial, pas d’Atos Origin.À quel titre Atos Origin est-il épargné par le ralentissement ? D’abord, la moitié à peu près de notre activité, en particulier l’infogérance et les services en ligne, est récurrente. Cette partie-là bénéficie d’une visibilité moyenne d’environ deux ans. Ensuite, 80 % de notre chiffre d’affaires se situe en Europe. Pour schématiser, je dirai que l’Europe du Sud devrait connaître cette année un niveau de progression correct, même s’il sera inférieur à celui de 2001. En revanche, l’Europe du Nord pourrait subir une croissance très plate, voire une sorte de stabilisation. Pour finir, je ne distingue pas la reprise aux États-Unis, mais cette zone ne pèse que 7 % des revenus d’Atos Origin. En termes sectoriels, les services financiers ont toujours de forts besoins, ainsi que quelques industries, comme la pétrochimie. Vos objectifs annuels et vos prévisions seront-ils tenus pour 2002 ?La publication des résultats interviendra le 13 mars. Je peux seulement dire que je suis confiant concernant nos dernières prévisions(*). Vous aurez donc la chance de ne pas avoir à émettre d’avertissement sur vos bénéfices…L’année dernière, nous avons été l’une des seules entreprises à ne pas annoncer de profit warning. Peut-être s’agit-il moins d’une question de chance que d’une affaire de rigueur. La stratégie d’expansion du groupe a largement reposé sur la croissance externe. Avez-vous l’intention de faire une pause dans ce domaine ?Nous avons multiplié le chiffre d’affaires par dix en dix ans. Aujourd’hui, Atos Origin est numéro 3 européen, en forme et en ordre de marche. Je considère qu’il n’est pas indispensable d’être le numéro 1, mais qu’il est impératif d’acquérir des positions significatives sur chacun de nos marchés stratégiques. En Europe, nous tenons ce rang sur deux de nos quatre marchés phares, la France et les Pays-Bas. En Allemagne et en Grande-Bretagne, j’estime que ce n’est pas encore le cas. Ce sont donc nos priorités. Le reste sera affaire d’opportunités.Les grandes fusions n’ont plus la faveur des marchés. Votre mariage avec Origin, votre associé néerlandais, est-il totalement digéré ? Oui, mais cela s’explique. D’abord, nous avons de longue date la culture de la fusion : Axime, Sligos, Marben, notamment, se sont successivement intégrées pour devenir Atos. Origin, ensuite, est un groupe parfaitement complémentaire, en terme de métiers, d’offre de services et de géographie. Je considère d’ailleurs que cette opération, la plus grosse, a finalement été la plus facile. Philips, votre actionnaire de référence, va-t-il réduire sa part ? Philips possède 48 % du capital, détient trois sièges sur huit au conseil, et vote pour 35 % des voix. Sa vocation naturelle est de descendre dans notre capital, mais c’est pour l’heure un très bon partenaire… et un gros client, pesant 18 % du chiffre d’affaires. Comment avez-vous vécu la bulle internet ? Tout cela n’a rien changé à notre stratégie. À la grande époque de la bulle internet et des agences web, beaucoup nous disaient que nous étions trop sérieux, trop traditionnels.En dépit de son envergure, Atos Origin reste discret, voire méconnu. Est-ce une politique délibérée ? Vous avez raison, notre ascension est discrète. Elle l’a toujours été. Et nous dépensons très peu en publicité… sauf lorsqu’il est question de recruter ! Mais, c’est vrai, vous ne verrez jamais Atos Origin sur de grandes affiches pour faire de la promotion. En revanche, nous soignons beaucoup les relations avec les investisseurs, en particulier par le biais d’une direction spécialement dédiée à cet effet. Mais en définitive, ce qui compte, ce sont les résultats du groupe. Les grandes SSII se passionnent pour l’activité de conseil. Pas vous ? Si, mais pas comme elles. Nous privilégions une approche ” conseil métier “. Nos directeurs de comptes ont pour mission de passer beaucoup de temps chez les clients, de se faire à leur approche et de les conseiller efficacement sur leur métier. Nous ne faisons pas de conseil généraliste. C’est à nous de nous adapter aux structures, à l’organigramme du client, et non pas à lui de se fondre dans notre moule. Moi-même, je passe plus de 50 % de mon temps en clientèle. Et le reste dans les différentes ” opérations ” [entités, ndlr] d’Atos.Guy de Panafieu, qui vient d’intégrer Clinvest, assure que vous avez failli racheter Bull il y a deux ans. Vrai ou faux ? Je ne vous dirai rien à ce sujet. Sauf que Bull est une société qui comporte des gens de grande valeur, et que je suis très content de voir un vrai spécialiste du service informatique [Pierre Bonelli, l’ex-patron de Sema Group] arriver à la tête de ce groupe.
(*) Un chiffre d’affaires en hausse de 7 à 8 % en 2002, une marge en hausse à 10 %.

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Propos recueillis par Jean-Michel Cedro et Pierre-Antoine Merlin