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Benoît Chéreau (Canal+) : ‘ Nous allons confier toutes nos activités informatiques à un prestataire unique. ‘

Après d’importants plans sociaux, le groupe Canal+ remet à plat l’organisation de ses systèmes d’information. Et accentue la lutte contre le piratage.

01 Informatique : Pourquoi avez-vous opté pour une externalisation partielle de votre informatique ?Benoît Chéreau : Dans le cadre du plan de recentrage des activités du groupe Canal+ sur son c?”ur de métier, nous avons décidé de confier la reprise du département des opérations informatiques à un prestataire
unique, Atos Origin. Concrètement, ce dernier nous a versé 4 millions d’euros pour acquérir l’ensemble de notre matériel, dont quelque 3 600 PC. Atos Origin a désormais en charge l’infogérance d’exploitation de nos 280 serveurs
et du parc informatique, ainsi que la tierce maintenance applicative autour du système SAP ?” finance, comptabilité et contrôle de gestion.Comment avez-vous organisé les activités technologiques de la chaîne après les restructurations qui ont touché le groupe Canal+ ?Le pôle technologie et systèmes d’information (460 personnes) regroupe trois directions. La direction technique édition est en charge des activités de production, de postproduction et de diffusion des émissions réalisées en
interne. De son côté, la direction technique distribution spécifie les décodeurs et l’interface client, et effectue la compression des signaux que nous envoyons via le satellite à l’ensemble de nos clients ­ qui peuvent ainsi regarder Canal+ et
Canal-Satellite. Enfin, la direction des systèmes d’information réunit quelque 80 collaborateurs après l’externalisation des opérations informatiques. Dans le cadre de cette réorganisation, j’ai nommé un directeur architecture qualité process.
Il lui revient d’avoir une vision informatique de notre organisation ­ par exemple, pour généraliser les mesures de performance.Quel est le budget informatique et technique de Canal+ ?Pour l’année prochaine, il représente 220 millions d’euros, en cumulant les dépenses de personnel, les factures satellite et TDF, les développements techniques, les dépenses informatiques ?” dont le contrat conclu
avec Atos ?”, et les investissements. A titre indicatif, l’enveloppe consacrée aux programmes s’élève à 1 milliard d’euros environ.On a pu interpréter la vente, l’an passé, de Canal+ Technologies, filiale qui développe les programmes pour décodeurs numériques, comme une perte d’autonomie technologique pour le groupe. Quelle est votre analyse ?A l’époque, notre actionnaire Vivendi Universal avait besoin de liquidités. Et la vente à Thomson a alors rapporté 190 millions d’euros. Toutefois, la plupart des autres opérateurs n’ont jamais disposé de leurs propres équipes
dans la technologie des décodeurs, et on ne le leur a jamais reproché. Néanmoins, Canal+ s’est toujours avéré un pionnier dans ce domaine. Aussi n’est-il pas exclu que nous constituions, à terme, une petite équipe interne disposant d’une partie de
ce savoir-faire technologique.Quels sont vos projets en matière de diffusion des programmes sur ADSL ?Nous en sommes au stade des études marketing et techniques. Nous discutons actuellement avec plusieurs opérateurs télécoms, dont France Télécom, en vue de pouvoir proposer nos programmes via leurs réseaux.Où en est le chantier de la numérisation de la production ?Aujourd’hui, nous disposons de 19 chaînes de télévision. D’ici à septembre 2004, nous généraliserons progressivement l’utilisation de serveurs numériques en réseau à tous les flux vidéo : divertissements, films, spots
de publicité… Cela suppose d’adapter les droits afin d’être autorisés à conserver les ?”uvres sous un format numérique. Aujourd’hui, nous devons à chaque fois manipuler des cassettes vidéo. Ce qui requiert une logistique lourde et de
nombreuses opérations de manutention. Idem pour le montage, qui sera alors entièrement numérisé, alors que nous utilisons encore des cassettes et des magnétoscopes. A ce jour, seules les régies des chaînes thématiques comme Ciné Cinéma sont
numérisées. Celles de Canal+ datent de 1991, et certains équipements fonctionnent sous une version de Windows 3.1 ! L’objectif est d’obtenir un réseau de serveurs, où les images circuleraient dans l’entreprise sous forme de fichiers
informatiques, depuis leur acquisition jusqu’à l’archivage après diffusion.Cette numérisation aura-t-elle un effet sur vos équipes ?Il en résultera un gros effort de formation à ces nouvelles technologies et un important gain de productivité. Pour anticiper cette évolution, nous avons embauché depuis un an des personnes en contrat à durée déterminée. Au terme de
leur mission, nous supprimerons ainsi une dizaine de postes grâce au regroupement des équipes et à la suppression des cassettes. Cette nouvelle organisation nous fera gagner des minutes tout au long de la chaîne de production. Au total, nous
prévoyons, jusqu’en 2004, un budget de 20 millions d’euros pour ce chantier de la numérisation.Comment luttez-vous contre le piratage technologique ?Canal+ dispose d’une filiale, CK2, chargée de la veille antipiratage technique et judiciaire. Elle collabore avec les autorités pour débusquer des réseaux de distribution et des concepteurs de systèmes pirates. Elle fait aussi
fermer les sites internet de ces réseaux. En outre, CK2 analyse les forums de discussion sur la Toile, ainsi que les systèmes pirates actuellement en vente sur le marché. La mise en place l’an dernier, partout en Europe et chez CanalSatellite, d’une
nouvelle carte à puce plus sophistiquée s’est avérée payante. En effet, à ce jour, le système reste inviolé. En Italie, par exemple, on a enregistré quasi immédiatement après plusieurs centaines de milliers de nouveaux abonnés à Telepiù. Ce qui
signifie que de nombreux téléspectateurs regardaient auparavant nos programmes sans payer !

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Nicolas Arpagian