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Bébé flûtiste, Dieu et photomaton font les meilleurs films mobiles

Pour la deuxième année, le Mobile Film Festival a primé six films d’une minute réalisés avec un téléphone portable.

C’est un bébé qui joue de la flûte. Il change de pièce, porte un autre instrument à sa bouche mais il joue très bien. Trop bien pour un nourrisson. On le comprend quand arrive la fin de la minute que dure ce film : le bébé ne fait
que s’amuser avec des flûtes. Il ne joue pas, il est (très bien) doublé. Intitulé Le Virtuose, ce court métrage de Camille De Vitry a remporté, le 1er février, le titre de ‘ meilleur
film ‘ au Mobile Film Festival organisé par l’agence Mobile Event. Il s’agissait de la
deuxième édition de cette manifestation, basée sur ce principe : un film d’une minute réalisé avec un téléphone mobile. Pour le reste, chacun fait ce qu’il veut, comme il
veut.Une cinquantaine de courts métrages concouraient, sur cent quarante reçus au total, et six ont été primés, dans des catégories variées : meilleur film, meilleur scénario, meilleure idée originale, meilleur plan séquence, mention
spéciale du jury et prix du public. Les résultats sont inégaux, tout n’est pas parfaitement maîtrisé. Mais c’est justement l’un des enjeux que de réussir à créer une histoire avec un début et une fin en une minute.A cet égard, le film 7h59 de Cyril Jagot, lauréat du meilleur scénario, mérite amplement son titre (maîtrise du montage, rythme, idées visuelles et chute finale) quand d’autres tombent un peu plus à plat
(Les Hirondelles, par exemple). Le meilleur plan séquence a quelque chose d’un peu roublard puisqu’il consiste en une minute de… plan fixe dans un photomaton ! On est loin de Martin Scorsese, mais le film tient
debout. L’idée du plan fixe-plan séquence se trouve aussi dans Deus Ex machina, de Boris Vassallo. Un personnage agenouillé, filmé en plongée, s’adresse à Dieu. Le film a reçu le prix du public. Comme si, inconsciemment ou non,
le public reconnaissait au mobile une certaine omniprésence divine dans sa faculté à vous joindre partout. Et reconnaissait s’y être résigné…

Des films sous licence Creative Commons

Même s’il s’appuie sur l’utilisation d’un produit équipant plus de 80 % de la population, le festival ne s’adresse pas à tout le monde. ‘ L’utilisateur lambda n’aura pas grand-chose à dire, estime
Bruno Smadja, créateur du festival. Les réalisateurs ne sont pas forcément des professionnels, mais au moins des passionnés de l’image, qui maîtrisent la syntaxe du langage vidéo. Dans les films sélectionnés, on retrouve les deux éléments
principaux de ce type de créations qui sont l’écriture de scénario et la direction d’acteur. ‘
Entre les deux éditions, Bruno Smadja a noté des améliorations sur l’écriture et dans les réflexions d’avant tournage (la
préproduction, pourrait-on dire). ‘ Et on sent que les gens ont beaucoup plus conscience qu’ils ont en main une caméra pas comme les autres. ‘Cette année, le festival est sous licence Creative commons. C’est-à-dire que les films sont libres de droits, sous certaines conditions (pas d’utilisation commerciale, obligation de citer l’auteur). Les films, les primés comme les
autres, vont rester un an accessibles en lecture sur Internet ou sur téléphone portable. Sur l’année 2006, Mobile Event a recensé 91 000 téléchargements sur mobile.Le Mobile Film Festival n’est pas le seul événement du genre. En juin, a lieu la troisième édition du
Festival Pocket Films, organisés par le Forum des images à Paris. Mais là, sans contrainte de durée. Depuis l’an dernier, il est ouvert au grand public, et non pas seulement aux
vidéastes, cinéastes et autres plasticiens.

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Arnaud Devillard