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Baromètre Hadopi : le streaming devient la principale source de consommation de biens culturels

La Hadopi a photographié une semaine de consommation de biens et services culturels licites ou illicites. La fin du peer-to-peer approche pour laisser place au streaming.

Alors que l’avenir de la Hadopi est remise en question depuis la publication du rapport Lescure, les équipes de la haute administration continuent leur mission. Elles viennent de réaliser avec OpinionWay la première édition d’un baromètre sur les usages des Français en matière de consommation des biens et services culturels dématérialisés.

En matière de biens culturels, le numérique ne laisse pas la possibilité de prendre des habitudes. Créé à l’époque du peer-to-peer sur PC, l’organisation qui a tant fait polémique a vu passer une génération technologique. Désormais, le téléchargement, légal ou non, est en baisse. Le streaming a pris la suite avec les smartphones et les tablettes.

Un panel de 4740 internautes de 15 et plus a rempli un questionnaire pendant une semaine entre le 26 mars et le 3 avril dernier. Chacun consomme au moins une fois par an en streaming ou en téléchargement de la musique, des films, des séries TV, des livres/BD ou des jeux vidéos. Détail important, ils ont précisé la nature des produits et services consommés qu’ils soient licites ou illicites. (Méthodologie et panel en fin d’article).

 

Le gratuit l’emporte haut la main

L’étude dévoile que 84% des personnes interrogées ont recours au streaming contre 49% qui continuent à télécharger des fichiers. Au cours de la semaine au cours de laquelle 4740 internautes ont été interrogés, 64 308 œuvres ont été consommées en streaming contre 15 578 en téléchargement. Désormais, la consommation à distance est quatre fois supérieure au peer-to-peer.

Pour écouter de la musique, les Français sont 66% à streamer pour 28% de téléchargeurs. Les séries TV sont en seconde place avec 46% pour le streaming contre 18% pour le téléchargement. Les écarts entre streaming et téléchargement pour les films et les livres sont moins marqués avec 30%/20% pour les films et 12%/8% pour les livres-BD.

Qu’il s’agisse de streaming ou de téléchargement, le gratuit l’emporte haut la main par rapport aux accès payant. Dans le premier cas, 68% consomment du streaming gratuit contre 6% qui payent. Pour ces derniers, 13% payent à l’acte et 80% disposent d’un abonnement.

Dans le téléchargement, le gratuit s’impose moins. Il ne représente que 55% de la consommation contre 21% pour le payant. Il est intéressant de noter que 26% des personnes qui utilisent le streaming et 24% de ceux qui téléchargent ne savent pas s’ils payent ou non ce qu’ils consomment. A moins, c’est possible, qu’ils aient préféré ne pas répondre à cette question par crainte d’un piège. Qu’ils soient rassurés pour la prochaine édition de ce baromètre.

Youtube sur-représenté en streaming et en téléchargement

Pour la musique, les deux plateformes de streaming les plus représentées sont Youtube (54%) et Deezer (23%). Le géant américain Spotify arrive à égalité avec Grooveshark.com avec 3% des usages. En téléchargement, c’est encore YouTube qui arrive en tête (25%) et, belle performance, devant iTunes (13%) qui est pourtant considéré comme le leader mondial de cette catégorie. Sachant que la plateforme vidéo de Google n’est pas conçue pour téléchargement légal, ce score semble avoir été réalisé illégalement.

Pour les films, le numéro du streaming reste YouTube avec 18% devant Canal+ (7%). Cette fois encore, on peut avoir un doute sur la légalité des fichiers regardés avec 75% de consommation gratuite pour 8% qui est payante.

Pour les téléchargements, le doute n’est plus permis. Le champion de la catégorie est Torrent411, un site de téléchargement illégal. Le second, Canal+/CanalPlay est cité dans les plateforme de téléchargement dans 5% des réponses à égalité avec Cpasbien, un site évidemment illégal. D’ailleurs, seuls 11% payent contre 71% qui reconnaissent télécharger gratuitement.

Série TV : la “chronologie des média” dessert l’offre légale

Le streaming légal est plutôt bien utilisé pour les séries TV même si des sites illégaux arrivent à s’insérer dans le classement. Après Dpstream qui obtient un score de 14%, viennent M6Replay (13%), Pluzz (13%) et TF1 (12%). La 5e place est tenue par Youtube qui, avec 7%, réalise un score deux fois supérieur à celui des offres de Canal+ à la demande (3%).

Quant au téléchargement de série, les voies illégales ne sont plus une tendance, mais d’une tradition. Les plateformes les plus utilisées sont Uptobox (7%), Cpasbien (6%), Torrent411 (5%), ThePirateBay.se (4%). Cette situation pourrait provenir d’une nouvelle forme de chronologie des médias. Les fans de séries TV ne veulent pas se soumettre aux règles de diffusion légales. Par impatience ou pour plus d’efficacité, ils préfèrent toujours l’offre illégale.

À moins qu’il s’agisse juste de ne pas payer ce que l’on peut avoir « gratuitement ». Dans le streaming, les consommateurs ne sont que 3% à payer contre 76% qui ne payent pas. Pour le téléchargement, 5% déclarent payer pour 75% qui affirment ne pas le faire.

Ces chiffres pourraient être plus importants au regard de ceux qui disent ne pas savoir s’ils payent ou non. Pour le streaming, 21% ne sait pas et pour le téléchargement ils sont 20% à ne pas savoir. A moins qu’ils n’aient osé dire la source de leurs fichiers de peur d’être rattrapé par les agents de la Hadopi.

Les supports physiques ne lâchent pas la barre

Passé ce constat, l’un des points intéressants du baromètre concerne la comparaison entre la consommation de biens physiques face aux biens dématérialisés. Les idées reçues en prennent un coup. Non seulement, les CD, DVD et les livres se maintiennent à près d’un tiers de la consommation, une tendance apparait en leur faveur.

Les internautes sont en moyenne 28% à augmenter leur consommation de produits numériques contre 40% qui la réduisent et 31% qui déclarent utiliser autant qu’avant les produits culturels physiques.

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Pascal Samama