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Avoir 20 ans à Taipei

Le cinéma taïwanais remet la “nouvelle vague” au goût du jour. Après “Et là-bas quelle heure est-il ?”, film de Tsai Ming-Liang, où l’on reconnaît l’influence…

Le cinéma taïwanais remet la “nouvelle vague” au goût du jour. Après “Et là-bas quelle heure est-il ?”, film de Tsai Ming-Liang, où l’on reconnaît l’influence de Truffaut et qui compte Jean-Pierre Léaud dans sa distribution (sur les écrans depuis le 27 septembre, bande annonce sur http://www.diaphana.fr/etlabas/multimedia.html), voici que Hou Hsiao-Hsien, l’autre grande pointure du cinéma taïwanais, propose un “Jules et Jim” des temps modernes, sur fond de musique techno. Vicky a tout juste 20 ans et vit dans un appartement miteux de Taipei avec Hao Hao, post-ado oisif, qui s’adonne à la drogue et s’étourdit de rythmes électroniques. Elle rencontre Jack, homme d’affaires pas très clair qui lui apporte la tendresse qu’Hao Hao, jaloux et brutal à l’envi, ne saura jamais lui donner.Comme Truffaut, Hou Hsia-Hsien raconte l’histoire d’une femme partagée entre deux hommes. Comme Truffaut, il pose sa caméra sur les fragilités de l’adolescence. Mais ici s’arrête la comparaison. Le cinéaste taïwanais propose une esthétique qui lui est propre et s’intéresse à une jeunesse nocturne, dans son mode de vie comme dans ses états d’âme. “C’est une jeunesse qui n’a pas de passé, et peu d’avenir”, explique-t-il dans l’interview donnée lors de la présentation du film à Cannes ( www.festival-cannes.org, cliquer dans Archives, puis O1, puis Films, puis Millenium Mambo et enfin Interview).Autant dire que le film est très largement glauque ! Et pourtant il fascine, éblouit même. Comment est-ce possible ? Hou Hsia-Hsien, qui n’est pas un gamin du cinéma ?” quatre de ses longs métrages, dont celui-ci, étaient en compétition à Cannes : filmographie complète sur www.ocean-films.com?” filme avec une poésie et un charme déconcertants une réalité souvent sordide. Des plans séquences d’un rare brio, des mouvements de caméra qui sont comme des arabesques surréalistes, des gros plans d’une formidable émotion, voilà l’art de Hou Hsia-Hsien. Sur www.ocean-films.com (cliquer sur Millenium Mambo), on peut télécharger un clip du film, qui donne une très juste représentation de l’univers onirique et étourdissant de Millenium Mambo. Un clip, et pas une bande-annonce : la nuance a son importance. La musique, composée par Lim Giong et Yoshihiro Hanno, est “un personnage à part entière du film”, dixit le réalisateur. Le jury de Cannes ne l’a pas oublié : si ce long métrage n’y a reçu aucune “grosse” récompense, l’ingénieur du son a tout de même obtenu un prix de consolation. Le film n’existerait pas sans cette (excellente) techno, entêtante et entêtée à l’image de la jeunesse de Taipei, électrique et froide comme les relations amoureuses chaotiques de Vicky, jouée avec une conviction remarquable par la très belle Shu Qi. Ce top model et actrice taiwanaise, qui s’expose sous toutes les coutures sur internet (on vous laisse chercher les url par vous-mêmes !) illumine le film de son innocence joyeuse, rempart imprenable contre le désespoir qui la fait boire et fumer à l’excès.Le film se termine au Japon : Shu Qi samuse, telle une gamine, dans la blancheur de la neige fraîche. Nouveau départ vers une vie plus saine ?Millenium Mambo sera en salle le 31 octobre

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Sophie Janvier-Godat