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Avignon n’est pas low-tech

Le multimédia s’invite au Festival d’Avignon (www.festival-avignon.com), sur les planches du Festival officiel, le “in” se révélant presque plus innovant que le “off “. Une demi-douzaine…

Le multimédia s’invite au Festival d’Avignon (www.festival-avignon.com), sur les planches du Festival officiel, le “in” se révélant presque plus innovant que le “off “. Une demi-douzaine de spectacles, souvent montés par des metteurs en scène étrangers, intègrent la vidéo et les technologies numériques. Ni par accident ou irrésistible technophilie, mais pour servir un propos subversif, éclater les carcans de la mise en scène et redessiner le rapport au public.Ainsi, le metteur en scène russe Anatoli Vassilev, qui monte Médée-Materiau d’Heiner Müller, fait défiler en continu des images de mer sur un écran vidéo, contrepoint poétique à l’incessante barbarie de Médée.

Le cycle de la vie

De son côté, le chorégraphe slave Joseph Nadj recrée, pour son exposition-spectacle Les Philosophes (détails du dispositif scénique sur www.josefnadj.com, cliquez sur “Spectacles et expositions en tournées” dans “Création et Diffusion”), le cycle de la vie, le spectateur se trouvant successivement confronté à un espace d’exposition (images immobiles), une projection vidéo (la vie se met en branle) et une performance de danseurs (le corps se mue : vraie vie ?). Le Canadien Denis Marleau secoue le spectateur avec son adaptation de la pièce de Maurice Maeterlinck, Les Aveugles, une “fantasmagorie technologique”, selon son expression. Douze non-voyants sont égarés sur une île déserte. Des bruits inquiétants et une nature invisible rendent vite leur existence cauchemardesque. Cauchemar dont le spectateur doit également faire l’expérience : une chambre noire est recréée sur le plateau, des sons circulent dans le public et les acteurs laissent place à des masques lumineux, dupliqués numériquement dans l’espace. Climat insoutenable.“Ces expériences scéniques issues des technologies numériques répondent aux rêves des créateurs d’hier, comme des avant-gardistes du début du siècle, en quête d’une esthétique qui impliquerait tous les sens”, commente le metteur en scène (entretien sur www.festival-avignon.com, cliquez sur “Programme”, puis “Les Aveugles”, puis sur “Documents annexes”). Secouer le public, l’impliquer, c’est aussi le v?”u de Christophe Huysman, un trublion qui veut connecter spectateurs et acteurs de son spectacle-fleuve (9 heures !) Cet homme s’appelle HYC. Avec le vidéaste Jacques André, il a développé un logiciel “Log’HYC”, qui permet de déclencher, en interaction avec le jeu des comédiens, la projection d’images fixes, de textes ou de vidéos. L’affichage de ces éléments permet à ceux qui ont temporairement quitté la salle, de retrouver le fil du spectacle. Dépoussiérés, déstructurés, désynchronisés, théâtre et danse prennent un coup de jeune via le multimédia, qui n’en est qu’à ses prémisses dans les arts vivants, jurent ses partisans. Mais qui ne devrait pas détrôner de si tôt les “grosses machines” du festival : Platonov de Tchekhov et Nobody de Sasha Waltz cette année. Ou le très attendu Minetti de Thomas Bernhard, dans une mise en scène de Claudia Stavisky, avec Michel Bouquet, un vibrant hommage au théâtre, des plus traditionnels celui-là, et au métier d’acteur.

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Sophie Janvier-Godat