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Avec Windows 10 sur ARM, Microsoft  veut transformer votre smartphone en PC

En annonçant un Windows 10 qui tourne sur un processeur ARM et peut faire fonctionner toutes les applications classiques développées depuis 25 ans, Microsoft bouleverse la donne, renforce sa position et, dans le domaine du mobile, joue son va-tout.

C’était une question de temps. Depuis qu’on sait que Microsoft travaille à faire tourner, sous Windows 10, les applications x86 sur puce ARM, la question tenait seulement à la date de l’annonce. Quand le géant de Redmond officialiserait-il que les appareils tournant avec un processeur ARM allaient bénéficier d’une expérience Windows 10 identique à celle connue sur nos PC ? On connaît désormais la réponse. C’était hier, mercredi 7 décembre, lors de la conférence WinHEC, tenue à Shenzhen, en Chine.

Un nouveau concept pour assurer un héritage

Pour l’occasion, Microsoft a inventé une nouvelle appellation, les « PC cellulaires ». Des smartphones ou tablettes qui tournent sous Windows 10 et seront donc capables, dès l’année prochaine, de faire tourner des applications traditionnelles pour PC.

Les équipes de Satya Nadella corrigent ainsi une erreur vieille d’environ quatre ans, quand Microsoft a lancé sa Surface RT avec une version « bridée » de Windows sur ARM. A l’époque, c’était à la fois une sérieuse entorse au couple Wintel et une solution assez confuse. On avait droit à Windows, mais sans les applications traditionnelles qu’on lui connaît depuis des années.

Désormais, grâce à un émulateur x86 intégré dans Windows 10 pour processeur ARM, il sera donc possible d’exécuter des logiciels « anciens ». Cette technologie semble n’avoir que deux limitations. D’abord, seules les instructions 32 bits sont gérées. Les applications compilées pour le 64-bit ne passeront pas… mais ce n’est pas un problème puisque la plupart des applications sont 32-bit. Second souci, Microsoft se voit contraint d’émuler les instructions envoyées au processeur : cela a donc forcément un impact sur les performances. Ainsi un programme exigeant sera plus lent sur les machines ARM. Pour le reste des ressources vitales, comme la mémoire, le stockage ou la partie graphique, tout est pris en charge nativement par le système d’exploitation.

Les avantages de l’ARM

Grâce à un partenariat avec Qualcomm, Windows 10 et la suite de logiciels que vous utilisez sur votre PC vont donc arriver sur les tablettes et les smartphones. Il faudra toutefois qu’ils soient équipés d’une puce Snapdragon 835, pour commencer. Et surprise, ce sera a priori dans des portables et non des tablettes qu’on trouvera tout d’abord ce nouveau couple. Si cela vous donne l’impression que Microsoft part avant tout à l’assaut du marché des Chromebook sous ARM, vous avez sans doute raison…

Mais c’est aussi un moyen d’asseoir davantage sa domination dans le marché de l’entreprise. En effet, ces PC cellulaires seront compatibles avec les mêmes périphériques et applications professionnelles que les ordinateurs classiques.

En fait, pour Microsoft l’enjeu est colossal et revêt de multiple facettes, suffisamment pour que les ingénieurs de Redmond se donnent la peine de faire renaître une version améliorée de Windows RT.

Il y a l’aspect financier tout d’abord. Windows représente toujours 15 milliards de dollars de revenus par an, tandis qu’Office, qui lui est encore intimement lié, compte pour 23 milliards de dollars dans les comptes de Microsoft. Une donnée qu’on ne peut pas méconnaître.

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Microsoft – La Surface RT, de Microsoft.

Bientôt des smartphones transformables en PC

Vient ensuite la question de l’érosion des ventes de PC. En ouvrant son univers aux plates-formes ARM, Microsoft espère sans doute tirer parti de son omniprésence et de sa popularité actuelle.

Ce qui mène aux arguments techniques. Dans cette ère du “post-PC” ou du “PC-Plus” le monde de la high tech a été profondément changé dans ses usages et ses attentes par les smartphones.

A commencer par le besoin d’être connecté facilement et en permanence, en Wi-Fi ou 3G/4G. En ce sens, Microsoft semble miser juste avec les puces ARM. De même, les utilisateurs veulent désormais plus d’autonomie. Et les puces RISC assurent pour le moment de meilleurs résultats en la matière que leurs homologues x86. Au temps pour la longue histoire d’amour du couple Wintel…

Vient enfin l’enjeu stratégique, la recherche du coup de théâtre qui pourrait tout inverser – c’est ce qu’espère en tout cas Satya Nadella. Avec un vrai Windows 10 (accompagné de toutes ses applications), Microsoft renforce considérablement l’intérêt de sa technologie Continuum. Les smartphones qui se transforment en PC quand on leur attache un clavier, une souris et un écran, seront de facto de vrais ordinateurs. Ils permettront tous les usages auxquels nous sommes déjà habitués. 

Encore un peu de patience…

Microsoft n’a pas a priori l’intention de réduire le prix des licences pour les plates-formes ARM, ce qui implique que les portables ARM ne seront pas forcément moins chers. Mais l’arrivée des PC cellulaires pourraient avoir un grand intérêt. Celui de provoquer une nouvelle confrontation dans la guerre larvée entre puces Intel et ARM. L’industrie du PC pourrait en profiter pour se réveiller et proposer de nouveaux designs enthousiasmants.

Comme les rumeurs l’indiquaient, l’émulateur x86 pour ARM ne sera pas prêt à temps pour la prochaine mise à jour Creators (ex-Redstone 2), prévue pour le mois de mars 2017. Il faudra donc attendre Redstone 3, qui devrait arriver à l’automne 2017. Encore un peu de patience, le jeu pourrait en valoir la chandelle.

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Par : Opera

Pierre FONTAINE