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‘ Avec les nouvelles technologies, il y aura toujours un décalage parents-enfants ‘

La secrétaire d’Etat à la Famille veut évaluer les nouveaux dangers des médias pour les enfants. Jacques Henno fournit quelques pistes.

Un rapport sur les ‘ nouveaux dangers des médias ‘ pour les enfants. C’est ce que la secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano, a commandé pour la mi-juin à une commission réunissant
pédopsychiatres, sociologues et ‘ représentants du monde de la radio, de la télévision et d’Internet ‘, selon un communiqué du secrétariat d’Etat. Les pouvoirs publics veulent analyser les conséquences
d’une ‘ consommation excessive ‘ des médias en général, mais s’interrogent explicitement sur les réseaux sociaux.Journaliste indépendant spécialisé dans les nouvelles technologies, Jacques Henno a participé en 2005 à la Conférence de la famille, qui a abouti à l’engagement des FAI de fournir gratuitement des logiciels de contrôle parental. Dans
Les 90 questions que les parents se posent (publié au mois de janvier 2008 aux Editions Télémaque), il s’adresse aux parents, pour leur permettre de veiller aux usages des nouvelles technologies par leurs enfants. Et de ne
pas être (trop) dépassés.01net.com. : Dans votre livre, vous évoquez longuement le problème de l’exposition des mineurs à la pornographie et à la pédophilie sur Internet. Où est la limite entre sensibiliser et faire
peur ?



Jacques Henno. C’est vrai que, lorsque l’on fait la liste de tous les dangers qui guettent les enfants, cela peut effrayer. Mais il ne faut pas imaginer que tout va leur tomber dessus au même moment.


Quand j’interviens dans des conférences, je vois bien que certains parents sont estomaqués par ce que je leur raconte, mais ce n’est pas une raison pour se dépêcher d’aller installer tous les systèmes de filtrage possibles sur
l’ordinateur de la maison. Des enfants qui surfent sur Internet témoignent aussi d’une curiosité. Il ne faut pas brimer cette curiosité, car elle peut leur permettre plus tard de révéler certains de leurs talents.Depuis quelque temps, le gouvernement essaie de sensibiliser les gens à ces dangers. Comment jugez-vous son action ?


Il faudrait éviter de faire peur. Récemment, le secrétariat d’Etat à la Famille a diffusé
ce spot allemand de prévention. Il y a cinq ans, ça pouvait passer. Là, il est un peu violent, un peu caricatural, avec cette idée
que derrière chaque écran il y a un pédophile en puissance.Vous expliquez qu’un des décalages avec les parents vient de ce que désormais les enfants vivent dès leur plus jeune âge avec les ‘ nouvelles ‘ technologies. Est-ce que ce décalage peut un jour être
comblé ?



Il y en aura toujours un, au moins dans l’usage des technologies. Les parents se contentent de les utiliser dans des tâches auxquelles ils sont déjà habitués, notamment au travail. Les adolescents et les enfants, eux, font beaucoup plus
d’expérimentations, essaient beaucoup plus de nouveaux outils, juste pour voir.Vous pointez du doigt l’afflux d’images ouvert par Internet. Quel est le rôle des parents dans ce contexte ?


Avec Internet, nous baignons dans une marée d’images fixes ou vidéo, avec des sites comme Dailymotion et YouTube. Il y a toute une éducation à faire pour expliquer ce qu’est une image, d’où elle vient, qu’elle peut être manipulée. Mais
aucun parent n’y a été préparé. Moi-même, avant d’écrire sur ce thème, je ne savais pas comment en parler à mes enfants.


L’autre problème est celui du ‘ multitasking ‘
[le fait de faire plusieurs choses en même temps, NDLR]. C’est vrai que c’est tellement facile : vous écoutez la radio, regardez la
télévision et, en même temps, vous allez sur Internet consulter vos e-mails… Il faut réapprendre aux enfants à ne pas être connectés en permanence, à ne pas consulter leur webmail tout le temps.Est-ce que cela pose un problème de ‘ cyberdépendance ‘ ?


Pour les spécialistes, comme ceux de l’hôpital Marmottan, à Paris [spécialisé dans le traitement des pratiques addictives, NDLR], la seule cyberdépendance qui existe est celle des adolescents aux jeux vidéo en ligne
massivement multijoueurs. Et il ne faut pas l’exagérer : il y a moins d’adolescents accros à ce type de jeux que d’adultes ! En plus, cette dépendance apparaît dans des familles très typées : un climat de tension (divorce,
séparation), des parents très exigeants sur les résultats scolaires…Une nouvelle loi pour lutter contre le piratage va être votée. Une éducation sur le téléchargement illégal est-elle nécessaire ?


Il est clair qu’il va y avoir de plus en plus de répression du piratage. Mais les parents ne montrent pas forcément l’exemple, quand ils récupèrent des CD gravés avec des copies de logiciels, etc. Sur les téléchargements illégaux, les
parents ont longtemps fait l’autruche.

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Propos recueillis par Arnaud Devillard