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” Avec Caldera, SCO retrouvera un esprit de start-up “

Décision Micro & Réseaux : Doug Michels, PDG de SCO, se déclarait, il y a peu, dans une logique d’acquisitions. Or vous êtes racheté par une…

Décision Micro & Réseaux : Doug Michels, PDG de SCO, se déclarait, il y a peu, dans une logique d’acquisitions. Or vous êtes racheté par une société plus petite que la vôtre et, qui plus est, issue du logiciel libre. Comment expliquez-vous cela ?

Thierry Sainte-Claire Deville : Nous avons, cette année, subi un revers financier considérable, avec un chiffre d’affaires prévisionnel pour l’année fiscale de 130 millions de dollars [146 millions d’euros], contre 230 millions de dollars [258 millions d’euros] l’année précédente et 170 millions de dollars [191 millions d’euros] en 1998. 1999 fut une année sublime pour SCO, en partie grâce à l’effet an 2000, qui a incité nos clients à actualiser leurs systèmes. Au 1er janvier, il ne s’est rien passé. Conséquence, nous avons cessé de vendre, comme la plupart des acteurs du secteur. Nous sommes restés sur cette euphorie de l’année 1999, mais les chiffres n’ont pas suivi. Nous possédons des filiales dans le monde entier, et il faut payer tout le personnel. Je pense que Doug Michels a puisé dans sa caisse personnelle pour payer, mais il en a eu assez. Par ailleurs, nous avons raté le virage Internet. Notre réseau de partenaires n’est pas prêt culturellement à passer aux nouveaux marchés issus du web. De plus, 60 % de nos clients, de petites entreprises, ne sont pas concernés par Internet.
Au sein de SCO, quels seront les changements créés par ce rachat ?

Caldera fera clairement évoluer la culture de SCO, qui consiste à ne pas prendre trop de risques, à ne pas être trop agressif. Il y aura un choc culturel en interne. Ransom Love, PDG de Caldera, est, je crois, un vrai gestionnaire, avec des plans bien précis, ce qui redonnera une impulsion à SCO. Bien entendu, cela se soldera par des restructurations, il faudra mettre en phase les coûts et les revenus. Mais rien n’est définitif, l’acquisition ne sera pas finalisée avant le mois d’octobre. Pour l’instant, on sait que Tarantella Inc. deviendra autonome en septembre, avec une vraie mentalité de start-up. Cette entité devra se trouver de nouveaux marchés car, pour l’heure, les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous. Au deuxième trimestre 2000, la division Tarantella a réalisé 2 millions de dollars [2,24 millions d’euros] de chiffre d’affaires aux États-Unis. En France, ses revenus sont marginaux. Caldera Inc. vendra UnixWare 7, OpenServer 5. 1 et les distributions de Caldera. Je ne sais pas encore ce que va décider la direction, mais il est évident que Caldera aura plus intérêt à privilégier UnixWare, sur lequel il conserve tout le revenu, plutôt qu’OpenServer, sur lequel il doit reverser 55 % du prix des licences à Tarantella. C’est logique.
Quels sont les changements pour les clients de SCO ?

D’un point de vue commercial, ils n’ont pas de raisons d’être inquiets, l’offre de SCO est pérennisée. Nous voulons perturber le moins possible nos clients et notre circuit de distribution, qui reste inchangé. Ce rachat garantit aussi la pérennité d’UnixWare 7, mais promet également le développement d’une gamme de systèmes d’exploitation rapprochant Unix et Linux à moyen terme. La gestion d’UnixWare et d’OpenServer sera assurée par Caldera.
Qu’en est-il de Monterey ?

Rien n’a changé. La première incarnation de Monterey est disponible en bêta sous le nom d’AIX 5L [L pour Linux, Ndlr]. IBM livrera Monterey avec son matériel, mais c’est Caldera qui le commercialisera dans le monde Intel, en particulier pour Compaq. En fait, si SCO est aussi impliqué dans le projet, c’est que le développement d’un Unix pour plate-forme Intel 64 bits, baptisé Gemini 64, a été initié conjointement par SCO et HP, en 1995. Finalement, Gemini 64 a échoué, mais SCO a gardé la propriété des normes définies avec HP et Intel. IBM s’est associé à SCO dans le développement de Monterey pour récupérer ces normes. D’où le partenariat entre SCO et IBM…Le rachat de SCO semble être une bonne chose pour Caldera, qui gagne une clientèle, des logiciels payants et un circuit de distribution mondial. Mais il devra répondre à une question épineuse : comment rentabiliser une entreprise qui ne vend que des systèmes d’exploitation ? SCO, après d’autres, n’y a pas survécu… La question se pose d’ailleurs pour tous les éditeurs de distributions Linux.

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Propos recueillis par RENAUD BONNET et FABRICE FROSSARD