Passer au contenu

Aux USA, le temps c’est de l’argent

Le National Weather Service, énorme machine à prévoir le temps, est utilisé par des millions de télespectateurs et un quart des entreprises américaines.

Le National Weather Service (NWS), l’équivalent américain de Météo France, vient de passer un contrat de 224,4 millions de dollars (230,6 millions d’euros) avec IBM pour la location d’un supercalculateur, qui laissera bientôt loin derrière lui l’actuel système informatique. L’accord conclu par le NWS ?” une branche de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) dépendant du ministère du commerce ?” court sur trois ans. Renouvelable deux fois jusqu’en 2009, il prendra effet en juillet 2003.À cette époque les météorologistes disposeront d’une architecture de 2 752 processeurs qui leur permettra de perfectionner leurs prévisions météo, leurs recherches sur d’éventuelles inondations, les changements de climats et les mouvements de l’océan.

Prévoir à long terme

Au cours des trois premières années, dit-on à la National Weather Service, l’agence disposera d’une puissance cinq fois supérieure à l’actuel système. En 2009, le potentiel sera 48 fois supérieur au vieux modèle des années 2000. Le supercalculateur d’IBM permet, en effet, de réaliser 7000 milliards de calculs par seconde… contre 150 milliards actuellement. De quoi étendre les prévisions météo sur la durée. Aujourd’hui les experts américains se risquent à annoncer de 5 à 7 jours de prévisions météo. Après 2003, leurs anticipations pourront atteindre de 10 à 14 jours.Leur modèle s’étend dans le temps, il devient aussi plus précis. Selon Carl Staton, porte-parole de la NOAA, le futur supercalculateur permettra de diffuser des prévisions météo affinées quasiment quartier par quartier. “Par exemple, à New York, explique-t-il, vous aurez des prévisions différentes pour Manhattan, le Bronx ou le Queens.”“Cet investissement est important pour la protection de nos citoyens et le bien être économique de la nation”, déclare, très solennel, l’amiral Conrad Lautenbacher, administrateur de la NOAA. Le modeste service de rapports quotidiens envoyés par télégraphe, que le professeur Cleveland Abbe créa en 1870, a, il est vrai, énormément changé. Aujourd’hui l’administration de la NOAA emploie quelque 4 800 fonctionnaires et aligne un budget annuel de 3,3 milliards de dollars.Ses prévisions météo, fournies gracieusement aux chaînes de télévisions, radios et sites internet, génèrent plus de 200 millions de dollars de chiffre d’affaires par an, estime Carl Staton. En fait, beaucoup plus.

Beau fixe sur la chaîne météo

Car, a elle seule, la chaîne câblée The Weather Channel affiche un chiffre d’affaires annuel de 320 millions de dollars. Quand cette aventure a été lancée, en 1982, avec John Coleman, le monsieur météo de Good Morning America, et tout juste quatre annonceurs, les professionnels de l’audiovisuel se sont étouffés de rire. Qui, sérieusement, allait regarder, 24 heures sur 24, les dernières évolutions du temps ? Vingt ans plus tard, les représentants de The Weather Channel peuvent répondre : 85 millions de foyers américains ! Et le site internet, Weather.com, affiche, lui, 350 millions de visites par mois. De 5 heures à 7 heures du matin, les téléspectateurs de The Weather Channel sont plus nombreux que ceux de CNN ou que ceux de MSNBC, la petite s?”ur câblée de la grande chaîne NBC.

Avis d’économies abondantes

Les données brutes de NWS, retravaillées par une centaine de météorologistes, informent les voyageurs sur la météo prévue lors de leurs vols en avion, de leurs déplacements en voiture ou de leurs sorties en mer. Des millions de téléspectateurs apprécient. Et ils ne sont pas les seuls. Un quart du PNB de 2,7 trillions de dollars est influencé par la météo, rappelle-t-on à la NOAA.Les services financiers, les assureurs, les agences immobilières suivent de près les informations météo. Il existe une bourse d’échanges i.wex des contrats et options sur catastrophes pour tenter de se prémunir contre les risques météo. Le secteur de l’énergie est lui aussi très sensible. L’agence NOAA est ainsi en train de mettre en place un programme pilote de mesures plus exactes des précipitations et de la température de l’eau pour faciliter la gestion des centrales électriques installées au bord des fleuves. En deux ans, quelque 10 à 30 millions de dollars pourraient être économisés grâce à ce seul programme. Et sur l’ensemble du territoire américain, on espère 1 milliard d’économies.* à New York

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Caroline Talbot*