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Aurous : pratique comme Spotify, gratuit (et illégal) comme Popcorn Time

Ce nouveau service pourrait secouer le monde de la musique comme Popcorn Time l’a fait avec la vidéo. Les Spotify, Deezer et consorts sont sans doute sur le pied de guerre… mais la partie va être techniquement rude.

Les responsables du projet Aurous ont tenu parole : le futur Popcorn Time de la musique en streaming a bien été lancé dans la nuit de samedi à dimanche. Ce logiciel pour ordinateur – pas encore de version mobile disponible – a été lancé pour les 3 plateformes majeures PC, Mac et GNU/Linux en version alpha 0.1. Basé sur le protocole Bittorrent, ce client audio est autant un lecteur musical classique qu’un hub de partage de musique en peer-2-peer. Petit tour d’horizon du futur cauchemar de l’industrie musicale.

Simple et simpliste

Dans cette version préliminaire Aurous fait peu de choses : il peut chercher de la musique sur 3 réseaux (Aurous, le réseau social russe VKontakte et Mp3WithMe) et lire de la musique en local pour peu que vous lui indiquiez votre répertoire – il ne liste pas votre musique sans votre accord, ce qui est un bon point. C’est cette musique qui est indexée dans sa base de donnée et partagée entre les utilisateurs : on lit les fichiers des autres qui peuvent, à leur tour, lire les vôtres et ce, de manière transparente et anonyme – du moins entre les utilisateurs, on verra ce qu’en dit la police du net.

Les fonctions sont pour l’heure très limitées : impossible de trier les résultats de recherche par titre, album, artiste. Les listes de lectures ne sont pas encore de la partie mais selon les dires de l’équipe de développement, non seulement elles seront prise en compte. Et Aurous rapidement pouvoir importer les playlists de Spotify. 

Rien à faire des pare-feu

Installé sur un PC fonctionnant Windows 7 relié à notre réseau d’entreprise dont la plupart des ports sont bloqués, Aurous s’est connecté comme un charme à son réseau propre basé sur Bittorrent. Le logiciel a connu quelques ralentissements sans doute causés par l’indexation des contenus locaux et la lecture simultanée de fichiers du réseau. Après une heure et demie d’usage le logiciel occupait 250 Mo de mémoire vive, ce qui est peu par rapport à ce que peut manger iTunes mais beaucoup vu le peu de fonctions. Gardons cependant à l’esprit qu’il s’agit là d’une version Alpha.

Lecteur audio efficace

En local, Aurous est aussi un lecteur audio « normal » puisqu’il est capable d’afficher les jaquettes des albums et surtout de lire de nombreux formats musicaux : .mpe et .ogg bien sûr, mais aussi .flac, .opus ou encore .webA. Aucun problème de lecture sur nos fichiers hires (du Flac 24bit/96KHz) comme sur nos mp3. La qualité audio sur notre micro DAC USB Sabre 24/96 et casque Philips Fidelio X2 (lire notre test) est excellente preuve que le grand public (et les pirates) encodent très bien leur musique.

Catalogue musical éclectique et bordélique

A la manière de n’importe quel service de streaming dans un navigateur, Aurous a répondu à nombre de nos recherches de musique, des plus classiques – Metallica, Kool Shen, etc. – aux plus pointues – Gojira, Runrig, etc. Ce catalogue devrait grandir au fur à mesure de son usage mais on ne saurait le qualifier de complet : hors morceaux où elle est en « featuring », la célèbre Taylor Swift est absente des recherche à l’heure où nous écrivons ces lignes. Mais Shakira est là. Ouf.

Les résultats des requêtes des recherches sont dans un chaos des plus parfait et loin d’être exhaustifs mais la base de donnée est clairement impressionnante pour un réseau qui a moins de 12 heures d’âge !

Pas de curation (pour le moment ?)

Aurous n’est pour l’heure pas équipé d’un système de curation comme le sont Spotify ou Deezer. Ici, point de playlist « Travailler en s’amusant » ou « Les ravages de la drogue chez les stars des années 70 », le logiciel ne propose que les résultats des recherches et votre bibliothèque personnelle. S’il est certain que les services payant affûtent d’ores et déjà leurs armes pour contrer ce pirate ils bénéficient, pour l’heure, d’une sacrée valeur ajoutée dans leur contenu éditorial et dans la curation de liste de lectures.

Geek friendly

A la fois logiciel et réseau Aurous est complètement paramétrable : conçu autour de Javascript, HTML 5 et CSS, il est ouvert aux plugins – pour l’intégration d’autres services – voire même aux modifications d’aspect comme de fonctions puisque l’équipe devrait fournir une API (des outils de développement). Les développeur d’Aurous ont bien compris qu’en plus des citoyens pirates, il va leur falloir se mettre quelques développeurs de leur côté à faire de faire vivre leur logiciel/service.

Décentralisé pour exister… et durer

Si Napster, Soulseek et autres vieux services sont morts c’est qu’ils s’appuyaient sur des serveurs centralisés. Même The Pirate Bay a dû faire face de nombreuses fois à des blocages de site, des perquisitions et déménagements de serveurs, etc. Pour éviter d’être la cible d’une contre-attaque qui le paralyserait, Aurous s’inspire donc de Popcorn Time.

Dans une interview accordée à TorrentFreak le porte parole du projet Andrew Sampsonaffirme que « si le développement devait être arrêté […] l’application continuerait de fonctionner sans aucun problème. » Le même Andrew Sampson détaille dans un billet du blog du projet Aurous, comment ils ont conçu un moteur de recherche décentralisé basé sur Bittorrent.

Si un grand flou existe quant à la licence – A. Sampson aurait annoncé le logiciel comme open-source puis se serait rétracté – il y a fort à parier que toute perquisition ou attaque à l’encontre des membres du projet mènerait à une fuite des sources. Et à l’immortalité du réseau.

A voir aussi, la chronique de Delphine Sabattier à propos d’Aurous (vidéo ci-dessous)

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Par : Opera

Adrian BRANCO