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Au Maroc, la justice ne badine pas avec les réseaux sociaux

Deux faits divers viennent de montrer que la société marocaine a du mal à suivre le rythme imposé par les progrès des moyens de communications et la liberté d’expression qui en découle.

Près de 38 000 Marocains ont un compte Twitter et 4,7 millions un compte Facebook. Il existe même un réseau social entièrement dédié aux Marocains. Et si les médias sociaux sont libres d’accès au Maroc, tout n’y est pas autorisé. Loin de là, comme le montre deux faits divers qui ont eu lieu en ce mois d’octobre 2013.

Un internaute de 17 ans ayant menacé l’an dernier le président Barack Obama est passé devant un tribunal de Casablanca ce 25 octobre, rapporte le quotidien Le Monde. « Je tuerai votre président et toutes les personnes qui seront en sa compagnie. C’est ce que je ferai lorsque j’arriverai aux Etats-Unis le mois prochain », avait écrit l’adolescent. Mal lui en a pris puisqu’il a été condamné à trois mois de prison ferme pour « crime électronique » et « appel à la violence en utilisant des médias électroniques ». Il devra effectuer sa peine dans un centre de réinsertion pour mineurs.

C’est aussi dans un centre de réinsertion pour mineurs que trois adolescents de Nador ont passé quelques jours avant d’être remis à leurs parents, en liberté provisoire. Leur crime ? Avoir publié sur Facebook la photo d’un baiser. Les trois adolescents de 14 et 15 ans, l’auteur de la photo et le couple qui s’est embrassé, sont poursuivis pour « atteinte à la pudeur ». C’est la plainte d’une association locale pour « atteinte grave à l’éducation et à la culture marocaine » et « atteinte aux sentiments des citoyens » qui a déclenché tout ce remue-ménage, car la photo avait été prise devant un collège. Le procès de ces trois jeunes, initialement prévu le 11 octobre a été ajournée au 22 novembre. Si l’atteinte à la pudeur est confirmée, ils risquent une peine de deux à cinq ans d’emprisonnement.

Le Maroc a une réputation de tolérance religieuse au sein du monde arabo-musulman et de royaume tourné vers le progrès, mais la société y demeure profondément conservatrice. « A cause du poids de la religion et des tabous sociaux, la société marocaine semble perdue et tiraillée. Elle a du mal à intégrer les changements sociétaux liés aux nouveaux moyens de communication », tentait d’expliquer au moment du procès la cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles au Maroc.

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Cécile Bolesse