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Au-delà de 45 000 ?, tout est permis

Pour plus de 45 000 €, on trouve des architectures extrêmement complexes, dotées en outre de services personnalisés. Mais attention, les prix grimpent vite et l’enveloppe se chiffre souvent à plus d’une centaine de milliers d’euros.

Pour bénéficier d’une offre d’hébergement d’une extrême souplesse, il faut y mettre le prix. Un budget d’une centaine de milliers d’euros, voire plus, garantit la disponibilité d’un site 24 h/24, 7 J/7. Modulaires, la plupart de ces prestations s’appuient sur des éléments de base proposés par le prestataire, que le client combine de façon à obtenir un service sur mesure.“Dans ce contexte, on entre dans les véritables services à valeur ajoutée, explique Mathieu Regnier, chef de produit hébergement chez Colt. Dans une architecture à haute disponibilité, c’est en général l’ajout du second serveur qui coûte cher, car il va de pair avec la mise en place d’une solution de répartition de charge. L’architecture devient alors plus complexe. L’adjonction d’un troisième serveur, en revanche, a moins d’impact sur les configurations, prévues pour être évolutives, et les prix sont dégressifs à partir de là.”À titre d’exemple, il faut compter quelque 9 200 € pour un serveur, 15 200 € pour deux, auxquels s’ajoutent les 9 200 € de la solution de répartition de charge. L’installation d’un troisième serveur, en revanche, n’engendra qu’un supplément d’environ 7 600 à 9 200 €. Dégressifs sur la redondance des serveurs, les prix n’en restent pas moins élevés selon les options retenues dans un panel très large de services, qui tournent généralement autour des technologies de répartition de charge et de cluster, de la sécurité, du stockage, ainsi que des sauvegardes et autres services spécifiques (rapports et statistiques sur la fréquentation d’un site, tests de performance ou utilisation de CDN dans le cadre de diffusions multimédias). Sans oublier le facteur humain, les ressources des hébergeurs dans ce cadre n’étant pas inépuisables. Un interlocuteur dédié, capable de comprendre et d’anticiper les besoins des clients, représente en effet un service rare qui vaut autant, sinon plus, qu’une architecture redondante.

Le mètre carré se monnaie cher

Avant d’envisager une multitude de serveurs, loués ou achetés, pour parer aux montées en charge, il faut savoir que le stockage des machines hébergées est facturé au mètre carré et que ce dernier coûte cher. Ce n’est pas tant l’espace qui est en cause que les infrastructures physiques nécessaires à la sécurité des machines : équipements électriques redondants, systèmes de surveillance et de contrôle d’accès, de climatisation à répartition uniforme, de détection d’incendie par analyse des particules de l’air, sans oublier des systèmes d’extinction par gaz pour éviter toute dégradation des matériels… Chez Redbus, par exemple, les clients peuvent même obtenir un espace dédié, délimité par des grilles, ou une pièce sécurisée avec murs de cloisonnement bénéficiant de toute une variété de caractéristiques de sécurité additionnelles (caméras vidéo, alarmes supplémentaires…). Facturés généralement sur devis, ces services s’accompagnent parfois de location de salle de réunion sur place, au prix moyen de 50 ? par heure.

Répartition de charge et Cluster

Les technologies de répartition de charge ont considérablement évolué au cours de ces dernières années. Pratiquées au niveau 4 des couches réseau, elles atteignent désormais le niveau 7, ce qui sous-entend qu’elles savent désormais gérer les requêtes des clients par session. Cette distinction est importante, notamment dans le cadre du commerce électronique où l’exploitation des cookies aide à conserver l’historique du panier d’achats d’un client. La plupart des prestataires d’hébergement disposent de commutateurs à répartition de charge prenant en compte la couche 7. Ils proviennent habituellement des sociétés Alteon et ArrowPoint, rachetées respectivement par Nortel et Cisco. Généralement dédiés, ces services d’équilibrage peuvent être pratiqués à différents niveaux, tous n’ayant pas forcément besoin de gérer la couche 7 : serveur web, serveur d’application, bases de données, coupe-feu ou encore routeurs.En parallèle, et toujours dans le cadre de la montée en charge, un grand nombre de prestataires fournissent des batteries de serveurs pour les bases de données organisées en cluster. Enfin, les solutions de cache constituent également une bonne alternative pour diminuer considérablement les temps de réponse d’un site. En répartissant ces serveurs à travers la planète selon la provenance des utilisateurs, les caches desservent même des requêtes localement et évitent qu’elles ne viennent s’engouffrer dans le trafic supporté par les serveurs web ou les outils de répartition de charge. Ils contribuent en outre à l’allégement du trafic réseau. Dans ce domaine, certains prestataires présents à l’international proposent même de dupliquer les sites dans plusieurs centres d’hébergement, de façon à limiter les coûts en bande passante et à optimiser les temps de réponse.Une solution d’autant plus intéressante que si l’un des centres connaît un dysfonctionnement, le trafic peut alors être automatiquement rerouté vers un autre centre. Cette duplication fait toutefois partie des services les plus onéreux, sans compter la nécessaire synchronisation des données entre les centres, effectuée généralement par VPN (Virtual Private Network). À l’heure du choix entre les différentes architectures possibles pour assurer la montée en charge, “il faut toujours considérer le rapport disponibilité/coût, souligne Rafi Haladjian de Fluxus. Le 11 septembre dernier, la plupart des grandes plates-formes média se sont effondrées (CNN, Le Monde, Yahoo!, TF1). Serait-il économiquement judicieux de surdimensionner une plate-forme afin d’être en mesure de résister à des montées en charge aléatoires et très exceptionnelles ?”

Sécurité et sauvegarde : le dédié coûte cher

Seules les offres haut de gamme proposent la gestion des coupe-feu dédiés. Si le coût des licences intervient pour beaucoup, c’est avant tout l’architecture nécessaire au routage du trafic et les ressources humaines indispensables pour configurer et surveiller cette brique de sécurité qui font très rapidement grimper les prix. Raison pour laquelle un grand nombre de prestataires préfèrent dédier un port du coupe-feu, offrant ainsi la possibilité d’obtenir des paramétrages spécifiques sans pour autant isoler le trafic d’une entreprise de celui d’une autre.Dominant largement le marché des hébergeurs, Check Point est quasiment présent dans toutes les offres ; certains prestataires fournissent également des solutions en logiciel libre, d’où l’économie du coût des licences. Signalons en outre que la protection contre les virus, dans le cadre de l’hébergement de serveurs de messagerie, est également facturée, excepté lorsque ce serveur est mutualisé. Enfin, les sauvegardes sont effectuées régulièrement par les prestataires, sur bande à titre individuel ou plus généralement en mutualisé ; là encore, le dédié engendre un supplément de coût lié davantage aux configurations spécifiques et aux ressources humaines qu’au matériel lui-même.

Peu de souplesse dans le choix des solutions applicatives

Côté applications enfin, le choix n’est généralement pas de mise. Si tous les prestataires gèrent les principales bases de données, systèmes d’exploitation, serveurs web et d’applications du marché, ils sont en revanche peu enclins à faire du spécifique. En d’autres termes, toute entreprise ayant des contraintes techniques applicatives veillera au préalable à ce que son prestataire puisse assurer le suivi. Plutôt unanimes sur ce terrain, ils refusent en général de s’engager sur des applications qu’ils n’ont pas développé, se retranchant derrière l’impossibilité à administrer un système dont ils ne connaissent pas les ficelles.Dernier élément, mais non des moindres, les ressources humaines mises à la disposition d’un client et de la surveillance des applications. Pointues, les compétences des experts en sécurité, en développement ou encore en administration interviennent pour beaucoup dans le prix d’un abonnement car, comme le souligne Rafi Haladjian de Fluxus, “contrairement aux prestations dites de “commodité” (bande passante, espace en salle machine) et à la fourniture de technologies (sauvegarde, outils de supervision, load balancing, coupe-feu…), les prestations humaines ne peuvent, par définition, ni être automatisées ni mutualisées. Elles coûtent donc forcément cher.” Elles demeurent pourtant indispensables et doivent parfois même être dédiées quand les architectures gagnent en complexité.De même pour anticiper les besoins et conseiller les clients lors d’événements exceptionnels (montée en charge suite à un passage à la télévision par exemple, site événementiel ou saisonnier, etc.). “Nous avons développé une offre spécifique allant dans ce sens, explique David Gillard, p-dg d’Agarik. En moins de 8 heures, nous sommes capables de faire évoluer une plate-forme en ajoutant des serveurs afin de répondre à une pointe de trafic, grâce à notre équipe de 15 administrateurs systèmes et réseaux présents sur site 24 h/24, 7 J/7 et disponibles par téléphone à tout moment.” Chez Redbus, des équipes aident également à détecter, à localiser et à résoudre tout problème sur l’équipement informatique, mais seulement 15 minutes par jour ; au-delà, l’intervention est facturée près de 85 ? l’heure.

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Marie Varandat