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Assurdiscount ecrase les primes

Cet assureur ne vend que ses propres contrats d’assurance, et à 100 % via le Net. Ce qui lui permet de proposer des primes 25 % moins élevées que celles des mammouths du secteur. Un modèle économique qui a séduit les financiers… mais pas encore les foules.

Quelle différence y a-t-il entre Degriftour, le distributeur de voyages à prix discount, et Assurdiscount, le distributeur de contrats d’assurance à prix discount ? L’un comme l’autre utilisent l’internet, écrasent les prix et font des pieds de nez aux mammouths du secteur. Mais le premier est déjà passé du rêve à la réalité quand le second peine encore, après un an d’existence. Assurdiscount, qui affiche 6 000 contrats signés, a pourtant pris une longueur d’avance sur les Axa, AGF et autres grands du métier, dont le retard ne se justifie que parce qu’il serait volontaire.Les consultants prédisent depuis belle lurette l’explosion du marché de l’assurance en ligne, estimé à 4,4 milliards de dollars en 2005. Mais seulement 10 % des assureurs français envisagent de commercialiser leur offre sur le Net, à en croire L’Argus de l’assurance. De nouveaux sites apparaissent chaque jour, mais ceux où le client peut réellement acheter en ligne ne sont pas légion, et aucun, comme Assurdiscount, ne propose ses propres contrats. Cette maîtrise de la chaîne de valeur à plusieurs niveaux a permis de ne pas limiter son offre à quelques produits d’appel. ” Ici, tout automobiliste peut s’assurer, quel que soit son niveau de bonus ou de malus “, explique Nelly Brossard, responsable du marketing de la start-up. En moyenne, les clients bénéficient de tarifs inférieurs de 20 à 35 % à ceux des assureurs classiques. Pour un niveau de services au moins identique : assistance, call-center, prêt d’une voiture en cas d’accident… Et sans dumping.Le business model : commission forfaitaire et frais de gestion réduits.C’est toute la chaîne de valeur de l’assurance qui est remise en cause par le web. Assurdiscount a foncé dans la brèche : ” L’internet permet de réduire le coût d’acquisition des clients, explique Olivier Jaillon, un des deux fondateurs du site. Il permet également d’automatiser un nombre important d’opérations de gestion. ” L’expérience a déjà été menée sur une clientèle professionnelle, les courtiers, par l’intermédiaire du site netcourtier.com, détenu aussi par Protegys, la holding des fondateurs.La start-up a donc mis au point un système original : elle conçoit elle-même, en interne, ses contrats d’assurance pour les particuliers, puis trouve un assureur et un réassureur pour couvrir le risque. Ensuite, elle prélève sur le client des commissions forfaitaires alors que, dans le secteur, elles sont généralement proportionnelles au montant de la prime. Enfin, les taxes obligatoires (25 % du montant de la prime hors taxes) sont moins élevées que chez les courtiers traditionnels puisqu’elles s’appliquent à une base plus faible. Les contrats d’assurance vendus aux particuliers ne sont pas la seule source de revenus de la start-up. Elle passe des accords avec d’autres sites et leur vend des contrats ” sous marque blanche ” (un peu comme la marque de distributeur pour un hypermarché). Les contrats d’assurance de Seloger.com ou de la future ZeBank, c’est elle !L’équipe : des pros du risque et du chiffre. L’ancienne économie est aux commandes. Luc Brossier, 62 ans, a travaillé pendant dix-sept ans chez Axa, où il a été directeur international et membre du comité exécutif. Olivier Jaillon, fils de courtier, est un fana de nouvelles technologies. Des spécialistes sont venus renforcer le tandem des fondateurs : Yann Drévillon, directeur général, auditait les grands réassureurs pour le cabinet Mazars. Et puis il y a les matheux, indispensables dans l’assurance où l’on adore les calculs actuariels et les probabilités. Le directeur techniques et assurances, David Guyonnet, garant du montage des produits, est actuaire, spécialiste des algorithmes et centralien. Quant à Vincent Prosper, responsable de la gestion et de la conception informatique, il est un spécialiste de combinatoire algébrique et de programmation ! L’équipe a le profil qu’affectionnent les capital-risqueurs : une combinaison de ” grey hair ” (cheveux gris, le dernier must aux États-Unis) et de jeunes gens imaginatifs.Les financements : les capital-risqueurs étaient demandeurs. Assurdiscount a été lancé sur la cagnotte des fondateurs. ” Les capital-risqueurs sont venus nous chercher “, pavoise Olivier Jaillon. En janvier 2000, ils ont fait entrer Galileo Partners et Alpha (Marine Wendel) pour 40 millions de francs (12,5 % du capital chacun). Le second tour, cet été, a apporté 235 millions de francs, qui serviront à financer un virage stratégique fondamental : Assurdiscount vient d’en consacrer 150 à l’acquisition d’une compagnie ” en dur “, La Parisienne.L’avantage concurrentiel : le premier assureur 100 % Net. Ce rachat permettra de maîtriser un maillon supplémentaire de la chaîne de valeur. Assurdiscount devient de fait le seul acteur de l’assurance à offrir ses propres contrats exclusivement via le web, même s’il travaille toujours avec ses partenaires traditionnels, comme l’Équité (filiale de Generali), et ses réassureurs, Swiss Re et GE Frankona Re (filiale de General Electric, qui devient également le réassureur de La Parisienne).L’avantage d’Assurdiscount est d’avoir pu se structurer en fonction du Net, là où les autres font dans la retouche : le nouveau site des AGF, okassurance.com, concurrence frontalement le réseau des agents et n’ouvre qu’une petite brèche en ne proposant que quelques produits de niche (celle, par exemple, des primes automobiles sous condition d’un malus limité). ” En France, les compagnies ont le souci de ménager agents généraux et courtiers “, note un expert du secteur. Assurdiscount peut se permettre de ratisser large.La concurrence : le danger vient des comparateurs et des portails. Des modèles économiques similaires existent aux États-Unis ou aux Pays-Bas, trop récents pour qu’on puisse évaluer leur viabilité. Le néerlandais Ineas vient de lancer son site en France ( ineas.fr) et devient le premier concurrent frontal d’Assurdiscount. Les autres sites les plus proches sont Direct Assurance et Reflex, mais ces spécialistes de l’assurance par téléphone n’utilisent le Net que pour rabattre le client vers leurs call-centers.Les autres start-up du secteur, tel l’américain InsWeb, se positionnent plutôt comme intermédiaires en ligne de produits d’assurance et privilégient la comparaison des contrats entre différentes compagnies. Les revenus de ces ” infomédiaires ” proviennent de chaque cotation ou de la vente de produits d’un partenaire. ” Il y a quelques mois, on nous jetait le modèle InsWeb à la figure, ironise un cadre d’Axa. Mais il va mal, alors on ne nous en parle plus…” Firstassur joue aussi la carte de portail consumériste apporteur d’affaires pour le compte de compagnies d’assurances. Mais la multiplication des comparateurs est dangereuse pour Assurdiscount et ses pairs, qui risquent de ne récupérer des clients que pour leurs produits les plus discountés. Le deuxième risque, c’est l’arrivée prochaine des portails financiers. L’assurance, par sa complexité et la multitude des intermédiaires, constitue une cible idéale pour ce type de site thématique, qui permet à l’internaute d’avoir une vision organisée de l’offre. Mais les portails financiers du hollandais ING ou du britannique Egg, des pionniers, ne gagnent toujours pas d’argent.

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   Prime H.T. 
 annuelle 
   Taxes     Commissions     Carte 
 Bleue 
   Prime TTC     Frais 
 annuels 
                       
 Assurdiscount   2037,96 F     494,76 F     0,00 F     65,40 F     2598,12 F     149,00 F 
                       
 Courtier classique   2670,52 F     873,82 F     508,66 F     0,00 F     40253,00 F     0,00 F 
 
Tarif pour une Peugeot 206 XR 5 CV conduite par un homme marié vivant à Paris et ayant un bonus de 50 % avec extension de garantie Protection du conducteur (à 1 500 000 F).

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Pierre Agède