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Après la faillite, WorldCom croit en sa renaissance

La faillite de WorldCom constitue la plus importante de l’histoire américaine. Au-delà de la fraude constatée, cet échec reflète l’incroyable aveuglement de ces opérateurs qui ont tout misé sur une croissance infinie de la demande du marché. Malgré la faillite, la continuité de service devrait être assurée.

L’optimisme des dirigeants de WorldCom semble infaillible. Après avoir officiellement annoncé la faillite de l’opérateur, dimanche 21 juillet, John Sidgmore a déclaré :
Si nous pouvons sortir de cette faillite débarrassés de notre dette, notre position sera considérablement renforcée sur le marché. Nous disposerons du meilleur bilan comptable du marché.”C’est ainsi que la plus importante faillite de l’histoire de Wall Street (107 milliards de dollars d’actifs au bilan) est en passe de se transformer en une salubre opération de remise en forme pour le deuxième opérateur longue distance américain.Concrètement, John Sidgmore dispose de trois mois pour prouver la viabilité financière de WorldCom. L’opération semble d’ores et déjà réussie car les banques ont accordé samedi 20 juillet une rallonge de 2 milliards de dollars, alors même qu’il ne restait plus dans les caisses uniquement de quoi tenir quatre ou cinq jours.Le placement sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites permettra de restructurer la dette de WorldCom, qui se monte à 33 millions de dollars et d’assainir les finances.

Un opérateur comme les autres

La fraude qui a conduit à cette faillite permet de mieux comprendre rétrospectivement les résultats hors normes de WorldCom.
Alors que tous les concurrents de WorldCom affichaient des résultats négatifs, ce dernier continuait de prévoir des bénéfices. Les analystes comme nous n’avions aucune explication convaincante
“, avoue Jean-Charles Doineau, analyste à l’Idate. Maintenant, les choses sont plus claires, et sans cette fraude, WorldCom aurait, comme les autres, été contraint de publier des pertes depuis quelques trimestres.” 
La grosse erreur des opérateurs dans leur ensemble a été de croire que la demande allait s’adapter à l’offre 
“, ajoute Jean-Charles Doineau. A la fin des années 90, il n’était pas rare d’entendre les responsables de WorldCom expliquer que la demande en bande passante était multipliée par dix chaque année, et que leur stratégie consistait à disposer d’un réseau toujours en avance sur la demande du marché. Bel optimisme de rigueur à l’époque. Hélas, les clients, qu’ils soient particuliers ou professionnels, n’ont pas investi à mesure que la taille des réseaux augmentait. Il faut simplement préciser que leur budget télécommunications n’est pas extensible à l’infini.La position de WorldCom, malgré ses 20 millions de clients, est pour l’essentiel celle d’un intermédiaire qui achète et vend de la capacité. ” Un modèle qui a provoqué la faillite de plus d’un opérateur, la seule solution pour gagner de l’argent aujourd’hui est d’être un opérateur global comme France Télécom ou Deutsche Telekom, qui disposent à la fois de réseaux propres et de clients en direct “, explique Jean-Charles Doineau.

Craintes de faillites en cascade

Il n’empêche que WorldCom gère une grande partie du trafic Internet mondial et que, à l’instar de KPNQwest, une éventuelle cessation d’activité se solderait par des perturbations à l’échelle de la planète. Le chiffre de 50 % du trafic e-mail est souvent cité comme exemple.En Europe, le réseau opéré par WorldCom représente entre 5 et 15 % de la capacité, selon Jean-Charles Doineau. Le cas échéant, les clients de l’opérateur auraient cependant le temps de trouver une solution de rechange puisque ce n’est pas le réseau de WorldCom qui serait interrompu mais celui de fournisseurs sous-jacents.Si ces derniers n’ont pas fait faillite avant. On sait que les dettes de WorldCom à l’égard de BellSouth, SBC ou Verizon s’élèvent à 200 millions de dollars chacun. Des sommes propres à fragiliser encore davantage des comptabilités déjà bien écornées par la crise.En affirmant que la faillite ne remet pas en cause la continuité de l’entreprise, John Sidgmore défend son poste de PDG. Une éventuelle liquidation entraînerait son remplacement. Voilà aussi pourquoi il se montre aussi optimiste.

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David Prud'homme