Passer au contenu

Après Clust, faillite groupée sur le Net?

Avec le français Clust.com en cessation de paiement et le leader européen LetsBuyIt.com en difficulté, le système d’achat groupé sur le Web montre ses limites.

Une bonne idée n’est pas toujours payante. Salué à ses débuts, l’achat groupé représentait une nouvelle forme de commerce engendrée par Internet. Nouvelle intermédiation, prise de pouvoir du consommateur, communautés d’intérêts économiques… Ces concepts devaient bouleverser la relation entre l’acheteur et le vendeur.Aujourd’hui, le retour à la réalité économique est moins exaltant. Le faible nombre d’internautes français, additionné au pourcentage peu élevé d’acheteurs en ligne et à la multiplicité des sites, ont eu raison de cette nouvelle activité. Figure de proue de ces sites, Clust.com est aussi le premier à mettre la clé sous la porte.Comme nous l’annoncions dans un article précédent, Clust.com n’a plus qu’une solution avant la liquidation judiciaire. Tout espoir de lever de nouveaux fonds semble en effet envolé. Ses actionnaires actuels, Galileo, Viventures et Partech, sont décidés à tirer un trait sur les 15 millions de francs qu’ils ont investis dans la start-up au début de l’année. Clust est donc en cessation de paiement.

” L’appétit des investisseurs est retombé “

Un administrateur a été mandaté afin de trouver un éventuel repreneur. Le site Toutsurlacom.com, édité par CB News, cite la somme de 6 millions de francs comme prix de départ de la vente.Le fondateur du site, Joël Palix, ne confirme ni n’infirme ce chiffre. Et s’il reconnaît qu’un appel d’offres est actuellement lancé auprès de plusieurs sociétés, il regrette de voir l’aventure de Clust se terminer ainsi.” Personne ne conteste à Clust son leadership, ni sa forte notoriété. Si Clust ne peut lever des fonds, c’est un signal pour les autres. L’appétit des investisseurs dans le B-to-C est retombé “, explique t-il.Joël Palix concède cependant que Clust n’a pas réussi à atteindre la “masse critique” d’utilisateurs nécessaires, malgré les 20 000 visiteurs uniques accueillis chaque jour sur le site.Même son de cloche chez les concurrents. “Les acteurs du capital sont difficilement accessibles”, soutient Folco Chevalier, fondateur de LeSpot.com.Dernier-né des sites de group buying, LeSpot.com s’est spécialisé dans l’électronique ” branchée “. “Ce sont des produits plus particulièrement destinés aux internautes âgés de 15 à 35 ans, sur lesquels les marges sont plus importantes que dans l’informatique”, justifie-t-il.

Introduction en Bourse calamiteuse

Pourtant, Folco Chevalier affirme qu’il est difficile de centraliser son activité sur le seul service d’achat groupé. Surtout lorsque autant d’acteurs se disputent si peu de clients. “Nous poursuivons plusieurs pistes de développement, poursuit-il. De la création de nouveaux services au rapprochement avec un site d’audience.”Sans tabous, le fondateur de LeSpot.com reconnaît que ” le concept de l’achat groupé est validé à l’international. Pas pour sa rentabilité, mais parce qu’il permet une porte de sortie plus qu’intéressante : la Bourse. ” Seulement, cette unique perspective de création artificielle de valeur n’attire plus les investisseurs privés depuis la correction des marchés.La preuve en est l’expérience du suédois LetsBuyIt.com, leader européen du secteur. Alors que ses dépenses marketing ont culminé à 29 millions d’euros entre avril et juin, ses pertes ont atteint 43,3 millions d’euros sur la même période. Peu après, la start-up se séparait de 20 % de ses effectifs à la suite d’une introduction en Bourse calamiteuse, et qui ne lui a apporté que 66 millions deuros au lieu des 130 millions attendus pour atteindre la rentabilité en 2003.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Frantz Grenier