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Apple, victime collatérale de la cyberguerre sino-americaine ?

La Chine a-t-elle pris en grippe Apple qui est accusé par le gouvernement de discriminer ses clients chinois. Une campagne anti-Apple est menée par la presse.

Après le succès d’Apple en Chine, le vent tourne. Semaine après semaine, la firme de Cupertino est sous le coup d’une plainte d’une entreprise privée ou de l’Etat chinois. Après une accusation de viol du brevet de Siri par une entreprise, l’administration chinoise, soutenue par les médias, lance une enquête sur le service après-vente de la société américaine.

L’AFP rapporte les propos d’un responsable du Bureau d’État de l’industrie et du commerce qui appelle « les gouvernements locaux doivent enquêter et punir les activités illégales conformément à la loi ». Par contre, aucune précision n’est donnée sur ces problèmes, qui semblent être surtout un prétexte. D’ailleurs, Apple rejette en bloc l’ensemble de ces accusations. Sa situation reste cornélienne, car la Chine est devenue son deuxième marché derrière les États-Unis, et parce qu’il y affronte la forte concurrence de la part du Sud-Coréen Samsung.

Le soutien d’Apple devient un acte de résistance

La partie est mal engagé pour l’Américain qui essuie les salves du Quotidien du Peuple, qui, faut-il le préciser est l’organe officiel du parti communiste. Le journal appelle les consommateurs chinois « à mettre fin à l’arrogance sans pareille d’Apple », qui ne traiterait pas les Chinois aussi bien que les étrangers « en matière de service après-vente ».

Selon l’AFP, de nombreux commentateurs se demandaient ce vendredi si les critiques contre Apple relevaient d’une campagne orchestrée par le Quotidien du Peuple et la télévision nationale CCTV, qui avait dénoncé l’attitude d’Apple vis-à-vis de ses clients chinois lors de la journée mondiale des consommateurs le 15 mars.

Apple garde le soutient de blogueurs. L’un d’eux, Lian Peng, déclare sur son compte Weibo, l’équivalent en Chine de Twitter, qu’en réaction, il ne comptait pas arrêter de s’équiper chez Apple. « Je n’ai pas envie de produits électroniques, mais je me sens gêné si je n’en achète pas après avoir vu la campagne déchaînée organisée conjointement par CCTV et le Quotidien du Peuple », a-t-il affirmé.

Les accusations contre Apple s’accumulent

L’ancien patron de Google Chine, Kai-Fu Lee, a pour sa part comparé la situation d’Apple à celui du moteur de recherches en Chine en 2009, lors de ses démêlés avec les autorités chinoises pour avoir refusé de passer sous les fourches caudines de la censure.

On ne peut que constater que les accusations contre Apple s’accumulent étrangement. En marge de l’affaire Siri et du SAV, une société de production, le Shanghai Animated Film Studio, a porté plainte devant un tribunal de Pékin et demande 3,3 millions de yuans (414.000 euros) de dommages-intérêts pour avoir vendu ses films sans son autorisation.

Dans une troisième affaire, Apple avait payé 60 millions de dollars en 2012 au fabricant d’ordinateurs chinois Shenzhen Proview Technology pour mettre un terme à des poursuites judiciaires en Chine sur la propriété du nom « iPad ».

Ces attaques semblent directement liées à une volonté de Pékin de ne pas laisser de sociétés étrangères des technologies prendre trop de place sur le territoire chinois. D’abord pour des raisons économiques. En effet, l’ensemble des services des géants du web américains ont un équivalent développé par des entreprises chinoises.

26% des entreprises américaines victimes de vols de données

Mais l’aspect politique et géostratégique ne peut être ignoré. Depuis plusieurs mois, Chinois et Américains se livrent une cyberbataille, chacun accusant l’autre de provoquer l’autre. Les entreprises américaines font-elles les frais de cette guerre ? On ne peut pas ignorer cette éventualité.

Cette éventualité est d’ailleurs évoquée par la Chambre de commerce américaine en Chine qui révèle dans une enquête que plus d’un quart des entreprises enregistrées par ses services auraient été la cible de vols de données. L’organisme a confié à l’AFP que ces vols de données sont « devenus un problème non négligeable pour les sociétés établies en Chine ». Cette situation a conduit Barack Obama à intervenir.

À son tour, la Chine réfute ces accusations. « Nous nous opposons à cette présomption de culpabilité, sans enquête fouillée ni preuve solide », a déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui maintient que son pays est « victime majeure d’attaques informatiques ».


Lire aussi :

Une société chinoise accuse Apple d’avoir piraté Siri, paru le 28/03/2013.

La Chine accuse des hackers américains d’attaques incessantes, paru le 01/03/2013.

Cyberattaques : la Chine rejette en bloc les accusations des Etats-Unis, paru le 18/03/2013.

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Pascal Samama (avec AFP)