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Apple milite contre le droit à la réparation aux USA

De nombreuses entreprises dont Apple militent pour empêcher des états américains de promulguer une loi en faveur du droit à la réparation. Une démarche à l’encontre des arguments écolos que la marque promeut lors de ses conférences.

Apple et l’environnement, c’est une histoire un peu compliquée. Selon nos confrères américains de Motherboard, la marque à la pomme ainsi que de grande entreprises comme Toyota, Lexmark ou encore Caterpillar ont fait appel à des cabinets spécialisés pour faire pression sur les 11 états américains qui ont mis en place un projet de loi dit « Fair repair act ». Ce projet vise à forcer les industriels à commercialiser des pièces de rechange auprès du grand public et les guides de réparation idoines. Il interdirait les blocages logiciels ou toute autre protection empêchant la réparation des produits. Une suite d’obligations qui ne plaisent pas à certains.

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Si Motherboard a pu déterminer avec précision quelles marques avaient investi dans tel ou tel groupe de pression et pour soutenir/contrer telle ou telle loi, c’est parce que les lois de l’état de New York obligent à une grande transparence en matière de lobbying : la commission jointe sur l’éthique publique oblige les entreprises et autres associations à consigner scrupuleusement les noms, cabinets, sommes et projets soutenus/combattus. Ainsi, plusieurs entreprises dont Apple ont conjointement dépensé 366.634 $ (on vous a dit que c’était précis !) pour lutter contre le « Fair repair act » dans le seul état de New York entre Janvier 2017 et Avril 2017, soit presque 100.000 $ chaque mois.

Apple et l’environnement : “it’s complicated”

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Apple a toujours eu un côté schizophrène avec l’environnement : d’un côté elle obtient de nombreux certificats et s’avère même adoubé par Greenpeace pour sa production d’énergie pour ses datacenter, l’abandon de substances interdites, etc. De l’autre, elle ne cesse de rendre ses appareils plus difficiles à réparer – on ne peut désormais plus remplacer les disques durs dans les Macbook Pro – et milite ardemment contre le droit à la réparation de ses iPhones, pourtant les plus sujets à la casse.

Or rien ne pollue plus que la production d’un nouvel objet, a fortiori un appareil high-tech dont les composants électroniques comptent parmi les produits qui nécessitent le plus de matières rares, d’énergie et d’eau à la production (un wafer de processeur doit être rincer plus de 30 fois avant qu’on puisse y découper les puces !). Il vaut donc 100 fois mieux réparer plutôt que jeter – sans compter que le recyclage n’est toujours pas la norme et s’avère parfois très difficile. Comme dans le monde automobile, faire durer et réparer est la meilleure solution pour l’environnement : si une vieille voiture pollue plus qu’un modèle plus récent, il faut tellement d’énergie, de matériaux et d’eau (sans parler de la production de CO2 et autres gaz nocifs) pour produire un nouveau modèle « propre », qu’il faudrait que ce dernier modèle fonctionne pendant des décennies pour équilibrer la balance de pollution.

Si on entend bien les arguments de garantie de qualité et de sécurité – on pense au Touch ID dans le cas d’Apple – il serait temps que le « champion de l’environnement » de la sphère tech réalise que les économies de place réalisés grâces aux packaging plus compacts ne sont rien face aux bénéfices de la réparation. Et que cette dernière devrait être un droit. Espérons que les législateurs américains iront dans ce sens… et que les lobbies industriels échoueront dans leur tentative.

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