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AOL-Time Warner : premier géant de la Net économie

La fusion d’AOL et de Time Warner donne naissance à une société valorisée autour de 300 milliards de dollars. C’est peut-être la première d’une longue série d’opérations capitalistiques.

La nouvelle économie démarre l’année 2000 sur les chapeaux de roue. Pour 1 000 milliards de francs, le fournisseur d’accès AOL s’empare de Time Warner, le plus important groupe média présent dans la télévision, le cinéma, la presse, l’édition musicale, etc. Le rapprochement annoncé entre entreprises traditionnelles et Internet s’illustre de manière éclatante avec ce rachat. Le nouvel ensemble, AOL-Time Warner, préfigure une nouvelle génération d’entreprises à la fois par l’importance et le profil. “Pour l’entrée dans l’ère Internet, aucune autre société ne sera mieux placée pour capitaliser sur la convergence entre médias, loisirs et communication “, prédit Steve Case, qui prend la tête d’AOL-Time Warner. Ses arguments ont du poids : une valorisation boursière qui approche déjà les 300 milliards de dollars (environ 2 000 MdF) et un chiffre d’affaires pour l’année 1999 qui devrait se situer entre 30 et 40 milliards de dollars (de 200 MdF à 250 MdF).
Course à l’abonné
Chacun sur leur marché respectif, AOL et Time Warner étaient à l’étroit et leur avenir ne s’annonçait pas aussi radieux seuls que réunis. “La combinaison des deux sociétés vaut sans aucun doute plus que chaque entité séparée “, analyse Charleen Li, de Forrester Research. Du côté d’AOL, les raisons de ce mariage sont avant tout une affaire de gros tuyaux. Et de course à l’abonné. Face à des contenus de plus en plus ambitieux et gourmands en bande passante, les hauts débits deviennent indispensables pour l’accès à Internet. Et le câble est un moyen de proposer ce type d’accès haut de gamme.
Comme les abonnés d’AOL utilisent surtout le réseau téléphonique classique, la firme aurait dû composer avec des câblo-opérateurs qui, comme le souligne l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe), sont bien décidés “à contrôler toute offre […] sur leurs réseaux”. La mainmise sur Time Warner affranchit AOL de ce problème, puisque Time Warner pointe à la deuxième place des câblo-opérateurs américains, derrière le géant AT&T, avec quelque treize millions d’abonnés. Du côté de Time Warner, les vingt-deux millions d’abonnés d’AOL lui fournissent un formidable moyen de valoriser son contenu et de concrétiser un passage à Internet et au commerce électronique que, seul, il n’a pas su mener. Et demain s’annonce la télévision interactive.

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Guillaume Deleurence, Anicet Mbida, Ludovic Nachury et Olivier Roberget