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Analyse : sévère mise au pas pour l’industrie des puces

Le secteur des semi-conducteurs est aujourd’hui secoué par la crise la plus importante de son histoire. Maturité du marché, problème des dot-com et ralentissement américain assombrissent son horizon.

Décidément, cela ne s’arrange pas chez les industriels du semi-conducteur, ce microcalculateur indispensable au fonctionnement de nombreuses machines, du mobile à l’ordinateur personnel.Les derniers chiffres, publiés outre-Atlantique par la Semiconductor Industry Association (SIA), font état d’un recul des ventes de 7,3 % en mai par rapport à avril. Sur douze mois, l’activité mondiale régresse de 20,1 %. Aux États-Unis, le recul dépasse 32 % et en Europe, près de 17 %. En matière de récession, le record de 1985 semble déjà battu.

Chiffre d’affaires en baisse de 25 % cette année

Le chiffre d’affaires mondial des industriels s’était affaissé de 16,5 %. Cette année, il devrait s’effondrer de 25 %, selon les analyses les plus récentes. Petit rappel : début 2001, la SIA tablait sur une hausse de 21 %…En moins d’un an, le marché s’est retourné brutalement. Contraints en 2000 de faire appel à la sous-traitance pour satisfaire la déferlante de commandes émanant des fabricants de micro-ordinateurs, de terminaux électroniques grand-public, de mobiles et autres équipements télécoms, les producteurs de semi-conducteurs ont contribué malgré eux à la situation d’excédent dans laquelle cette industrie se trouve aujourd’hui.L’euphorie de 2000 et ses 30 à 35 % de croissance ont laissé des traces, notamment dans les espaces de stockage. Les usines qui tournaient alors vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, fonctionnent désormais à 42 %.Et les plus optimistes estiment que les stocks ne devraient pas retrouver leur niveau normal avant la fin du troisième trimestre 2001. La crise actuelle ne ressemble pas à celles qui rythmaient jusqu’alors cette industrie.Plusieurs phénomènes se sont télescopés au cours des douze derniers mois : la maturité du marché micro-informatique, la crise des dot-com, le coup de frein brutal de l’économie américaine, la dépression affectant le secteur des télécommunications.Le cycle de vie des équipements s’est également réduit et de nouveaux produits sont apparus sur le marché. Difficile, dans ces conditions, de dégager une visibilité.

L’Europe également touchée

Pour autant, cela ne justifie pas les avertissements financiers lancés récemment par quelques grandes entreprises européennes du secteur des technologies de l’information (CGE & Y, Infineon, Marconi). “ Ce qui a vraiment changé : la manière radicale dont nos clients européens ont fermé le robinet des investissements en capital “, avoue Lord Simpson, président de Marconi.En fait, les dirigeants de ces entreprises, négligeant ce qui se passait outre-Atlantique, semblent réaliser seulement maintenant que l’Europe peut aussi être touchée par les réductions d’investissements liés aux technologies de l’information. Une étude récente d’IDC estime qu’une détérioration de la conjoncture économique en Europe pourrait avoir un impact majeur sur la demande de produits et services dans ce domaine.Selon la fourchette basse de cette analyse, le ralentissement économique pourrait provoquer une réduction mondiale des investissements entre 2001 et 2003 d’environ 23 milliards d’euros (151 milliards de francs), dont 7,6 milliards pour le seul marché européen.
Des stocks à ne plus savoir qu’en faire…













































































































 Ventes mondiales de semi-conducteurs sur 12 mois (en milliards de dollars) 
     mai-00     mai-01     Évolution 
             
 États-Unis     4,92     3,34     -32,1% 
             
 Europe     3,4     2,83     -16,6% 
             
 Japon     3,53     3,15     -10,6% 
             
 Asie Pacifique     4,05     3,38     -16,6% 
             
 Total     15,9     12,71     -20,1% 
 
Les stocks de composants qui se sont accumulés depuis l’automne dernier devront d’abord être résorbés avant d’envisager un redémarrage dans les carnets de commandes. Pour John Scalise, le président de la SIA, une telle situation ne devrait pas apparaître avant la fin du troisième trimestre 2001.


Source : SIA

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Gilles Musi