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AMD part en guerre contre les mauvaises manières d’Intel

L’outsider vient de déposer une plainte aux Etats-Unis contre le leader du marché, l’accusant de pratiques anticoncurrentielles.

Trop, c’est trop. AMD n’en peut plus des pratiques commerciales d’Intel, qu’il juge abusives. L’entreprise vient de déposer
une plainte contre sa rivale auprès de la cour fédérale de l’Etat du Delaware aux Etats-Unis. AMD ne mâche pas ses mots, et accuse Intel de comportement hors-la-loi, de faire pression sur les
‘ clients à l’échelle mondiale ‘ pour maintenir son quasi-monopole sur le marché des processeurs x86 pour Windows. Selon le plaignant, Intel possède une part de marché en volume de 80 %, et de
90 % en valeur. Pour AMD, pas moins de 38 entreprises ?” fabricants de PC, grossistes, revendeurs ?” auraient subi le comportement abusif d’Intel.‘ Il était temps d’agir et de dire au grand jour ce que fait Intel, considère Jens Drews, responsable des affaires gouvernementales chez AMD. Partout, Intel a une mauvaise influence sur le
marché, nous ne pouvons plus l’accepter. Nous innovons, mais nous n’en tirons pas les bénéfices, ce n’est plus tenable. ‘
Le patron d’AMD, Hector Ruiz, dans un communiqué, estime, lui, que ‘ d’Osaka à
Francfort en passant par Chicago, les gens paient cash les abus d’Intel pour conserver son monopole ‘.
Selon l’entreprise, les consommateurs ‘ pâtissent en fin de chaîne du comportement d’Intel,
du fait du prix gonflé des PC et de la perte de choix au niveau des ordinateurs ‘.

Un ‘ pistolet sur la tempe ‘ de Capellas

Fait rare dans ce type de dossiers, AMD se montre bavard. La société donne une vingtaine d’exemples de comportements qui prouveraient la mise en place d’un ‘ plan global pour pousser les clients à ne pas signer
avec AMD ‘.
En vrac, Dell et Toshiba auraient ainsi reçu de ‘ grosses sommes ‘ pour écarter AMD. Idem chez Sony, où le fabricant est passé de 23 % de parts de marché à zéro.
NEC, Acer, Fujitsu se seraient vu proposer des rabais conditionnés au fait de limiter leurs achats auprès d’AMD. Michael Capellas, l’ancien PDG de Compaq (racheté depuis par Hewlett-Packard), parle même de ‘ pistolet sur la
tempe ‘
pour évoquer le chantage d’Intel. Ce dernier menaçait de ne plus lui fournir de processeurs pour serveurs si Compaq ne renonçait pas aux puces d’AMD.AMD indique également avoir été évincé de chez Media Markt, un gros revendeur allemand. Et se plaint d’avoir échoué à référencer chez Office Depot des PC portables, le distributeur prétextant des ‘ risques de
représailles ‘.
Intel s’est refusé à tout commentaire concernant ces accusations graves, ‘ comme toujours quand il s’agit de justice ‘, indique un porte-parole. ‘ Ce que nous
voulons, c’est qu’Intel change de comportement ‘,
précise Jens Drews. AMD réclame aussi des pénalités financières ainsi que des dommages et intérêts. La plainte d’AMD reprend des éléments mis à jour au mois d’avril
par le gendarme de la concurrence nippone, le JFTC (Japan Fair Trade Commission). L’organisme avait estimé qu’Intel abusait de sa position dominante auprès des
fabricants de PC japonais pour fausser la concurrence. Intel avait contesté les accusations mais accepté de se plier aux exigences du JTFC de cesser toute pratique anticoncurrentielle.Côté Union européenne, l’enquête sur les pratiques commerciales d’Intel, démarrée en 2001, a été relancée en juin dernier, après la transmission d’éléments par AMD. La Commission européenne a déjà dû rappeler à l’ordre plusieurs Etats
membres l’an dernier ?” la France, la Suède, les Pays-Bas et la Finlande ?” soupçonnés de recourir à des éléments discriminants favorables à Intel lors d’appels d’offres publics. Bruxelles n’avait néanmoins pas mis Intel en cause
de façon directe. Dans l’Hexagone, le ministère de l’Economie avait dû
publier des recommandations aux administrations pour mettre Intel et AMD sur un pied d’égalité.

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Guillaume Deleurence