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AMD croit tenir sa revanche sur le leader Intel

Clamant sa supériorité technique sur son grand rival, AMD continue de marquer sa différence. Explications.

Trente-trois ans après sa création, le fabricant de processeurs pour PC AMD s’apprête à tourner une page importante de son histoire. Jerry Sanders, cofondateur et patron de la société depuis sa création en 1969, laissera le 25 avril son fauteuil de PDG à son bras droit, Hector Ruiz, l’actuel directeur général exécutif. Interrogé en interne sur ses intentions, Jerry Sanders, qui reste le président du conseil d’administration, aurait indiqué qu’il compte se consacrer à promouvoir AMD “pour faire entendre sa différence par rapport à Intel”.

Trois modèles

La récente révision à la baisse des prévisions de performance du titre à Wall Street vient encore de le prouver, le destin d’AMD reste toujours intimement lié à celui d’Intel, son frère ennemi et dominant. Malgré une capitalisation boursière de 4,8 milliards de dollars (5,49 milliards d’euros) et 20 % de parts du marché des PC familiaux et des portables, AMD semble condamné à soutenir la comparaison avec Intel, aussi bien au niveau financier que d’un point de vue technique. C’est sur ce thème que le constructeur vient de lancer trois nouvelles déclinaisons de sa gamme de processeurs Athlon. Les modèles XP2100+, MP200+ et l’Athlon 4 1600 se placent en concurrents du Pentium 4 d’Intel, bien qu’ils utilisent une technologie de fabrication moins avancée ?” ils sont gravés à une finesse de 18 microns contre 13 pour les processeurs Intel. “Même dans cette configuration, nos performances sont déjà identiques”, affirmait récemment Kevin Graf, l’un des directeurs marketing d’AMD, interrogé par le journal en ligne 01net.Officiellement, la stratégie qui doit mener à ce résultat est déjà en place. Son premier signe concret est la disparition de la mention de la fréquence (exprimée désormais en GHz) dans le nom commercial des processeurs de la gamme Athlon.Trop proche d’Intel, cet indicateur de vitesse est remplacé par ce qu’AMD désigne comme un indice d’efficacité de traitement. “Nous savons maintenant que la vitesse ne signifie pas l’efficacité, et il faut remercier Intel pour cela”, ironisait Jerry Sanders lors du lancement du premier processeur Athlon XP, en octobre dernier. Tests indépendants à l’appui, AMD revendique même pour ses processeurs des performances supérieures à celles des Pentium. Intel a bien sûr de nombreux contre-arguments, parmi lesquels celui de revendiquer l’usage de tests “véritablement” standard. “Faux : il n’y a pas encore de standard adopté par toute l’industrie”, objecte John Greenagel, oubliant vite qu’AMD, au même titre qu’Intel, est membre du laboratoire SPEC (Standard Performance Evaluation Corporation), comme la Nasa ou l’université de Berkeley…

Guerre des prix

C’est que la bataille se joue en réalité loin des laboratoires, sur le terrain des prix et du marketing. “Tous les coups gagnants sont des coups légaux”, avoue un analyste. Retour à l’envoyeur. C’est au tour d’AMD d’entraîner Intel dans une coûteuse course aux tarifs les plus bas en réduisant de 55 % le prix officiel de ses processeurs Athlon 4 pour ordinateurs portables. “Quand Intel divise un prix par deux, il coupe plus fortement dans ses marges que nous, et se fait donc plus mal “, relève John Greenagel. Attaqué par Intel sur le marché des processeurs pour les PC familiaux, AMD se prépare aussi à contre-attaquer sur des marchés jusqu’ici jalousement gardés par son rival : les processeurs pour ordinateurs de poche ?” avec le rachat de la start-up Alchemy Semiconductors le 19 février dernier ?” et les serveurs haut de gamme.Dans ce dernier domaine, l’arme se nomme ” Sledge Hammer “, un processeur 64 bits conçu, selon AMD, ” pour réaliser les promesses de l’Itanium. Les sociétés pourront monter en puissance sans avoir à réécrire leurs applications “, souligne John Greenagel, pour qui l’entrée d’AMD sur des marchés jusque-là captés par Intel est déjà une victoire en soi. Comble de l’ironie, AMD aurait alors battu Intel à son propre jeu, ruinant du même coup les espoirs de ceux qui misent sur la capacité d’Intel à rester seul en lice. Juste revanche, mais qui pose à AMD un autre problème, plus vaste : tourner la page et se réinventer. Que Jerry Sanders, le communicateur, laisse les commandes à Hector Ruiz, l’organisateur, pourrait bien signifier que chez AMD, on se croit plus près que jamais de réussir.

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Paul Philipon, à San Francisco