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La presse américaine déçue par le Fire Phone d’Amazon

Le smartphone d’Amazon débarque demain aux Etats-Unis. Certains sites high tech ont pu prendre l’appareil en main, et il ne fait pas l’unanimité. Revue de presse.

Annoncé en grande pompe le 18 juin dernier, le Fire Phone d’Amazon a généré une grosse attente, mais aussi de grandes interrogations. De nombreux médias ont pu tester le téléphone, sans être réellement convaincus. Si tous s’accordent à souligner la qualité de l’appareil photo et de la batterie, le consensus se fait également sur les défauts. En cause, un système d’exploitation raté, des gadgets invasifs, peu utiles, et une sensation d’inachevé. 

Firefly et Dynamic Perspective attendus au tournant

La critique la plus acerbe concerne indirectement la politique d’Amazon, au sein de laquelle le Fire Phone n’est qu’une pièce du puzzle. Le 23 juin dernier, Jean Pujol publiait un article sur 01Business dans lequel il craignait que l’appareil ne soit finalement qu’un prolongement du site d’achat américain. Aujourd’hui, la plupart de ceux qui l’ont testé lui donnent raison. En cause, la fonction Firefly faite pour favoriser les achats impulsifs, en permettant à l’utilisateur d’acheter tout ce qu’il prend en photo. Une option qui en dit long sur l’objectif réel d’Amazon.

L’autre fonction phare – Dynamic Perspective – promettait une interface 3D qui permettrait de différencier l’appareil de la concurrence.  Comme prévu, elle est plutôt perçue comme un gadget, plus agaçant qu’utile.

« Plutôt un prototype »

Geoffrey A. Fowler, du Wall Street Journal, insiste sur ces mêmes défauts avec un titre évocateur : « Plein de gadgets, mais il manque l’essentiel ». Il va jusqu’à comparer l’appareil à un enfant de 9 ans qui ferait du vélo, les mains en l’air, et criant « Regarde Maman ! Sans les mains ! » : Pour l’auteur, l’appareil est amusant, mais ne vous emmènera nulle part.
Le journaliste revient sur la fonction « Dynamic Perspective » qu’il décrit comme « n’étant jamais devenue aussi naturelle et intuitive que le fait de toucher directement l’écran avec ses doigts ».

Farhad Manjoo du NY Times, tempère quant à lui la belle démonstration technologique d’Amazon : « Alors qu’il est techniquement très impressionnant, le système d’exploitation n’apporte pas de progrès tangible dans la façon dont on utilise son téléphone. »
Concernant l’OS supporté par l’appareil, le journaliste précise : « le Fire Phone, qui utilise une version très personnalisée d’Android, n’est pas aussi puissant que les autres téléphones haut de gamme ».
Selon Manjoo, l’appareil est « davantage un prototype minimaliste qu’un produit fini ».
Un point positif est malgré tout souligné avec l’efficacité du bouton « Mayday » (qui déclenche une aide à distance immédiate) : « à chaque fois, un interlocuteur est apparu à l’écran en moins de 10 secondes. Le technicien peut voir en direct ce qui se passe sur votre écran (mais pas votre visage), ce qui le rend plutôt efficace ».

Exemple de l’interface 3D

« Amazon va devoir faire mieux »

Jillian d’Onfro, de Business Insider, voit plutôt l’appareil comme un moyen pour Amazon d’augmenter ses ventes, toujours avec l’outil Firefly  qui « devrait encourager les fans d’Amazon à dépenser toujours plus d’argent dans des achats intégrés. »
L’appareil photo s’en sort toutefois avec les honneurs, permettant de réaliser « de bonnes photographies, complétées de bons outils d’édition d’image. »
Finalement, la journaliste est plutôt séduite par le Fire Phone : « vous avez toutes les bases d’un smartphone, avec quelques bonus, pour un prix en ligne avec le marché. Ni le contrôle par le mouvement [Dynamic Perspective ndlr] ni Firefly ne changeront votre vie, bien qu’ils soient amusant et utiles ».

Le site re/code partage également ce goût d’inachevé, par la voix de Walt Mossberg qui considère le Fire Phone comme « rien de plus qu’une intéressante première étape ». Le journaliste explique : « je pense qu’on peut reconnaître à Amazon le fait d’essayer d’apporter de la créativité pour changer la routine du « glisser toucher » que nous connaissons sur tous les smartphones ».
En revenant sur la fonction Dynamic Perspective, Mossberg est dubitatif : « c’est une astuce sympa mais au cours de mon usage j’ai rapidement été lassé, en partie car j’étais sans cesse obligé d’agiter mon téléphone pour faire apparaître ou disparaître les différentes commandes ».
Selon le journaliste, le smartphone n’est cependant pas à la hauteur. « Pour rivaliser avec Apple et Samsung, Amazon va devoir faire mieux » conclut-il.

« Une remarquable machine à acheter »

Andrew Cunningham, de chez Ars Technica revient lui aussi sur la qualité de l’appareil photo, mais range dans la galerie des horreurs « les applications et l’écosystème qui tire Amazon derrière iOS et Android ». Selon lui, « l’environnement du Fire Phone n’est pas aussi vaste et stable que les OS concurrents ». Il « hésite à recommander une nouvelle plateforme comme celle-ci à qui que ce soit avant qu’elle n’ait prouvé sa valeur et son endurance. »

Enfin, pour David Pierce de The Verge (qui donne une note de 5.9/10), tout n’est pas à jeter dans le Fire Phone, loin de là. La qualité des photos et de la batterie est une fois de plus soulignée. Cependant, les fonctions basiques déçoivent : « le Fire Phone est […] un  appareil avec tellement de fonctionnalités, tellement d’idées, qu’il en a oublié ce à quoi il était destiné ». […] Le premier smartphone d’Amazon est une série d’idées intéressantes réunies, dont la somme est plus faible que l’addition de chacune ».
Sa conclusion est certainement celle qui résume le mieux l’avis général : « Le Fire Phone est une remarquable et efficace machine à acheter. Mais ce n’est pas un très bon téléphone. »

À lire aussi : Fire Phone d’Amazon : le smartphone taillé pour acheter (20/06/14)

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Raphaël Grably