Passer au contenu

Alain Poussereau : l’autodidacte humaniste

A la Cnav depuis 1972, Alain Poussereau en a gravi tous les échelons. Notre ” DI de l’année ” mène aujourd’hui un lourd projet de refonte, qu’il veut conduire lui-même à son terme.

Quand on lui demande de raconter son passé d’informaticien, il se décrit d’emblée comme un autodidacte de l’informatique. Normal, il est issu d’une époque où cette dernière balbutiait. Alain Poussereau, directeur du schéma directeur de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), a vécu l’histoire de l’intérieur, tel un pionnier. S’il fait ses premiers pas chez Usinor Dunkerque, il débarque trois ans plus tard à la Cnav, un jour de 1972, pour ne plus jamais en partir. A cinquante-cinq ans, ce “DSI” affable et contenu n’a visiblement rien perdu de son intérêt pour les nouvelles technologies. Toujours pionnier dans l’âme, son principal tracas reste l’adéquation entre l’outil et ses répercussions humaines et stratégiques.En 1969, Alain Poussereau se fait aiguiller vers IBM, qui s’occupe du recrutement d’informaticiens pour le compte d’Usinor Dunkerque. Engagé après des tests, il se forme à un métier que l’on n’apprend que sur le tas : “J’ai commencé analyste-développeur sur des technologies très pointues pour l’époque. Nous travaillions, sur une sorte de CICS avant l’heure, à la mise en ?”uvre d’un système de gestion en temps réel d’une usine de production.” Pendant trois ans, il écrit des programmes de quelques kilo-octets, qu’il va qualifier près des hauts fourneaux.

Le premier responsable de la maîtrise d’ouvrage déléguée

Cédant aux sirènes du changement d’entreprise, Alain Poussereau répond en 1972 à une offre de la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Il descend à Tours pour remplir les fonctions de responsable de la gestion régionale normalisée. L’informatique ?” et même l’organisation ?” de la Cnav reste à bâtir. On y parle déjà de mutualisation des efforts entre des caisses régionales alors complètement autonomes. Cette mutualisation passe d’abord par celle des développements informatiques.Il gravit les échelons et acquiert des fonctions de niveau national avant de devenir en 1992 directeur du schéma directeur ?” soit l’équivalent d’un DSI. Le service, créé à l’occasion et dont il est le premier responsable, représente, à l’époque, la toute nouvelle maîtrise d’ouvrage déléguée de la Cnav. Sa mission : mettre en place des outils pour valider les choix des utilisateurs, assurer la coordination entre l’organisation et l’informatique et veiller au redéploiement complet du système d’information.

Une connaissance parfaite de la “maison”

Soucieux de ses utilisateurs ?” les caisses régionales, ou Crav ?” il s’accroche à une ligne de conduite compréhensive : “Nous devons bâtir un système qui ne remette pas sans arrêt en cause les décisions des gens qui ont le pouvoir, insiste-t-il. De plus, le rôle des Crav est difficile. Il ne faut pas qu’elles aient, en plus, des applications mal fagotées.” Ainsi, la force du personnage réside dans sa connaissance parfaite de la “maison”. Il en connaît les courants politiques, les usages, les règles implicites et les ressorts diplomatiques. En dialogue permanent avec la direction déléguée, il en connaît également les objectifs. Ainsi, l’énorme projet de passage à une architecture client-léger, d’abandon des vingt mainframes d’ici à la fin 2003 et d’harmonisation des applications doit s’accompagner d’une vision à long terme : “D’ici à 2010, la Cnav aura environ 50 % de travail en plus, dû au vieillissement de la population française. Ce surcroît de travail, ajouté aux trente-cinq heures, ne pourra être compensé par un accroissement des effectifs. Il faut trouver d’autres solutions, qui soient plus de nature organisationnelle. Ainsi, l’une des raisons qui nous ont conduits à choisir une architecture client léger, c’est la possibilité de faire du télétravail et de gérer des points d’accueil itinérants.”Le chantier en cours est énorme. Il va bouleverser les modes de travail des salariés de la Cnav, qu’il s’agisse des opérationnels ou des équipes informatiques. Quand on lui demande s’il envisagerait de prendre la direction d’une grande direction informatique, Alain Poussereau n’hésite pas longtemps : “On me l’a déjà proposé. Mais, auparavant, j’ai encore une ou deux choses à finir. Je veux atteindre mon objectif technique, mais dans le respect des personnes.” Même s’il commence déjà à s’intéresser à sa relève, il mènera ce projet à terme.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Billard