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Alain Dutheil (ST Microelectronics) : ” Le marché devrait croître de 2% cette année “

Pour ses puces, le Vice President du groupe franco-italien croit au dynamisme du marché de la communication. Et à la fiabilité du secteur de l’électronique.

Lors de la publication des résultats annuels, en janvier, vous déploriez “une visibilité réduite au premier trimestre”. Qu’en est-il aujourd’hui ? La visibilité s’améliore, mais elle est toujours réduite et ne s’étend pas au-delà du troisième trimestre. Cela étant, nos clients nous donnent une meilleure vision de leurs plans de fabrication. L’entreprise a enregistré pas mal de commandes sur les trois premiers mois de l’année. Notre chiffre d’affaires a diminué de 6,4 % au cours du premier trimestre et nous sommes convaincus que le point bas a été touché durant cette période. Nous avons d’ailleurs indiqué que nos ventes devraient progresser d’environ 10 % sur le deuxième trimestre. En ce qui concerne le marché, Jean-Philippe Dauvin [Chief Economist de ST Micro, ndlr] disait en janvier dernier s’attendre à une décroissance annuelle de l’ordre de -2 %. Aujourd’hui, nous envisageons plutôt une légère croissance de 2 %. Nous abordons le deuxième semestre avec un peu plus de sérénité. Entre le dernier trimestre 2001 et le premier trimestre 2002, la marge brute s’est améliorée de 1,7 point, à 33,4 % du chiffre d’affaires. Quelle progression envisagez-vous entre avril et juin ? Cette progression, qui fut une surprise pour les analystes financiers, est due à deux facteurs : la forte amélioration de nos rendements de fabrication, d’une part, et une meilleure charge des usines entre mi-février et fin mars, d’autre part. Ce phénomène se poursuit actuellement grâce à l’amélioration d’une dizaine de points de la charge dans nos usines. Nous nous attendons à une nouvelle progression ?” deux à trois points ?” de notre marge brute au deuxième trimestre. Le secteur des télécommunications reste encore difficile. Quelle est aujourd’hui votre perception du marché ? Il faut distinguer le marché de la téléphonie filaire du marché mobile. Le premier reste très déprimé. Cette situation perdure depuis 18 mois. À mon sens, l’un des premiers marchés qui fera l’objet d’un redémarrage sera celui de l’ADSL. Le premier trimestre a également été décevant sur le marché de la téléphonie mobile, où des stocks trop importants ont été constitués chez certains de nos clients. Ces stocks sont maintenant résorbés. Nous prévoyons une reprise des ventes, car tous les marchés ne sont pas saturés. Par ailleurs, il va y avoir un marché de remplacement très important, grâce à [l’intégration de] l’image fixe puis la vidéo [dans les mobiles]. Selon nous, le marché de la communication, avec une croissance moyenne annuelle de 25 % d’ici à 2006, dispose de la dynamique la plus forte. Qu’en est-il des secteurs automobile et électronique grand public ? L’automobile nous offre une croissance régulière comprise entre 5 et 10 % par an. Mais c’est le secteur le plus draconien, en raison des aspects liés à la sécurité. En ce qui concerne l’électronique grand public, les ventes de lecteurs DVD et de décodeurs seront en progression ce trimestre, comme ce fut le cas au premier. Enfin, sur le marché de l’informatique, nous ne sommes présents que dans les périphériques (disques durs, imprimantes, moniteurs). Cela nous permet de rester à l’abri des contraintes liées au marché de la carte mère et des mémoires DRAM. Pasquale Pistorio, le président du groupe, répète toujours que STMicroelectronics est une entreprise à classer parmi les prédateurs. Les opportunités ne manquent pas aujourd’hui…Nous avons indiqué que nous étions attentifs à ce qui se passait sur le marché et que nous disposions d’une flexibilité financière. Nos critères sont toujours les mêmes : une acquisition doit correspondre à l’une ou l’autre de nos activités, elle doit aussi avoir un sens sur le plan économique et géographique. Nous devons nous renforcer là où notre pénétration est moindre, aux États-Unis et au Japon. Les difficultés dans lesquelles se trouvent aujourd’hui certains des grands fabricants japonais de semi-conducteurs seraient évidemment propices. Mais leur situation au sein de conglomérats exclut toute opération inamicale, que par ailleurs nous ne souhaitons pas. Pour l’heure, ils essaient de trouver des solutions entre eux. Mais, évidemment, rien n’est exclu. Comment expliquez-vous l’évolution géographique de vos pôles de production, qui semblent faire l’objet d’une migration vers la zone Asie-Pacifique ? Sur le premier trimestre, 53 % de nos ventes provenaient de la zone Asie-Pacifique et des pays émergents, contre 42 % l’an dernier à la même période. Ce phénomène, nouveau, s’explique par la délocalisation en Asie, Chine, Mexique ou Malaisie des sites de production de certains de nos gros clients. En matière de surcapacité, quelle est la situation du marché aujourd’hui ? Les surcapacités sont encore importantes, mais diminuent peu à peu. Les investissements en production tournent autour de 19 % du chiffre d’affaires actuellement, contre 35 % en 2000. Le taux d’utilisation des usines va donc augmenter progressivement. Au deuxième trimestre, il devrait pour nous atteindre 75 %. Lorsque nous avons touché le point bas au premier trimestre, nous allions mettre des gens au chômage partiel, puis la demande est revenue début février. Les embauches ont repris pour les effectifs de production, notamment dans les usines de Rousset [près de Marseille] et de Crolles [en Isère]. Mais les emplois indirects sont encore gelés.

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Propos recueillis par Gilles Musi, envoyé spécial à Marseille