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Affaire Dieudonné : le gouvernement veut s’attaquer à la « haine sur Internet »

Alors que les interdictions des spectacles se succèdent, Internet reste une tribune privilégiée de Dieudonné. Désormais, le gouvernement veut s’attaquer au contenu diffusé sur la toile.

L’affaire Dieudonné n’en finit plus de s’étendre. Si la polémique a envahi la rue, elle se mène aussi sur Internet. Hier soir, alors que l’annulation du spectacle de Nantes a été confirmée par le Conseil d’État, la vidéo complète du spectacle n’était plus accessible. On ne trouve plus que des teasers ou des extraits de quelques minutes.

Aussitôt, des rumeurs de censure ont circulé. Il n’en était rien puisque ce sont les éditeurs des sites qui ont choisi de retirer ce contenu. Reste que le gouvernement a affirmé son intention de poursuivre son action sur la toile.

Pour Najat Vallaut-Belkacem, porte-parole du gouvernement, « Internet ne doit pas être une zone de non-droit », a-t-elle affirmé en notant que « des millions de gens venaient déjà écouter les vidéos de ce triste sire » sur le Net.

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, est aussi entrée dans le débat sur BFMTV, jeudi 09 janvier. Elle a évoqué la responsabilité des sites de partage de vidéos (YouTube, Deezer…). Reste que les hébergeurs ne sont pas éditeurs et n’ont, à priori, pas de responsabilité dans le contenu diffusé sur leur plateforme. Quant aux opérateurs ou FAI, ils restent liés à la neutralité du web qui ne leur permet pas de modifier un contenu.

C’est à l’internaute de choisir ce qu’il veut savoir ou pas.

Sur France Inter, Manuel Valls a aussi affirmé que « Là où une parole raciste, antisémite qui se diffuse, la justice doit pouvoir agir. Nous ne pouvons laisser se diffuser cette parole. Il faut en discuter notamment avec les opérateurs. (…), mais sur le plan juridique, les choses ne sont pas simples. » En effet, les choses risquent de ne pas être simples.

En effet, la législation qui touche ces contenus dépend du pays dans lequel se trouvent les serveurs de l’hébergeur. S’ils sont en France, comme ceux de DailyMotion, les choses peuvent être rapides. Par contre, sur les plateformes américaines, elles risquent de poser problème.

Un contenu “potentiellement offensant ou choquant”

Pour tenter de retirer un contenu de YouTube, filiale de Google, il faut une décision de justice, où que des internautes signalent qu’un contenu est offensant. Alors, Youtube indique dans son règlement que « lorsqu’une vidéo est signalée comme pouvant offenser, nous la vérifions pour déterminer si elle est contraire aux conditions d’utilisation. […] Les vidéos signalées ne sont pas automatiquement supprimées par le système. Si nous supprimons votre vidéo après l’avoir vérifiée, nous avons une bonne raison de le faire et notre avertissement est à prendre au sérieux. »

À l’exception du spectacle Le Mur dont les vidéos intégrales ont disparu d’Internet, l’ensemble des vidéos de Dieudonné sont toujours accessibles. Devant la polémique que crée cette affaire, YouTube a choisi de prévenir les internautes qui voudraient visionner l’un des sujets de l’humoriste. « Le contenu suivant a été identifié par la communauté YouTube comme potentiellement offensant ou choquant. Il vous appartient de choisir de le visionner ou pas. »

Sur sa page destinée à la communauté YouTube, le site réaffirme aussi qu’il encourage « la liberté d’expression et défend(ons) le droit de chacun à exprimer des points de vue peu populaires. » Par contre, elle avertit que « les discours incitant à la haine, qui attaquent ou rabaissent un groupe en raison de la race, l’origine ethnique, la religion, le handicap, le sexe, l’âge, le statut de vétéran ou l’identité sexuelle » ne sont pas autorisés. Pour le moment, la plateforme ne désire pas s’exprimer pour clarifier cette position.

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Pascal Samama