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Adopté par l’Asie

Pour les consommateurs et les entreprises asiatiques, Sony demeure la référence. Et cela même quand ses concurrents locaux n’ont rien à lui envier au point de vue high-tech.

Sony. Un nom qui, en Asie même, sonne comme une référence. Depuis les phénoménales créations du Walkman, du CD et de la Playstation, l’entreprise japonaise est révérée comme le haut de gamme dans de nombreux domaines de l’électronique. Si, ces dernières années, le flot des innovations s’est tari, l’image d’entreprise révolutionnaire colle à la peau de Sony, même dans les pays asiatiques où les entreprises locales pourraient le lui disputer en matière d’avancées et de recherches technologiques. Pour obtenir une idée plus précise sur la réalité de cette étiquette, la société américaine de conseil Accenture a lancé une enquête sur la vision entrepreneuriale des différentes entreprises et nations mondiales. Pendant dix-huit mois, 880 membres d’équipes dirigeantes de 22 pays ont répondu aux questions d’Accenture. L’Asie était représentée par le Japon, la Corée du Sud, Taiwan et Singapour.

L’exemple à suivre

Au final, Sony est arrivé en seconde position des sociétés les plus entreprenantes au monde, juste après Microsoft. Certes, 75 % des Japonais interrogés ont voté pour elle.Mais ce fait ne peut être analysé comme une réaction nationaliste : seuls 5 % d’entre eux ont considéré leur pays comme le plus innovant.Si Sony fait donc toujours figure d’exemple à suivre au Japon auprès des entrepreneurs, cette réalité est également présente dans le reste du continent : en Malaisie, en Corée du Sud, à Taiwan ou à Singapour, pléthore d’entreprises souhaitent acquérir sa technologie et son savoir-faire.Ainsi, ces derniers mois, Lin Feng Ching, directeur de l’Institut national pour l’information industrielle taïwanaise, a effectué à un séjour au siège de l’entreprise pour mieux en comprendre l’organisation et promouvoir des accords de coopération avec les compagnies taïwanaises.Ya Hsin Industrial Corp., toujours de Taiwan, a annoncé un accord avec Sony pour la production de DVD ; au Viêtnam, la firme japonaise a envoyé des experts pour installer du matériel audio et vidéo dans le Musée national d’Histoire. Enfin, du côté coréen, Samsung Electronics a signé un contrat pour l’utilisation des barrettes de stockage Memory Stick développées par Sony depuis 1998.Ces exemples concrétisent une politique volontariste tournée vers l’international. Nobuyuki Idei, directeur de Sony depuis 1995, a été choisi pour son sens de l’international et de la communication : son passé dans l’entreprise s’est en effet toujours déroulé autour de ces deux domaines (management de la communication, de la publicité et du marketing , après avoir pris part à l’établissement de la compagnie en Europe durant les années 1960 et 1970). Rien d’étonnant donc à ce que ses connaissances et ses idées en la matière soient mises à profit pour étendre, accentuer son réseau et intensifier la présence du groupe dans sa région d’origine.

Malgré le ressentiment

Cette force de persuasion des dirigeants se concrétise au niveau des consommateurs. Sony profite du sentiment pro-asiatique pour mater allégrement des concurrents européens comme Philips ou Thomson Multimédia. Si cela n’est guère étonnant dans des pays où les technologies de pointe sont largement distancées par celle du groupe japonais, le même phénomène existe également dans les pays plus développés en la matière. Au premier chef, la Corée du Sud où, pourtant, le ressentiment envers l’ancien colonisateur japonais est encore très présent. Le succès y est énorme : les secteurs des télévisions, DVD et caméras digitales sont largement dominés par des produits Sony.Pourtant, la Corée du Sud possède en Samsung Electronics et LG Electronics deux conglomérats dont les efforts financiers en recherche et développement ne tarissent pas depuis de nombreuses années, et ce malgré la crise économique de 1997. Portés à la pointe de la technologie nationale et, dans certains domaines, mondiale (DVD et télévision numérique grand format pour LG, téléphonie et semi-conducteurs pour Samsung), ils ont néanmoins des difficultés à combattre leur voisin, même si les prix de Sony sont sensiblement plus élevés que ceux des entreprises locales.Un résultat qui expose en pleine lumière limage quasi mythique de Sony en Asie.

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Tristan de Bourbon